Explorer les interactions entre personnages dans un contexte (famille, travail ou autre) : c’est tout l’intérêt du travail illustré ici à travers quatre situations cliniques, où il est question de faire émerger une nouvelle vision de la relation.
L’une des pierres angulaires de la TLMR, Thérapie du lien et des mondes relationnels, s’appuie sur les problématiques du patient dans son système relationnel. L’objet de la thérapie est de faire émerger le tiers inclus implicite comme nouvelle réalité, de sorte qu’il devienne explicite et perde son pouvoir dysfonctionnel sur la vie de la personne. La TLMR, développée par Eric Bardot (1), propose divers outils pour explorer les interactions et ainsi lever les vécus dissociatifs. Les situations cliniques telles que celles relatées ci-dessous peuvent bénéficier d’une mise en scène inspirée de l’externalisation du contexte relationnel, pour rendre explicites les interactions entre un patient et une autre personne, entre deux personnes jouant un rôle dans sa vie, voire entre deux éléments émergeant du questionnement. Nous y verrons comment le fait de rendre explicites les liens (l’émergence du tiers inclus) peut amener un effet de bascule dans la thérapie.
CATHERINE ET SA FILLE CÉLINE : UN TROUBLE VENU DE LOIN PAR EFFET TRANSGÉNÉRATIONNEL
Catherine, 49 ans, me conduit sa fille Céline, 17 ans, en raison d’un fléchissement scolaire préoccupant à quelques mois du bac et en raison de relations tendues entre elles. Céline n’est visiblement pas disposée à s’engager dans un travail, elle se montre même agacée d’avoir sacrifié tout un après-midi pour ce rendez-vous. Je propose donc à Catherine de mettre son déplacement à profit pour un travail susceptible d’améliorer ses relations avec sa fille, qui pourrait en retour être bénéfique pour l’une comme pour l’autre. Elle accepte cet objectif. Notre premier travail a porté sur le sentiment de culpabilité de Catherine envers sa fille, par rapport à de fortes angoisses durant sa grossesse, autour d’une amniocentèse prescrite pour recherche d’anomalie chromosomique. Trois semaines plus tard Catherine m’apprend que les relations avec sa fille sont plus souples et qu’elle ne ressent plus cette culpabilité- là. Elle me relate un autre événement qui la trouble aujourd’hui encore. Le médecin qui lui a annoncé les résultats rassurants de l’amniocentèse a précisé qu’elle était enceinte d’une fille. Catherine en avait ressenti un pincement de déception, et si elle avait fait part à Céline de ses angoisses concernant le caryotype, elle avait gardé pour elle cette contrariété passagère, dont elle a honte encore aujourd’hui. L’évocation de ce moment l’a connectée à une histoire familiale : lorsque sa mère a accouché d’elle, son père aurait clamé haut et fort dans la maternité sa colère et sa déception d’avoir encore une fille.
Le lien que Catherine perçoit entre la réaction de son père à sa naissance et sa réaction en apprenant le sexe de son propre bébé évoque une composante transgénérationnelle dans son mal-être par rapport à sa fille. Alors que Catherine relate la réaction de son père, c’est sa mère qui lui en avait fait part et il me paraît utile d’éclaircir les interactions entre elles deux dans le contexte de sa naissance. Je lui propose une mise en scène des éléments qu’elle m’apporte...
- Thérapeute : « Telle que vous êtes assise sur cette chaise... Tels que nous sommes dans cette pièce... je vais vous demander quelque chose d’inhabituel. Voilà, je vais vous demander d’imaginer Catherine ici. Et là sa maman. Mes gestes matérialisent Catherine, à côté de moi, et sa mère un peu plus loin, à la distance de mon bras étendu. Et je vais demander à vos yeux de suivre le mouvement de mes doigts qui vont de l’une à l’autre. Comme ceci. MO (mouvements oculaires)... Et maintenant je mets ma main là devant vous, imaginez que c’est un écran. Ma main se positionne paume vers la patiente, à mi-distance entre les deux personnages matérialisés. Et si ce qui se passe entre elles doit prendre une forme, qu’est-ce qui vient sur cet écran, là maintenant ?
