Les médecines douces, avec à leur tête l’utilisation du millepertuis et du lithium, quelques recommandations alimentaires et des compléments nutritionnels dont les oméga 3, sont efficaces dans les dépressions légères voire moyennes. Trop de patients se voient d’emblée proposer des antidépresseurs alors que ces moyens naturels et fort simples suffisent la plupart du temps.
En augmentation dans tous les pays du monde, la dépression sous-tend, en France, près du quart des consultations de médecine générale. Elle concerne 10 % de la population, dont deux femmes pour un homme, elle survient vers 50 ans chez les hommes, un peu plus tôt chez les femmes, s’installe volontiers après le décès d’un parent, atteint les divorcé(e)s plus que les personnes mariées, les veufs plus que les veuves.
Sept fois sur dix, la dépression est traitée par des antidépresseurs ; on en guérit deux fois sur trois, avec parfois des rechutes. Il semble que la maladie, car il s’agit bien d’une maladie, corresponde à des taux anormaux de noradrénaline, dopamine, sérotonine, trois substances appelées neurotransmetteurs qui assurent la communication entre neurones. L’efficacité de la dernière génération d’antidépresseurs, les inhibiteurs de la recapture de sérotonine (IRS), tient à ce qu’ils interviennent précisément au niveau de ces neurotransmetteurs. S’ils représentent une solution de facilité, les traitements médicamenteux ne sont pas sans effets secondaires qui devraient inciter à davantage de prudence dans leur usage et inviter à un recours plus large aux médecines alternatives et complémentaires, sans oublier le soutien psychologique et les indispensables mesures hygiéno-diététiques.
Millepertuis et lithium
Notre expérience nous conduit d’abord à proposer du millepertuis, qui constitue la base de la prise en charge. Cette plante aurait une efficacité équivalente aux IRS, sans leurs inconvénients. Antidépresseur végétal de référence, le millepertuis est également utile contre les baisses de tonus, les conséquences du stress, les troubles de l’adaptation, les problèmes de sommeil…
Nous le prescrivons sous différentes formes :
•Teinture-mère : 50 gouttes dans un peu d’eau, matin, midi et soir.
•Sèche : gélules contenant chacune 250 mg d’extrait, une posologie moyenne d’une gélule trois à quatre fois par jour.
•Plusieurs spécialités peuvent être utilisées : Procalmil®, Millepertuis Solgar®, Elusanes millepertuis®… (posologie moyenne : 2 gélules par jour).
En second lieu, nous faisons appel au lithium, oligoélément essentiel de l’humeur, de l’anxiété, des troubles du sommeil, de l’hyperexcitabilité neuromusculaire (en association dans ce cas avec le magnésium), de l’hyperémotivité… Il existe sous de nombreuses formes : Granions® (ampoules buvables), Oligo-essentiels® (gouttes buvables), Oligosol® (ampoules perlinguales), Oligostim® (comprimés à sucer)…, la posologie moyenne est d’une dose deux à trois fois par jour, pendant quelques semaines. Cet oligoélément peut aussi être apporté par une alimentation variée et de qualité. On le trouve en petites quantités dans les céréales, la laitue, les légumes verts, l’œuf, le poisson, la pomme de terre, la viande, les eaux de boisson, le sel de table…
Vitamines et homéopathie
Plusieurs vitamines, principalement du groupe B (B3, B6, B9, B12), en participant à la synthèse des neurotransmetteurs, se révèlent utiles, d’autant qu’elles jouent également sur l’anxiété, l’irritabilité, les troubles du sommeil.
En homéopathie, Sepia (encre de seiche) est intéressant particulièrement chez les femmes qui présentent des traits de caractère spécifiques : pessimisme, apathie, indifférence à tout et à tous, solitaire, sans envies, qui voient tout en noir et chez lesquelles les symptômes sont aggravés par le froid, les vêtements serrés, l’air confiné, et au contraire améliorés par la chaleur du lit et le grand air.
- Posologie : 4 granules en 9 CH, à sucer comme des bonbons, en dehors des repas, deux fois par jour.
