Euthanasie : Acquittement, mais ! Dr Philippe TOURNESAC

Des milliers d’euthanasies illégales, des lois contradictoires ou mal comprises entraînent des situations inextricables.



Le docteur Nicolas Bonnemaison a été accusé d’empoisonnement (pour ne pas dire euthanasie) entre 2010 et 2011, suite à une plainte du personnel infirmier. La plainte portait sur sept patients. Aucune des familles des patients auxquels il a administré une injection pour soulager leur fin de vie n’a porté plainte.

En avril 2014, l’Ordre des médecins l’a déjà condamné en le radiant et donc en l’empêchant d’exercer sa profession ; le docteur Bonnemaison a fait appel de cette décision. Avant son acquittement par la Cour d’Assises, il risquait la prison à vie. Le jugement est remis en question car le Parquet de Pau a fait appel le 2 juillet 2014. L’affaire n’est donc pas finie.

On évoque le chiffre de 3000 euthanasies illégales en France par an. Même si la loi Leonetti a officiellement défini un cadre pour l’accompagnement des personnes en fin de vie, la pratique médicale est loin d’une application complète de ce texte. J’entends encore souvent des personnes parler de la souffrance non prise en charge de membres de leurs familles récemment décédés.

Beaucoup de personnes ne comprennent pas ce manque d’énergie consacré à soulager la souffrance. En acquittant le docteur Bonnemaison, la justice entérinet-elle des pratiques existantes mais secrètes car considérées comme illégales ? Ou bien fait-elle appliquer la loi ?

Dans un article paru dans le Figaro du 21 février 2007 et signé par des personnalités connues, Louis Puybasset, Claude Evin, Régis Aubry, Marie de Hennezel et Jean Leonetti, on pouvait lire « La loi française impartit aux médecins de respecter les choix de la personne malade et de l'informer des conséquences de ses décisions. Elle interdit toute forme d'acharnement thérapeutique et impose une prise en charge de la souffrance tant psychique que physique par l'administration de soins et de traitements appropriés, même au prix d'un raccourcissement de la durée de la vie » et de façon à mon sens contradictoire « une légalisation de l’euthanasie serait inutile et dangereuse ».

Pour résumer, raccourcir de la durée de vie fait l’objet d’une loi qui est favorable à cette pratique, mais le code de santé publique « interdit au médecin de provoquer délibérément la mort » et par extension de pratiquer l’euthanasie.



Rédigé le 25/08/2014 à 15:59 modifié le 27/09/2023

Journaliste spécialisée en Médecines Alternatives et Complémentaires En savoir plus sur cet auteur

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