- Catherine : Moi de face, maman de profil.
- Th. : Très bien. MO... Maintenant, qu’est-ce qui est différent ?
- C. : La même chose, en relief, plus grand, l’image est beaucoup plus grande. MO... Pareil, toujours plus grande, moi de face, elle de profil. Je ne sais pas si elle a envie de se rapprocher pour me faire un baiser et c’est moi qui l’en empêche, mais l’image est la même que tout à l’heure. MO... J’ai le sentiment qu’il y a un mouvement. Moi je suis bébé, je ne fais rien. Nous découvrons que la patiente a contextualisé la scène dans sa première enfance.
- Th. : Ah, et il a quel âge, ce bébé ?
- C. : Oh, il est tout petit, 3-4 mois. MO... Là, le bébé la regarde, elle lui sourit. MO... Le bébé était allongé tout à l’heure, elle je ne sais pas comment elle était mais maintenant elle est allongée sur le côté, elle regarde le bébé. C’est détendu. MO... Il lui sourit, le bébé. Elle aussi elle lui sourit. MO... Elle lui pose gentiment la main sur le ventre et la poitrine. Il y a de la tendresse. MO... Là l’image est pareille, mais elle dit au bébé “je suis soulagée, je t’ai dit ce que j’avais à te dire”. Je ne sais pas si c’est en lien avec tout à l’heure, mais... MO... Il y a beaucoup d’amour entre les deux. C’est comme si c’était fluide, comme si quelque chose qui empêchait s’était libéré. Mouvements souples de sa main.
- Th. : Vous voulez dire que c’est comme si le bébé empêchait sa maman de s’approcher, et maintenant ?...
- C. : Oui. Elles se sourient toutes les deux, elle ne le prend pas encore dans les bras, mais elles sont bien toutes les deux. MO... Elle le prend dans les bras. Il se love. Il aurait pu partir en arrière, c’est quelque chose qui m’a traversée, mais non, non… Il se blottit contre sa maman. Il se sent protégé.
- Th. : C’est très, très bien... »
Ma main se sent aspirée lentement dans sa direction et le bout de mes doigts finit par effleurer le sternum comme pour y déposer cette image, pour que son corps puisse l’absorber. Ce qu’en TLMR on nomme une internalisation de la ressource. L’effet sur Catherine est intense, ses yeux se ferment et je lui laisse tout le temps nécessaire pour vivre cette expérience importante. Quand elle ouvre les yeux, elle commente...
- C. : C’est comme si j’étais dans un autre monde. C’est comme si les couleurs avaient changé. Et je me sens... – pourtant je n’étais pas vide – je me sens... comme habitée.
- Th. : Merveilleux... Je me demande laquelle de vos deux mains va pouvoir prendre soin de cette expérience ? Sa main gauche vient se poser spontanément sur son coeur. Très, très bien, portez votre attention sur le contact de cette main. MO... Observez maintenant toutes les personnes qui viennent se mettre en lien avec cette expérience (les “tiers communautaires”). - C. : Il y a mes parents, mes proches... Là, je profite des moments où j’étais petite, où je n’avais pas d’enfants... Ils sont heureux, ils ont tous le sourire. Comme si eux étaient libérés, ou soulagés. Et ce qui me vient c’est : “Ah, ouais, finalement j’ai ma place !”.
- Th. : Et vous avez votre place !
