Éducation Thérapeutique et diabète

Pr Corinne ISNARD BAGNIS

Rédiger une "belle" ordonnance est insuffisant, la moitié des patients interrompent leur traitement en 12 mois. Innover en éducation thérapeutique est indispensable.



Le diabète est une pathologie extrêmement fréquente dans notre pays puisqu’il touche 3,8 % de la population générale. Il s’agit d’une pathologie dont les facteurs de risque majeurs sont la sédentarité et le surpoids. Le vieillissement de la population et l’augmentation importante de la prévalence de l’obésité nous prédisent une augmentation très probable de la population des diabétiques dans les décades à venir. C’est une pathologie qui peut se compliquer de façon multiple et grave et dont le traitement est complexe associant différents types de médicaments et l’insulinothérapie et impliquant des modifications importantes du style de vie.
 
L’éducation thérapeutique va donc avoir un impact majeur sur la prise en charge du diabète. Ses objectifs vont être :
-améliorer la connaissance de la maladie et la mise en place du traitement,
-permettre une bonne gestion des traitements,
-favoriser une alimentation adaptée,
-diminuer les complications,
-modifier les pratiques quotidiennes sociales,
-améliorer le sentiment d’auto efficacité des patients, de rétablir l’estime de soi et d’augmenter la qualité de vie.
 
Étude ENTRED : plus d’informations, plus de coordination, plus d’activités de groupe

L’étude ENTRED "Echantillon National Témoin Représentatif des personnes Diabétiques" (2007-2010) avait pour objectif général de répondre aux besoins d’information en santé publique sur le diabète. Elle a montré que les personnes diabétiques ont encore besoin d’informations même si elles connaissent leur maladie, en particulier sur l’alimentation, les complications liées à la maladie, l’activité physique. 83% des diabétiques interrogés ont indiqué que leur médecin est la principale ressource d’informations.

Les 3/4 des diabétiques de type 1 et la moitié des diabétiques de type 2 ont recherché des informations sur leur maladie surtout en s’appuyant sur des documents écrits. Un tiers seulement des diabétiques de type 1 et 17% des diabétiques de type 2 déclarent avoir bénéficié d’activités éducatives centrées sur des entretiens individuels approfondis avec le médecin ou un(e) infirmier(e) portant sur la gestion du diabète et du traitement quotidien. Rares sont les personnes déclarant avoir participé à des activités pédagogiques de groupe. Si la majorité des patients se sentent capables de gérer la prise des traitements et de réaliser la surveillance du diabète, d’adapter leur diététique et leur activité physique, un quart seulement des diabétiques déclarent avoir réalisé des changement dans leur quotidien (portant sur l’alimentation, l’activité physique, le tabac).
 
La moitié des personnes diabétiques vivent la relation avec le médecin traitant comme "prescriptive" alors que les médecins ont l’impression de partager les décisions… Les médecins généralistes se sentent surtout responsables de la coordination du traitement et des activités pédagogiques et les médecins spécialistes (surtout issus des centres hospitaliers ou des réseaux) comme initiateurs et responsables de la mise en œuvre de l’Éducation Thérapeutique à destination des patients. Cette étude montre en outre le besoin de formation des soignants et souligne le facteur temps comme un frein majeur à la mise en place d’activités pédagogiques et d’accompagnement.



Rédigé le 02/01/2014 à 12:07 modifié le 02/01/2014

Journaliste spécialisée en Médecines Alternatives et Complémentaires En savoir plus sur cet auteur

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