Addict, accro au sexe, pervers : l'actualité impose l'explication de texte.



Paris, le mardi 17 mai 2011 – L’arrestation et l’incarcération de Dominique Strauss-Kahn a laissé la majorité des Français dans un état de stupéfaction que ne fait que renforcer le déchaînement médiatique de ces derniers jours. Parmi les multiples commentaires et analyses qu’a déjà entraîné l’affaire, nombreux sont ceux qui renvoient à des notions parfois bien mal définies et très différentes.

Ainsi, le directeur du Fonds monétaire international (FMI) est-il tour à tour décrit comme un séducteur ou un « addict au sexe ». Des termes qui renvoient pourtant à des réalités très différentes et qui ne permettent nullement « d’expliquer » l’éventualité d’une agression sexuelle. Aussi, au-delà du cas particulier de l’homme politique, les interventions des psychiatres se multiplient dans les journaux pour tenter de préciser « la chose ».

Séducteur pathologique : des chasseurs

Si la séduction fait partie de la vie de la plupart d’entre nous (qu’elle s’exerce dans les rapports amoureux ou dans la vie sociale en général), la « séduction pathologique » peut être considérée comme une forme clinique particulière de l’addiction sexuelle, comme le précise Laurent Karila psychiatre spécialiste des addictions à l’hôpital Paul Brousse interrogé par le Nouvel Observateur. Les personnes atteintes de « séduction pathologique » « sont des chasseurs ou des chasseuses, ils cherchent des partenaires et ce n’est pas forcément le passage à l’acte qui compte c’est la chasse. Chez les séducteurs pathologiques, autrui devient un objet qui fait office de drogue, que l'on utilise avant de jeter. Ce qui est excitant, c'est de trouver cet objet, qui va soulager les angoisses, la tension dépressive. Ceux sont des personnes en grande souffrance psychologique. Il y a aussi des séducteurs compulsifs avec passage à l'acte sexuel, mais pas de type agression sexuelle. La personne en face est séduite. L'addict fait l'amour avec elle. Et une fois ce rapport terminé, c'est fini », décrit-il.



Une dépendance presque comme les autres

Il semble par ailleurs possible de développer une véritable dépendance à la sexualité (comme à la drogue ou à l’alcool). A l’instar de ce qui prévaut pour la séduction pathologique, les psychiatres insistent sur le fait que : « Pour parler d’addiction, il faut qu’il y ait fréquence et souffrance » nous rappelle le docteur Jean-Claude Matysiak, psychiatre et chef de service de la consultation d’addictologie du centre hospitalier de Villeneuve-Saint-Georges interrogé par Slate.fr. Comme dans un mécanisme de dépendance « classique », la sexualité devient peu à peu le principal objet de préoccupation. La conscience des différents risques existant ne permet pas de renoncer à la recherche constante de sexualité (réelle ou virtuelle). L’analogie avec les autres objets de dépendance se retrouve également lorsque le patient est confronté à ce qu’il convoite le plus ardemment : « Imaginons un scénario. Vous prenez un sex addict, à qui vous présentez une femme jeune jolie au "look" aguicheur. C'est exactement la même chose que si vous présentiez de la cocaïne à un cocaïnomane non traité. Se déclenche dans son cerveau le craving, c'est-à-dire l'envie irrépressible de consommer. Alors, il craque », explique Laurent Karila.

Dépendants et agresseurs : des mécanismes très différents

Cependant, l’agression sexuelle n’est pas un corollaire obligatoire de la dépendance sexuelle. La plupart des psychiatres interrogés sont très clairs sur ce point. « Les agresseurs sexuels ne sont pas des sex addicts. Cela fait partie des perversions sexuelles, c’est une autre maladie (…). En consultation, je n’ai jamais vu d’addicts sexuels qui commettent des viols. Ni dans la littérature psychiatrique. Ou alors c’est une perversion qui s’ajoute à la pathologie du sex addict » analyse Laurent Karila. De son côté, la sexologue Catherine Solano, interrogé par le site suisse 24 heures remarque que les fonctionnements des dépendants sexuels et des agresseurs sont très différents. « Des agresseurs éprouvent peu de désir, voire parfois ressentent une haine pour les femmes. L’agression peut être alors une manière de leur faire du mal en les dominant. Des personnes dépendantes au sexe peuvent se contenter de regarder des films pornos sans approcher la gent féminine » souligne-t-elle.

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Rédigé le 17/05/2011 à 16:36 modifié le 17/05/2011


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