- C. : Ah oui, sûr ! Elle y était, mais je ne la trouvais pas. Là elle y est et j’y suis. » La mise en forme des relations entre Catherine et sa mère a permis de dissiper le trouble, persistant chez elle, de sa légitimité à être et à vivre. De lever les effets de la déception de son père, qui planait en filigrane sur la vie de Catherine et sur la légitimité de sa place de fille, dans sa famille et auprès de sa mère. Et par effet transgénérationnel sur ses relations avec sa dernière fille. Nous laissons du temps et du silence autour de cette expérience fondatrice, pour qu’elle soit pleinement intégrée. Cette première étape a permis un ajustement de Catherine par rapport à sa propre histoire, il s’agit maintenant d’explorer les interactions entre elle et sa fille qui peuvent se mettre en place à la lumière de cette donnée nouvelle. Nous avons d’une part Catherine dans sa nouvelle expérience et Céline d’autre part.
- Th. : « Très, très bien. Je voudrais vous proposer autre chose de bizarre. Maintenant je voudrais que vienne ici Catherine. Catherine qui vient de trouver sa place. Et là Céline. Et vos yeux suivent mes doigts. MO... puis ma main se positionne de nouveau en écran.
- C. : Alors, Céline me regarde. C’est sûr... Je ne la regarde pas, je n’arrive pas à la regarder, elle me regarde, tranquille. Elle est prête à entendre ce que je vais lui dire. Je ne suis pas tranquille, je ne la regarde pas.
- Th. : Observez le regard de Céline, qu’est-ce qu’il est en train de vous dire, ce regard ? Catherine n’a pas encore attribué une intention à ce regard.
- C. : Il est fixe, il n’est pas froid, il est prêt à entendre... En fait son regard est en train de m’aider à lui parler. Je lui dis... je ne sais pas comment je le lui dis, mais je sais que je lui ai dit. Elle a les yeux qui se remplissent de larmes. Et moi aussi d’ailleurs. En fait, la suite c’est que j’ai peur des conséquences... Comme pour le regard, le sens de ces larmes est encore indécidable, il est utile de l’aider à le clarifier...
- Th. : Je voudrais que vous demandiez à Céline si ses larmes sont en rapport avec quelque chose de douloureux ou avec quelque chose qui trouve sa résolution. MO...
- C. : Elle me dit : “je comprends pourquoi je pensais que tu m’aimais moins que….
Pour lire la suite et vous abonner à la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°69
L’une des pierres angulaires de la TLMR, Thérapie du lien et des mondes relationnels, s’appuie sur les problématiques du patient dans son système relationnel. L’objet de la thérapie est de faire émerger le tiers inclus implicite comme nouvelle réalité, de sorte qu’il devienne explicite et perde son pouvoir dysfonctionnel sur la vie de la personne. La TLMR, développée par Eric Bardot (1), propose divers outils pour explorer les interactions et ainsi lever les vécus dissociatifs. Les situations cliniques telles que celles relatées ci-dessous peuvent bénéficier d’une mise en scène inspirée de l’externalisation du contexte relationnel, pour rendre explicites les interactions entre un patient et une autre personne, entre deux personnes jouant un rôle dans sa vie, voire entre deux éléments émergeant du questionnement. Nous y verrons comment le fait de rendre explicites les liens (l’émergence du tiers inclus) peut amener un effet de bascule dans la thérapie.
CATHERINE ET SA FILLE CÉLINE : UN TROUBLE VENU DE LOIN PAR EFFET TRANSGÉNÉRATIONNEL
Catherine, 49 ans, me conduit sa fille Céline, 17 ans, en raison d’un fléchissement scolaire préoccupant à quelques mois du bac et en raison de relations tendues entre elles. Céline n’est visiblement pas disposée à s’engager dans un travail, elle se montre même agacée d’avoir sacrifié tout un après-midi pour ce rendez-vous. Je propose donc à Catherine de mettre son déplacement à profit pour un travail susceptible d’améliorer ses relations avec sa fille, qui pourrait en retour être bénéfique pour l’une comme pour l’autre. Elle accepte cet objectif. Notre premier travail a porté sur le sentiment de culpabilité de Catherine envers sa fille, par rapport à de fortes angoisses durant sa grossesse, autour d’une amniocentèse prescrite pour recherche d’anomalie chromosomique. Trois semaines plus tard Catherine m’apprend que les relations avec sa fille sont plus souples et qu’elle ne ressent plus cette culpabilité- là. Elle me relate un autre événement qui la trouble aujourd’hui encore. Le médecin qui lui a annoncé les résultats rassurants de l’amniocentèse a précisé qu’elle était enceinte d’une fille. Catherine en avait ressenti un pincement de déception, et si elle avait fait part à Céline de ses angoisses concernant le caryotype, elle avait gardé pour elle cette contrariété passagère, dont elle a honte encore aujourd’hui. L’évocation de ce moment l’a connectée à une histoire familiale : lorsque sa mère a accouché d’elle, son père aurait clamé haut et fort dans la maternité sa colère et sa déception d’avoir encore une fille.
