Burn-out: parole aux victimes. Dr ISSARTEL. Revue Santé Intégrative 35

Dans Santé Intégrative n°19, nous avons exposé le burn-out. Aujourd’hui, les patients victimes de burn-out s’expriment. Chaque personne doit sélectionner les trois ou quatre éléments les plus marquants que je cite ou mets en forme. Vous reconnaissez-vous ?



Femme de 42 ans, mariée, deux enfants, qui se retrouve sans nounou. Activité professionnelle très stressante du fait de la crise des marchés financiers donc du mécontentement des clients. Sa société fusionne avec un groupe, donc incertitudes, restructuration… enfin, elle coordonne et surveille un gros chantier en province. Beaucoup de "casquettes", stress multiple et prolongé, très persévérante. Elle témoigne : « une incapacité aveugle à déceler le surmenage dans lequel je m’embourbais et à décrypter une chute dans les escaliers comme un signe d’épuisement physique ; - un sentiment de solitude professionnelle et d’infériorité par rapport aux membres de mon équipe exclusivement masculine ; - un sentiment de culpabilité vis-à-vis de mes enfants avec une impression de ne gérer que les "corvées" (règlement de questions matérielles, devoirs en rentrant le soir, révisions le week-end). »
 
Homme de 49 ans, célibataire, self-made-man passionné, programmeur informatique dans un grand groupe. Ses activités syndicales ne sont guère appréciées par la direction. Il convoque à deux reprises l’inspection du travail au motif que les issues de secours ne sont pas conformes et débouchent sur une porte fermée à clé. Il mentionne : « Je voulais réussir, mener à bien mon projet, sans réaliser que les délais étaient impossibles à tenir. Pendant plus d’un an, je refusais les vacances, je travaillais chaque soir, chaque week-end. Isolement social complet. - Je n’ai pas compris que ma santé s’altérait, et ce malgré les mises en garde de l’infirmière que je croisais dans les couloirs. - Doutant de mes propres capacités, je n’ai pas décelé le caractère pervers de mes managers, je subissais un harcèlement moral sans m’en rendre compte. » C’est le médecin du travail qui a imposé l’arrêt, en le déclarant inapte au poste. Ce patient a eu besoin de plusieurs années pour se reconstruire, après un an d’arrêt de travail.
 
Jeune femme de 37 ans, divorce en cours, 2 enfants très allergiques, souvent malades, manager harcelante, éloignement des parents. Ses éléments principaux :
- Le courage, l’investissement, le perfectionnisme dans son activité professionnelle, l’impression de pouvoir tenir malgré un épuisement physique majeur. « J’avais conscience d’être épuisée physiquement, mais moralement je ne voulais pas lâcher et j’avais l’impression que j’avais encore des ressources, que je pouvais donner plus et surtout que je n’avais pas le droit de ne plus y arriver. ». Incapacité de reconnaître la menace malgré l’épuisement physique, un dos complètement bloqué, un désintérêt de tout, un sommeil non réparateur, les angoisses avant d’aller au travail… « Il y avait pourtant des signes qui auraient dû m’alerter mais que j’ai refusé de voir. » L’entourage qui s’inquiète....
- Incapacité à trouver l’énergie et la motivation pour se lever le matin, l’incapacité a` décrocher des problématiques du travail, une énorme fatigue chronique, perte totale de confiance en moi.
- La nécessité de donner entière satisfaction et de plaire à sa hiérarchie, doublée d’une incapacité à dire NON. « Il y a un moment où je ne cherchais plus à bien faire mon travail, mais où ma seule obsession était de savoir si mon travail allait convenir à ma boss. Quitte à y passer la nuit. » Ce profil en fait une "proie" privilégiée pour les harceleurs.

 



Rédigé le 29/11/2013 à 16:08 modifié le 29/11/2013

Journaliste spécialisée en Médecines Alternatives et Complémentaires En savoir plus sur cet auteur

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