Acouphènes, les soulager avec la sophrologie. Sophrologie & Acouphènes

Par Patricia Grevin, Alain Giraud

Comment faire face et surmonter la détresse lors de l’apparition de l’acouphène et de l’hyperacousie ?

Patricia Grevin, Sophrologue, master gestion des émotions dispensé par CHRU de Lille et intervenant auprès des Cabinets médicaux à Paris en matière de pathologies ORL de stress et d'anxiété, nous présente la sophrologie comme réponse efficace et l’impact de sa technique sur les symptômes et sur la personnalité du patient acouphénique, anxieux et émotif.



Alain Giraud : Vous venez d’écrire une livre complet sur les acouphènes et la Sophrologie. Pourquoi un tel ouvrage ?

Patricia Grevin :
Ce livre est à la fois mon histoire personnelle, celle d’une détresse profonde d’abord, la rencontre avec d’éminents spécialistes du monde scientifique et du monde médical, le début d’une aventure avec la sophrologie… et aujourd’hui un vrai travail de collaboration avec les médecins qui me confient leurs patients.

L’apparition d’un acouphène invalidant a été une véritable tempête dans ma vie. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée avec un bruit infernal dans l’oreille. J’ai rencontré une sophrologue au moment où j’allais si mal, j’ai suivi des séances individuelles et collectives sur de nombreuses semaines, un investissement énorme en temps… jusqu’à remettre en question mon métier de comptable, et choisir en 2001 une formation en sophrologie.

Quand j’ai ouvert mon cabinet en 2003, j’ai poursuivi sur deux ans une formation en sophro-analyse. Je voulais recevoir les patients avec des outils d’analyse.

La sophrologie répond parfaitement à cet aspect qui prend en compte l’individualité et l’aspect émotionnel et psychologique de chaque patient. Comment va se faire la prise en charge intégrative du patient ?

Je me suis rendue compte que c’est la complémentarité de plusieurs disciplines qui m’a aidée à soulager définitivement la gêne de l’acouphène : le médecin ORL, le médecin comportementaliste, l’audioprothésiste (pour la gêne auditive ou tout simplement pour des bouchons “protecteurs de bruit”), l’ostéopathe (vertèbres cervicales ou articulé dentaire), l’acupuncteur et le sophrologue …

Aujourd’hui, mon travail se fait essentiellement avec plusieurs médecins spécialistes ORL. Je fais partie de l’équipe pluridisciplinaire du Dr Martine Ohresser, et je donne, pour les patients souffrant d’acouphènes ou d’hyperacousie, chaque semaine, un cours collectif.

L’accueil dans le groupe est très important et la régularité des séances va aider considérablement. Dans cette équipe pluridisciplinaire, toutes les professions que je viens de citer sont représentées. Le coordinateur de l’équipe reste le médecin ORL et il y a mise en commun des compétences pour obtenir une prise en charge efficace du patient. De façon incontournable, notre métier de sophrologue est représenté dans chaque équipe.

Vous travaillez au sein de la “commission Acouphènes” de l’Observatoire National de la Sophrologie pour faire une étude sur l’impact de la sophrologie sur un certain nombre de patients et mettre en œuvre des protocoles communs.

Nous (les membres de la commission) faisons avec le patient une anamnèse et nous utilisons les questionnaires validés scientifiquement qui mesurent la sévérité de l’acouphène, la détresse psychologique qu’il entraîne et le handicap qu’il représente dans la vie quotidienne du sujet.

Les réponses nous permettent de mieux connaitre la personnalité du patient acouphénique. Dès à présent, nous pouvons noter que :

- l’apparition de l’acouphène est concomitante, ou suit de quelques mois, un évènement de vie stressant. On retrouve, assez souvent, des évènements comme un deuil, un déménagement, une rupture amoureuse, un départ à la retraite, un changement de travail…

- il y a souvent un terrain psychologique favorable. On retrouve chez les patients acouphéniques un certain nombre de plaintes :(fatigue chronique, irritabilité, troubles de la concentration, parfois de la mémoire, agitation diurne ou nocturne, hyper-vigilance, hyperactivité émotionnelle).

On note également des manifestations cliniques psychologiques associées comme : anxiété généralisée, attaques de panique, phobies sociales, anxiété de performance, troubles de l’estime de soi et des manifestions cliniques somatiques telle que : maux de tête, douleurs de la mâchoire, maux de dos, douleurs musculaires.

Dans mon livre, faisant suite à ma pratique en cabinet depuis 7 ans et en équipe pluridisciplinaire depuis 5 ans, j’ai essayé de décrire la personnalité souvent anxieuse et émotive du patient acouphénique qui pourrait se résumer ainsi : personnalité anxieuse avec dysfonctionnement du système nerveux neuro-végétatif, émotions négatives excessives, réactions de stress et anxiété, renforcement de l’intensité de l’acouphène.


Comment mettez-vous en place l’accompagnement sophrologique ?


A cause de l’acouphène, le sujet devient “hyper vigilant”, en décalage dans sa vie avec les événements de son quotidien, ce qui nuit à la qualité de sa journée et surtout de son sommeil.

La sophrologie va permettre au patient de rééquilibrer le système limbique et nerveux, de rendre, au fur et à mesure de l’entraînement, le signal non perturbant, de refaire le lien corps-esprit et grâce au lâcher-prise, de trouver une nouvelle maîtrise et contrôle de son corps.

Les techniques de détente, de respiration et de visualisation vont permettre :
- d’obtenir une détente musculaire (le patient est souvent hypertendu),
- une détente mentale (le symptôme est obsessionnel),
- un meilleur contrôle des émotions (mettre de côté les idées négatives et obsessionnelles),
- une diminution du stress (activer les activités de plaisir pour relâcher les tensions),
- une dynamisation du positif (retrouver le calme et la confiance).

Les séances, en quelques semaines, vont permettre au patient de mettre à distance les bruits parasites, diminuer leur intensité, détourner l’attention vers d’autres objectifs plus intéressants et être plus serein au quotidien.

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Rédigé le 16/11/2010 à 13:01 modifié le 15/11/2010


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