Le lien que Catherine perçoit entre la réaction de son père à sa naissance et sa réaction en apprenant le sexe de son propre bébé évoque une composante transgénérationnelle dans son mal-être par rapport à sa fille. Alors que Catherine relate la réaction de son père, c’est sa mère qui lui en avait fait part et il me paraît utile d’éclaircir les interactions entre elles deux dans le contexte de sa naissance. Je lui propose une mise en scène des éléments qu’elle m’apporte...
- Thérapeute : « Telle que vous êtes assise sur cette chaise... Tels que nous sommes dans cette pièce... je vais vous demander quelque chose d’inhabituel. Voilà, je vais vous demander d’imaginer Catherine ici. Et là sa maman. Mes gestes matérialisent Catherine, à côté de moi, et sa mère un peu plus loin, à la distance de mon bras étendu. Et je vais demander à vos yeux de suivre le mouvement de mes doigts qui vont de l’une à l’autre. Comme ceci. MO (mouvements oculaires)... Et maintenant je mets ma main là devant vous, imaginez que c’est un écran. Ma main se positionne paume vers la patiente, à mi-distance entre les deux personnages matérialisés. Et si ce qui se passe entre elles doit prendre une forme, qu’est-ce qui vient sur cet écran, là maintenant ?
- Catherine : Moi de face, maman de profil.
- Th. : Très bien. MO... Maintenant, qu’est-ce qui est différent ?
- C. : La même chose, en relief, plus grand, l’image est beaucoup plus grande. MO... Pareil, toujours plus grande, moi de face, elle de profil. Je ne sais pas si elle a envie de se rapprocher pour me faire un baiser et c’est moi qui l’en empêche, mais l’image est la même que tout à l’heure. MO... J’ai le sentiment qu’il y a un mouvement. Moi je suis bébé, je ne fais rien. Nous découvrons que la patiente a contextualisé la scène dans sa première enfance.
- Th. : Ah, et il a quel âge, ce bébé ?
- C. : Oh, il est tout petit, 3-4 mois. MO... Là, le bébé la regarde, elle lui sourit. MO... Le bébé était allongé tout à l’heure, elle je ne sais pas comment elle était mais maintenant elle est allongée sur le côté, elle regarde le bébé. C’est détendu. MO... Il lui sourit, le bébé. Elle aussi elle lui sourit. MO... Elle lui pose gentiment la main sur le ventre et la poitrine. Il y a de la tendresse. MO... Là l’image est pareille, mais elle dit au bébé “je suis soulagée, je t’ai dit ce que j’avais à te dire”. Je ne sais pas si c’est en lien avec tout à l’heure, mais... MO... Il y a beaucoup d’amour entre les deux. C’est comme si c’était fluide, comme si quelque chose qui empêchait s’était libéré. Mouvements souples de sa main.
- Th. : Vous voulez dire que c’est comme si le bébé empêchait sa maman de s’approcher, et maintenant ?...
- C. : Oui. Elles se sourient toutes les deux, elle ne le prend pas encore dans les bras, mais elles sont bien toutes les deux. MO... Elle le prend dans les bras. Il se love. Il aurait pu partir en arrière, c’est quelque chose qui m’a traversée, mais non, non… Il se blottit contre sa maman. Il se sent protégé.