Huiles essentielles et acupuncture
Nous utilisons parfois les huiles essentielles (HE) de basilic et de romarin pour leurs propriétés dynamisantes.
- Posologie : deux gouttes de l’une de ces deux essences dans un peu de miel, deux fois par jour ; autre mode d’utilisation : ajouter deux gouttes d’HE de romarin dans 50 gouttes de teinture-mère de millepertuis, prendre ce mélange dans un peu d’eau matin et midi pendant quelques semaines.
Une autre médecine complémentaire a indiscutablement fait ses preuves, l’acupuncture. Son action rééquilibrante est souvent indispensable en début de traitement, au moment où la dépression s’installe, mais elle peut également aider au sevrage d’un traitement antidépresseur.
- Protocole : des séances hebdomadaires ou bi-hebdomadaires combattent avec efficacité les troubles de l’humeur et la fatigabilité, ont une action tranquillisante, permettent de retrouver le sommeil ; un point situé à la partie interne du pli du coude au nom évocateur de « joie de vivre » ne demande d’ailleurs qu’à être piqué (ou massé) très régulièrement.
Conseils alimentaires
Pour certains auteurs, la progression des dépressions serait liée à la modification des habitudes alimentaires avec une trop grande consommation de graisses et en particulier d’acides gras oméga 6, facteurs d’inflammation, observée dans de nombreuses maladies, qui affecte aussi le fonctionnement cérébral en jouant sur la sécrétion des neurotransmetteurs. Par contre l’apport d’oméga 3 est intéressant. Spécialement le DHA, acide gras indispensable au fonctionnement normal du cerveau. Il permet la fluidité, la construction, le maintien des cellules cérébrales, ce qui améliore la transmission nerveuse et réduit certains effets néfastes du vieillissement du cerveau. Il augmente également la concentration d’acétylcholine, ce qui améliore l’attention et la mémoire, et optimise le fonctionnement global du système nerveux. L’adulte est certes capable de transformer l’acide linoléique contenu dans les légumes à feuilles, les graines et l’huile de lin, l’huile de colza, les noix, les algues marines… en DHA, mais il n’est pas très doué pour le faire : il faut par conséquent le lui fournir déjà prêt à l’emploi… au moyen du poisson et des fruits de mer (lire encadré).
Il est théoriquement fort possible d’agir sur les neurotransmetteurs impliqués dans la dépression, en consommant les aliments suivants : ananas, aubergine, avocat, banane (surtout la variété plantain), brocoli, chou-fleur, kiwi, noix et graines, pamplemousse, tomate… très riches en sérotonine ; ananas, banane, brocoli, carotte, chou-fleur, dinde, figue, lait, noix, œuf contiennent eux du tryptophane, le précurseur de la sérotonine ; on peut également se tourner vers les aliments riches en tyrosine qui intervient dans la chaîne des acides aminés impliqués dans l’humeur : amande, asperge, avocat, carotte, épinard, fromage, pomme, salade verte (laitue, romaine), soja, viande.
Quant aux vitamines du groupe B elles se trouvent aussi dans les aliments. La B3 dans l’avocat, les céréales complètes, les figues, le foie de veau, la levure de bière, les pois, le riz brun, les graines de sésame et de tournesol, le son. La B6 dans l’avocat, la banane, les épinards, les haricots, les lentilles, la levure de bière, les noix, les pommes de terre, les pruneaux, le riz brun. La B9 dans les asperges, le brocoli, les épinards, le foie, les germes de blé, les haricots verts, le jaune d’œuf, les lentilles, l’oseille, les salades vertes. La B12, exclusivement, dans les produits d’origine animale : abats, surtout foie, crustacés, huître, poisson, produits laitiers, jaune d’œuf. Et globalement, l’ensemble des vitamines du groupe B a pour sources préférentielles : peau des céréales (germes de blé, flocons d’avoine), légumineuses (haricot, lentille, petit pois…), levures de bière et de boulanger, pain complet, poisson, viande (surtout volailles)…•
Source : limpatient.wordpress.com