Centre pour l’Etude de l’Hypnose au CHU. Isabelle STROWEIS

Aujourd'hui à la pointe de la recherche en hypnose, Israël vient d'ouvrir une Centre pour l'Etude de l'Hypnose au sein d'un centre hospitalier et universitaire.



Au nouveau Centre pour l’Etude de l’Hypnose au CHU Hadassah Ein Kerem, des chercheurs tentent d’élucider l’influence de l’état hypnotique sur le cerveau humain.
Dans une de ces études, la Magnéto-encéphalographie (MEG), technique de mesure des champs magnétiques induits par l’activité électrique des neurones du cerveau, a été utilisée pour la première fois en vue de “décrypter le cerveau” sous hypnose.
Sous la direction des docteurs Eitan Abramowitz et Avi Goldstein, ce projet examine l’activité neurologique durant ce qu’il est convenu d’appeler les “expériences extracorporelles”.
“Les sujets choisis sont des étudiants ayant déjà fait preuve d’une grande capacité à être hypnotisés et entrer facilement en transe profonde. Leur activité cérébrale est comparée à celle de sujets de contrôle”, explique le Dr. Abramowitz, en précisant que la durée de l’hypnose est de trente minutes.

La comparaison des données a déjà permis d’identifier la partie du cerveau probablement influencée par l’hypnose – à savoir la région où le lobe temporal se connecte au lobe pariétal dans le cortex cérébral. Le Dr. Abramowitz note qu’il s’agit là “d’une zone sensible soumise à une activité électrique exceptionnelle chez des épileptiques qui développent des expériences pathologiques où ils ont l’impression de quitter leur corps.

”
L’attention des chercheurs se porte également sur les expériences dites de “paralysie simulée” qui touchent certains organes durant la transe hypnotique. Dans le passé, la littérature médicale a qualifié d’"hystériques" ces phénomènes transitoires, sans explication physiologique.
“La paralysie se déclenche lorsque le cerveau est inattentif à une certaine partie du corps, ou lorsqu’il néglige intentionnellement et neutralise un région particulière”, dit le Dr. Abramowitz.

“Une telle connaissance peut nous aider à mieux comprendre le fonctionnement de l’hypnose et lui donner la place qui lui revient dans les sciences et la médecine grâce à l’utilisation d’instruments de recherche scientifiques.”
Dans une étude récente de l’activité cérébrale sous hypnose à l’aide d’un appareil d’IRM fonctionnelle, des chercheurs Allemands de l’Université d’Hambourg ont remarqué une activité accrue dans le précunéus du lobe pariétal situé dans le cortex cérébral.


La Magnéto-encéphalographie, technique non-invasive employée en Israël uniquement à l’Université Bar-Ilan, permet de dresser une cartographie du cerveau, sans radiation, grâce à des senseurs mesurant les champs magnétiques dans le système nerveux du cerveau à des intervalles de temps inférieures à un millier de secondes.
Meir Wolf, doctorant des laboratoires de MEG et EEG à Bar-Ilan, explique que “l’examen des champs magnétiques présente un avantage sur l’usage d’équipements mesurant l’activité électrique. Les champs ne sont pas déformés par la forme du crâne ou autres substances biologiques.

”
La Magnéto-encéphalographie est également utilisée à des fins diagnostiques telles la détection des foyers épileptiques dans le cerveau, avant la chirurgie.

Une autre étude menée au Centre pour l’Etude de l’Hypnose en coopération avec le Dr. Netta Levin, Directrice du Laboratoire de Neurologie, se concentre sur la manière dont les mécanismes physiologiques du cerveau sont affectés par les fluctuations de la mémoire induites par l’hypnose. Dans le cadre de cette recherche conduite à l’aide d’un appareil d’IRM, des sujets sains, pour la plupart docteurs et étudiants, sont examinés. On leur demande de se remémorer l’image effrayante d’une personne liée à un souvenir négatif.
“Chacun d’entre nous a connu dans le passé une expérience négative avec une personne nous ayant fait du mal, ou dégradé. Nous nous concentrons sur son visage afin d’examiner de plus près la zone du cerveau affectée par le souvenir visuel,” explique le Dr. Abramowitz.

A l’étape suivante, les sujets sont scannés par IRM, puis hypnotisés pendant plusieurs minutes durant lesquelles le chercheur “efface” le souvenir du visage terrifiant. Un autre scanner est ensuite effectué pour examiner s’il s’est opéré un quelconque changement dans l’activité cérébrale en réponse à l’hypnose.
Les chercheurs mettent ici l’accent sur le lobe occipital, qui est connecté à la mémoire visuelle.

Les tous premiers résultats mettent en évidence un accroissement du flot sanguin dans cette région lorsque le sujet tente de se remémorer l’image récemment “effacée”.
Les deux études ont été approuvées par le Comité Consultatif National du Ministère de la Santé, garant du respect de la Loi sur l’Hypnose de 1984.

Isabelle Stroweis
Source: Extraits de l'article de Dan Even paru dans le quotidien Haaretz le 27 Août 2012


Rédigé le 03/09/2012 à 19:13 modifié le 03/09/2012


Lu 1938 fois



Dans la même rubrique :