- Th. : C’est très, très bien... »
Ma main se sent aspirée lentement dans sa direction et le bout de mes doigts finit par effleurer le sternum comme pour y déposer cette image, pour que son corps puisse l’absorber. Ce qu’en TLMR on nomme une internalisation de la ressource. L’effet sur Catherine est intense, ses yeux se ferment et je lui laisse tout le temps nécessaire pour vivre cette expérience importante. Quand elle ouvre les yeux, elle commente...
- C. : C’est comme si j’étais dans un autre monde. C’est comme si les couleurs avaient changé. Et je me sens... – pourtant je n’étais pas vide – je me sens... comme habitée.
- Th. : Merveilleux... Je me demande laquelle de vos deux mains va pouvoir prendre soin de cette expérience ? Sa main gauche vient se poser spontanément sur son coeur. Très, très bien, portez votre attention sur le contact de cette main. MO... Observez maintenant toutes les personnes qui viennent se mettre en lien avec cette expérience (les “tiers communautaires”). - C. : Il y a mes parents, mes proches... Là, je profite des moments où j’étais petite, où je n’avais pas d’enfants... Ils sont heureux, ils ont tous le sourire. Comme si eux étaient libérés, ou soulagés. Et ce qui me vient c’est : “Ah, ouais, finalement j’ai ma place !”.
- Th. : Et vous avez votre place !
- C. : Ah oui, sûr ! Elle y était, mais je ne la trouvais pas. Là elle y est et j’y suis. » La mise en forme des relations entre Catherine et sa mère a permis de dissiper le trouble, persistant chez elle, de sa légitimité à être et à vivre. De lever les effets de la déception de son père, qui planait en filigrane sur la vie de Catherine et sur la légitimité de sa place de fille, dans sa famille et auprès de sa mère. Et par effet transgénérationnel sur ses relations avec sa dernière fille. Nous laissons du temps et du silence autour de cette expérience fondatrice, pour qu’elle soit pleinement intégrée. Cette première étape a permis un ajustement de Catherine par rapport à sa propre histoire, il s’agit maintenant d’explorer les interactions entre elle et sa fille qui peuvent se mettre en place à la lumière de cette donnée nouvelle. Nous avons d’une part Catherine dans sa nouvelle expérience et Céline d’autre part.
- Th. : « Très, très bien. Je voudrais vous proposer autre chose de bizarre. Maintenant je voudrais que vienne ici Catherine. Catherine qui vient de trouver sa place. Et là Céline. Et vos yeux suivent mes doigts. MO... puis ma main se positionne de nouveau en écran.
- C. : Alors, Céline me regarde. C’est sûr... Je ne la regarde pas, je n’arrive pas à la regarder, elle me regarde, tranquille. Elle est prête à entendre ce que je vais lui dire. Je ne suis pas tranquille, je ne la regarde pas.
- Th. : Observez le regard de Céline, qu’est-ce qu’il est en train de vous dire, ce regard ? Catherine n’a pas encore attribué une intention à ce regard.
- C. : Il est fixe, il n’est pas froid, il est prêt à entendre... En fait son regard est en train de m’aider à lui parler. Je lui dis... je ne sais pas comment je le lui dis, mais je sais que je lui ai dit. Elle a les yeux qui se remplissent de larmes. Et moi aussi d’ailleurs. En fait, la suite c’est que j’ai peur des conséquences... Comme pour le regard, le sens de ces larmes est encore indécidable, il est utile de l’aider à le clarifier...
- Th. : Je voudrais que vous demandiez à Céline si ses larmes sont en rapport avec quelque chose de douloureux ou avec quelque chose qui trouve sa résolution. MO...
- C. : Elle me dit : “je comprends pourquoi je pensais que tu m’aimais moins que….
