Protection contre l’infection à VIH par la circoncision : rôle de l’écosystème bactérien
2 février 2010
Plusieurs études ont conduit l’OMS et l’Onusida à considérer la circoncision comme un moyen supplémentaire important de réduire le risque de transmission hétérosexuelle de l’infection à VIH chez l’homme. Il est aujourd’hui démontré que la circoncision effectuée à l’âge adulte, diminue fortement chez les hommes le risque de contamination par le VIH. Une étude publiée dans “PLOS One” montre que le rôle protecteur de la circoncision serait dû à une modification de l’écosystème bactérien ou microbiome du pénis par une action sur les bactéries anaérobies pro-inflammatoires.
Résultats du rapport du Conseil national du sida (CNS) sur la circoncision
On retient du rapport du CNS sur la circoncision :
- qu’une étude de courte durée sur la circoncision menée par l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) à Orange Farm en Afrique du Sud, avait montré une diminution de 60 % du risque de transmission du VIH chez les hommes circoncis ayant des rapports hétérosexuels ;
- que deux autres essais réalisés par le National Institutes of Health (NIH), l’un à Kisumu au Kenya, l’autre à Rakai en Ouganda ont enregistré une diminution d’environ 50 % des risques d’infection par le VIH chez les hommes préalablement circoncis au cours de rapports hétérosexuels .
Hypothèses émises pour expliquer l’intérêt de la circoncision
Jusqu’à présent, trois hypothèses avaient été avancées pour expliquer le mécanisme de protection de la circoncision vis à vis du risque de transmission du VIH.
- La circoncision diminuerait la surface de muqueuse en contact avec les sécrétions vaginales lors des rapports hétérosexuels, réduisant ainsi les interactions possibles entre le virus et ses cellules cibles. La surface interne du prépuce comporte en effet de nombreuses cellules immunitaires, les cellules dendritiques, sur lesquelles le VIH a la faculté de se fixer.
- La circoncision conduirait à une kératinisation qui apporterait une protection supplémentaire aux cellules cibles sous-jacentes.
- La circoncision entraînerait des modifications physiologiques par augmentation de l’oxygénation autour du gland, conduisant ainsi à une réduction du nombre de bactéries anaérobies pro-inflammatoires qui pourraient stimuler les cellules cibles immunitaires et augmenter leur vulnérabilité à l’infection par le VIH.
Une étude récente renforce l’hypothèse d’une modification du microbiome pénien
Des chercheurs ont analysé les bactéries contenues dans le microbiome du pénis de douze hommes ougandais séronégatifs pour le VIH, avant et après circoncision. Les bactéries les plus représentées, quel que soit le statut par rapport à la circoncision, sont les familles des Pneudomonas et des Oxalobacter.
- Chez les hommes circoncis, il a été noté une diminution significative des familles de bactéries anaérobies.
- Deux familles en particulier, les Clostridiales et les Prevotella, ne sont abondantes que chez les hommes non circoncis.
Dans ces familles figurent de nombreuses bactéries du genre anaérobie, associées à la vaginose bactérienne : Anaerococcus spp., Finegoldia spp., Peptoniphilus spp. et Prevotella spp. Ces observations rejoignent les études montrant une réduction des vaginoses bactériennes chez les femmes dont le partenaire est circoncis.
- Les corynébactéries, famille de type aérobie/anaérobie facultatif et les Staphylococcaceae de type anaérobie facultatif étaient abondantes uniquement chez les sujets circoncis.
Il semble donc que la circoncision entraîne une diminution des familles de bactéries anaérobies et une augmentation des familles de type anaérobie facultatif.
Conclusion
Les auteurs de cette étude, initiée par le National Institutes of Health, concluent que la modification par la circoncision du micro-environnement anoxique de l’espace sous-prépucien empêche le développement des bactéries pro-inflammatoires responsables de l’activation des cellules de Langerhans qui présentent le VIH aux lymphocytes T CD4+ dans les ganglions lymphatiques. Cette réduction des bactéries anaérobies par la circoncision a un impact sur la protection contre le VIH ou contre d’autres agents infectieux responsables d’infections sexuellement transmissibles.
