Notre dernier hors-série sur Cancer et médecines complémentaires (2) le notait déjà : les médecines non conventionnelles sont de plus en plus utilisées par les malades. Selon le Dr Jean-Marie Dilhuydy, radiothérapeute à Bordeaux, ” aux États-Unis, cet usage concerne 70 à 80 % de la population “(3).
956 patients atteints de cancer ont été interrogés par questionnaire par le Dr Alexander Molassiotis (lire entretien p. 12) et ses correspondants.
Résultats : 38 % des Italiens, 37 % des Turcs, 36 % des Suisses, 35 % des Israéliens, 34 % des Espagnols, reconnaissent recourir aux médecines complémentaires et alternatives (MCA). Et 10 % des Anglais, 12 % des Grecs, 13 % des Irlandais, 16 % des Serbes, 18 % des Belges, Danois et Suédois, 27 % des Ecossais et 30 % des Tchèques y font appel. Une moyenne de 36 % ! L’absence de références hexagonales tient au fait que l’Association française des infirmières de cancérologie, contactée pour y participer, n’a pas répondu à la demande.
Gui, homéopathie et pratiques spirituelles…
58 thérapies ont été indiquées par les malades. Les plantes arrivent en tête mais varient selon les pays. Il s’agit du gui/Iscador en Suisse, des feuilles d’olivier en Grèce, de l’Aloe vera (usage externe et interne) en Serbie, Espagne et Tchéquie. L’homéopathie vient en seconde position, mais se révèle très présente en Belgique. Les pratiques spirituelles (auxquelles se rattachent les techniques de visualisation et de relaxation) et l’intervention des guérisseurs occupent la troisième place. Au quatrième rang se trouvent diverses substances : vitamines, minéraux, produits animaux (cartilage de requin, huile de poisson) et complexes végétaux (thé vert, Essiac (4), herbes chinoises et de médecine ayurvedique, Echinacea…).
Pour expliquer leur intérêt pour ces thérapies, les patients invoquent : la volonté d’augmenter la capacité de leur corps à lutter contre la maladie, le désir d’améliorer leur mieux-être physique et psychologique, de contrecarrer les effets secondaires du cancer et des traitements conventionnels, l’idée que cela peut aider sans nuire (”might help, can’t hurt”), le besoin de tout tenter enfin, l’espoir de combattre directement par ces moyens la maladie et de voir régresser la tumeur. Seuls 4 % des patients en font un usage exclusif. Les autres les utilisent en complément de leur traitement classique. Mais moins de 1 % le fait sur les conseils de leur médecin. 4,4 % signalent des effets secondaires (minimes et transitoires) avec les MCA.
Quel est le degré de satisfaction des malades et leur sentiment d’efficacité ? Réponse largement positive. Interrogés à l’aide d’échelles étalonnées de 0 à 7 (comme cela se fait désormais dans le domaine de la douleur ou de la fatigue), les malades ont évalué un score moyen de satisfaction de 5,27 et un sentiment d’efficacité de 5,04.
Économiquement parlant, cette approche a un coût : 123 € en moyenne par mois, que les malades règlent la plupart du temps avec leurs deniers.
Source : limpatient.wordpress.com