Pour lire la suite et vous abonner à la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°69
Dr Michel LAMARLÈRE
Médecin généraliste. Formation à l’hypnose à l’HTSMA-TLMR (Hypnose, thérapie stratégique, mouvements alternatifs, devenu Thérapie du lien et des mondes relationnels), et à la thérapie narrative. Formateur en TLMR et en hypnose médicale à l’Institut Mimethys
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N°69 : Mai / Juin / Juillet 2023
Sommaire de ce n°69 présenté par Julien Betbèze, rédacteur en chef:
Quel plaisir de lire un texte de Dominique Megglé sur un sujet comme l’hypnose profonde.
En quelques lignes, il nous fait comprendre l’importance de ce type de transe. Savoir la reconnaître, savoir la demander, oser faire des suggestions directes, être attentif à l’amnésie et donner des suggestions post-hypnotiques : tous les lecteurs de Dominique Megglé savent que ces points sont au centre du travail d’Erickson et qu’ils permettent d’accéder à la singularité créative du sujet. Une leçon de clinique hypnotique pour améliorer notre pratique !
Après nous avoir montré l’importance de retrouver la relation dans le travail de deuil, François Cartault prolonge son propos en montrant la nécessité de créer du sens à partir des valeurs partagées avec le défunt. Nous voyons comment cette conversation reconnecte le sujet avec ce qui était vivant pour lui dans l’histoire passée et rend possible le développement de nouveaux chemins de vie.
Isabelle Philippe s’appuie sur le travail de François Roustang pour nous faire découvrir la transe cognitive auto-induite (TCAI), terme utilisé par Corine Sombrun pour nommer, dans notre culture occidentale, ce qu’elle a expérimenté dans la transe chamanique. Cet article nous permet de comprendre comment s’organisent l’expérience et les perceptions lors de TCAI et le lien avec une vision de l’hypnose comme modalité de la vie.
Karine Ficini nous expose comment retrouver sa capacité désirante après des épisodes de maltraitance sexuelle. Michel Lamarlère décrit, avec plusieurs exemples cliniques, le rôle de la réification et de l’externalisation du contexte pour faire émerger de nouvelles significations porteuses de sens ; il souligne l’importance de rester dans une position de ''non-savoir'' pour accompagner le processus de réassociation. Enfin Géraldine Garon nous donne une nouvelle lecture d’Harry Potter où des ponts se créent entre magie et thérapie, la ''pensine'' prenant des airs d’externalisation. Et comme le dit le professeur Dumbledore : ''Il suffit d’extraire les pensées inutiles de son esprit et de les déverser dans cette bassine pour pouvoir les examiner plus tard tout à loisir'' ; J. K. Rowling nous rappelle que le changement ne se résume pas à des techniques ou à des tours de magie : la relation humaine reste la vraie star d’Harry Potter.
Et n’oubliez pas les rubriques habituelles, Stefano Colombo et Muhuc nous plongent dans l’ivresse des profondeurs, Sophie Cohen nous ''en-chante'', Adrian Chaboche s’autorise à ne pas savoir, et Nicolas D’Inca nous incite à prendre soin de nos démons intérieurs.
Espace : Douleur Douceur
. Marc Galy révise le stoïcisme !
Les ingrédients de la relation thérapeutique tels que proposés par Marc Galy, à savoir : la présence, la posture juste, l’écoute non armée, l’espace de l’attente, nous font clairement sentir que la résilience est la force de la faiblesse.
. Marie-Anne Jolly tisse des liens
. La corporéité, au cœur de la rupture, entre le savoir objectivant et la parole singulière. Le sujet ne fait l’expérience de la relation positive avec le thérapeute en tant qu’être humain et non seulement comme patient que dans la mesure où il va intégrer corporellement les intentions positives du thérapeute et c’est là que l’accordage peut se mettre en place.