Sources :
- PLoS ONE
The Effects of Circumcision on the Penis Microbiome
Lance B. Price, Cindy M. Liu, Kristine E. Johnson, Maliha Aziz, Matthew K. Lau, Jolene Bowers, Jacques Ravel, Paul S. Keim, David Serwadda, Maria J. Wawer, Ronald H. Gray
- CNS :
Rapport sur la circoncision : une modalité discutable de réduction des risques de transmission du VIH
2 février 2010
Plusieurs études ont conduit l’OMS et l’Onusida à considérer la circoncision comme un moyen supplémentaire important de réduire le risque de transmission hétérosexuelle de l’infection à VIH chez l’homme. Il est aujourd’hui démontré que la circoncision effectuée à l’âge adulte, diminue fortement chez les hommes le risque de contamination par le VIH. Une étude publiée dans “PLOS One” montre que le rôle protecteur de la circoncision serait dû à une modification de l’écosystème bactérien ou microbiome du pénis par une action sur les bactéries anaérobies pro-inflammatoires.
Résultats du rapport du Conseil national du sida (CNS) sur la circoncision
On retient du rapport du CNS sur la circoncision :
- qu’une étude de courte durée sur la circoncision menée par l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) à Orange Farm en Afrique du Sud, avait montré une diminution de 60 % du risque de transmission du VIH chez les hommes circoncis ayant des rapports hétérosexuels ;
- que deux autres essais réalisés par le National Institutes of Health (NIH), l’un à Kisumu au Kenya, l’autre à Rakai en Ouganda ont enregistré une diminution d’environ 50 % des risques d’infection par le VIH chez les hommes préalablement circoncis au cours de rapports hétérosexuels .
Hypothèses émises pour expliquer l’intérêt de la circoncision
Jusqu’à présent, trois hypothèses avaient été avancées pour expliquer le mécanisme de protection de la circoncision vis à vis du risque de transmission du VIH.
- La circoncision diminuerait la surface de muqueuse en contact avec les sécrétions vaginales lors des rapports hétérosexuels, réduisant ainsi les interactions possibles entre le virus et ses cellules cibles. La surface interne du prépuce comporte en effet de nombreuses cellules immunitaires, les cellules dendritiques, sur lesquelles le VIH a la faculté de se fixer.
- La circoncision conduirait à une kératinisation qui apporterait une protection supplémentaire aux cellules cibles sous-jacentes.
- La circoncision entraînerait des modifications physiologiques par augmentation de l’oxygénation autour du gland, conduisant ainsi à une réduction du nombre de bactéries anaérobies pro-inflammatoires qui pourraient stimuler les cellules cibles immunitaires et augmenter leur vulnérabilité à l’infection par le VIH.
Une étude récente renforce l’hypothèse d’une modification du microbiome pénien
Des chercheurs ont analysé les bactéries contenues dans le microbiome du pénis de douze hommes ougandais séronégatifs pour le VIH, avant et après circoncision. Les bactéries les plus représentées, quel que soit le statut par rapport à la circoncision, sont les familles des Pneudomonas et des Oxalobacter.
- Chez les hommes circoncis, il a été noté une diminution significative des familles de bactéries anaérobies.
- Deux familles en particulier, les Clostridiales et les Prevotella, ne sont abondantes que chez les hommes non circoncis.
Dans ces familles figurent de nombreuses bactéries du genre anaérobie, associées à la vaginose bactérienne : Anaerococcus spp., Finegoldia spp., Peptoniphilus spp. et Prevotella spp. Ces observations rejoignent les études montrant une réduction des vaginoses bactériennes chez les femmes dont le partenaire est circoncis.
- Les corynébactéries, famille de type aérobie/anaérobie facultatif et les Staphylococcaceae de type anaérobie facultatif étaient abondantes uniquement chez les sujets circoncis.
Il semble donc que la circoncision entraîne une diminution des familles de bactéries anaérobies et une augmentation des familles de type anaérobie facultatif.
Conclusion
Les auteurs de cette étude, initiée par le National Institutes of Health, concluent que la modification par la circoncision du micro-environnement anoxique de l’espace sous-prépucien empêche le développement des bactéries pro-inflammatoires responsables de l’activation des cellules de Langerhans qui présentent le VIH aux lymphocytes T CD4+ dans les ganglions lymphatiques. Cette réduction des bactéries anaérobies par la circoncision a un impact sur la protection contre le VIH ou contre d’autres agents infectieux responsables d’infections sexuellement transmissibles.
Sources :
- PLoS ONE
The Effects of Circumcision on the Penis Microbiome
Lance B. Price, Cindy M. Liu, Kristine E. Johnson, Maliha Aziz, Matthew K. Lau, Jolene Bowers, Jacques Ravel, Paul S. Keim, David Serwadda, Maria J. Wawer, Ronald H. Gray
- CNS :
Rapport sur la circoncision : une modalité discutable de réduction des risques de transmission du VIH