Comme nous l’enseigne Julien Betbèze, plus je suis en relation avec l’autre, plus je suis en relation avec moi, cela signifie que plus je suis en relation avec l’autre (je rentre dans son monde, je lâche prise) et plus je suis en relation avec moi, plus je suis libre. Et plus je suis en relation avec moi, tout en étant différent de ce qu’est l’autre, plus l’autre est en relation avec moi (il est alors en capacité d’accueillir les intentions positives dans ma différence). Je suis créatif non pas contre lui mais pour agrandir notre relation. L’un et l’autre sont libres dans un mouvement plein de relations, dans une nécessité de relation. S’il n’y a pas ce partage affectif, on ne peut pas exister en tant que sujet. Tous les processus de réassociation qui permettent au sujet de se sentir incarné et libre passent par cette relation sécure à l’autre, le sujet se sentant validé dans son existence et autorisé dans ses prises d’initiative à construire un monde plein de sens.
De façon très habile, Marie-Anne Jolly fait intervenir le prisme de la théorie polyvagale dans le processus de ré-association et de ré-accordage.
. Philippe Rayet prend le taureau par les cornes pour le plus grand bien de sa patiente. Une spectaculaire guérison d’une douleur post-traumatique en quatre heures ! Philippe Rayet nous fait entrer de plain-pied dans l’arène d’un syndrome douloureux dont souffre l’agricultrice Michèle, bousculée par une vache. C’est par la maîtrise de l’hypnose et de l’EMDR que l’auteur nous présente tout le déroulé du soulagement de sa patiente. Sa finesse clinique lui enjoint de croire à juste titre qu’une douleur n’est jamais neuve. Philippe Rayet ne se contente pas en effet de permettre le soulagement total des symptômes, mais il s’enquiert par l’anamnèse de mieux comprendre le terrain qui a favorisé la dimension traumatique. Son oreille attentive et discrète, que rien n’effraie, qui ne juge pas, peut être qualifiée de divine douceur. Je ne peux que souscrire au titre très parlant de son article : ''Victime d’une vache, elle boit du petit lait'' grâce à l’hypnose... et j’ajouterai : voici une thérapie vachement bien menée !
Crédit photo © Suzan RAYFELD
N°69 : Mai / Juin / Juillet 2023
Sommaire de ce n°69 présenté par Julien Betbèze, rédacteur en chef:
Quel plaisir de lire un texte de Dominique Megglé sur un sujet comme l’hypnose profonde.
En quelques lignes, il nous fait comprendre l’importance de ce type de transe. Savoir la reconnaître, savoir la demander, oser faire des suggestions directes, être attentif à l’amnésie et donner des suggestions post-hypnotiques : tous les lecteurs de Dominique Megglé savent que ces points sont au centre du travail d’Erickson et qu’ils permettent d’accéder à la singularité créative du sujet. Une leçon de clinique hypnotique pour améliorer notre pratique !
Après nous avoir montré l’importance de retrouver la relation dans le travail de deuil, François Cartault prolonge son propos en montrant la nécessité de créer du sens à partir des valeurs partagées avec le défunt. Nous voyons comment cette conversation reconnecte le sujet avec ce qui était vivant pour lui dans l’histoire passée et rend possible le développement de nouveaux chemins de vie.
Isabelle Philippe s’appuie sur le travail de François Roustang pour nous faire découvrir la transe cognitive auto-induite (TCAI), terme utilisé par Corine Sombrun pour nommer, dans notre culture occidentale, ce qu’elle a expérimenté dans la transe chamanique. Cet article nous permet de comprendre comment s’organisent l’expérience et les perceptions lors de TCAI et le lien avec une vision de l’hypnose comme modalité de la vie.
Karine Ficini nous expose comment retrouver sa capacité désirante après des épisodes de maltraitance sexuelle. Michel Lamarlère décrit, avec plusieurs exemples cliniques, le rôle de la réification et de l’externalisation du contexte pour faire émerger de nouvelles significations porteuses de sens ; il souligne l’importance de rester dans une position de ''non-savoir'' pour accompagner le processus de réassociation. Enfin Géraldine Garon nous donne une nouvelle lecture d’Harry Potter où des ponts se créent entre magie et thérapie, la ''pensine'' prenant des airs d’externalisation. Et comme le dit le professeur Dumbledore : ''Il suffit d’extraire les pensées inutiles de son esprit et de les déverser dans cette bassine pour pouvoir les examiner plus tard tout à loisir'' ; J. K. Rowling nous rappelle que le changement ne se résume pas à des techniques ou à des tours de magie : la relation humaine reste la vraie star d’Harry Potter.
Et n’oubliez pas les rubriques habituelles, Stefano Colombo et Muhuc nous plongent dans l’ivresse des profondeurs, Sophie Cohen nous ''en-chante'', Adrian Chaboche s’autorise à ne pas savoir, et Nicolas D’Inca nous incite à prendre soin de nos démons intérieurs.
Espace : Douleur Douceur
. Marc Galy révise le stoïcisme !
Les ingrédients de la relation thérapeutique tels que proposés par Marc Galy, à savoir : la présence, la posture juste, l’écoute non armée, l’espace de l’attente, nous font clairement sentir que la résilience est la force de la faiblesse.
. Marie-Anne Jolly tisse des liens
. La corporéité, au cœur de la rupture, entre le savoir objectivant et la parole singulière. Le sujet ne fait l’expérience de la relation positive avec le thérapeute en tant qu’être humain et non seulement comme patient que dans la mesure où il va intégrer corporellement les intentions positives du thérapeute et c’est là que l’accordage peut se mettre en place.
Comme nous l’enseigne Julien Betbèze, plus je suis en relation avec l’autre, plus je suis en relation avec moi, cela signifie que plus je suis en relation avec l’autre (je rentre dans son monde, je lâche prise) et plus je suis en relation avec moi, plus je suis libre. Et plus je suis en relation avec moi, tout en étant différent de ce qu’est l’autre, plus l’autre est en relation avec moi (il est alors en capacité d’accueillir les intentions positives dans ma différence). Je suis créatif non pas contre lui mais pour agrandir notre relation. L’un et l’autre sont libres dans un mouvement plein de relations, dans une nécessité de relation. S’il n’y a pas ce partage affectif, on ne peut pas exister en tant que sujet. Tous les processus de réassociation qui permettent au sujet de se sentir incarné et libre passent par cette relation sécure à l’autre, le sujet se sentant validé dans son existence et autorisé dans ses prises d’initiative à construire un monde plein de sens.
De façon très habile, Marie-Anne Jolly fait intervenir le prisme de la théorie polyvagale dans le processus de ré-association et de ré-accordage.
. Philippe Rayet prend le taureau par les cornes pour le plus grand bien de sa patiente. Une spectaculaire guérison d’une douleur post-traumatique en quatre heures ! Philippe Rayet nous fait entrer de plain-pied dans l’arène d’un syndrome douloureux dont souffre l’agricultrice Michèle, bousculée par une vache. C’est par la maîtrise de l’hypnose et de l’EMDR que l’auteur nous présente tout le déroulé du soulagement de sa patiente. Sa finesse clinique lui enjoint de croire à juste titre qu’une douleur n’est jamais neuve. Philippe Rayet ne se contente pas en effet de permettre le soulagement total des symptômes, mais il s’enquiert par l’anamnèse de mieux comprendre le terrain qui a favorisé la dimension traumatique. Son oreille attentive et discrète, que rien n’effraie, qui ne juge pas, peut être qualifiée de divine douceur. Je ne peux que souscrire au titre très parlant de son article : ''Victime d’une vache, elle boit du petit lait'' grâce à l’hypnose... et j’ajouterai : voici une thérapie vachement bien menée !
Crédit photo © Suzan RAYFELD
NDLR: EMDR, EMDR - IMO, IMO Intégration Mouvements Oculaires, HTSMA, MAP, TLMR Thérapie du Lien et des Mondes Relationnels sont des thérapies "cousines" que vous retrouverez souvent regroupées et décrites comme sur le site EMDR.FR