Insomnies, Troubles du sommeil: être insomniaque

Un Français sur cinq dort mal. Insatisfaits de leur sommeil et insomniaques se plaignent surtout de difficultés d’endormissement ou de maintien du sommeil. Comment y remédier ?






Le Groupe international d’épidémiologie des troubles du sommeil a réalisé vingt-huit mille entretiens par téléphone dans sept pays : France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne et Canada. Cette étude sur le sommeil, dirigée par Maurice Ohayon, psychiatre (Chercheur aux universités de New York et de Stanford (États-Unis)), donne une image statistique intéressante des habitudes de sommeil de 250 millions d’Européens (Petites manies et grandes tendances, de Maurice Ohayon, La Recherche, hors-série n° 3, intitulé : « Le Sommeil et le rêve », avril 2000). Et montre que 15 % d’entre eux se plaignent de la qualité ou de la quantité de leur sommeil. Quant aux Français, ils seraient un sur cinq à ne pas être satisfaits.




Traiter l’insomnie ou les facteurs associés ?




L’insomnie se manifeste davantage comme un problème de maintien du sommeil que comme une difficulté d’endormissement en début de nuit. Elle se traduit dans 70 % des cas par des réveils nocturnes ou précoces. Son diagnostic se fonde sur un faisceau de symptômes : difficultés d’endormissement, sommeil interrompu, éveils matinaux précoces ou sommeil non réparateur. Dans l’étude de référence, l’insomnie devait durer depuis un mois minimum et, de plus, causer un sentiment de détresse, des perturbations dans la vie familiale, professionnelle ou sociale, des difficultés de concentration ou des sautes d’humeur. Au final, 6 % de la population répondait à tous ces critères. Dans 39 % des cas, l’insomnie est associée à un trouble de l’humeur ou à un trouble anxieux, une maladie physique (22 %), un trouble respiratoire (22 %), une mauvaise hygiène de sommeil (15 %), l’usage de médicaments, d’alcool ou de drogues (13 %). Le choix du traitement dépend de ces différents facteurs. Neuf fois sur dix, quand l’insomnie est liée à un trouble psychologique (états anxieux ou dépressifs légers, troubles plus graves), l’origine revient à celui-ci. C’est donc le trouble psychologique qu’il faut traiter. Maladies et troubles physiques peuvent affecter le sommeil. Les troubles respiratoires relèvent de bilans et de traitements spécifiques. Dans de nombreuses maladies, le mauvais contrôle de la douleur gêne le sommeil. Il est inadmissible de laisser inutilement souffrir des patients, alors que l’on dispose des moyens de les soulager. Les tentatives d’améliorer la formation initiale et continue des médecins dans ce domaine devraient finir par porter leurs fruits. La mauvaise hygiène de vie intervient dans près d’un cas sur six. Ces habitudes sont à modifier : boire du café avant de dormir, faire une sieste en soirée, etc. Certains traitements peuvent influencer le sommeil. Des médicaments très variés ont été incriminés. « C’est au cas par cas qu’il faut évaluer l’intérêt d’arrêter ou de changer de traitement, ou simplement d’en diminuer la dose », estiment les auteurs d’une enquête de la revue Prescrire. Enfin, près de la moitié des insomnies ne sont liées « à aucune pathologie » ou cause identifiable, explique Maurice Ohayon. On parle alors d’ « insomnie primaire ».




Consultations et traitements




Parmi les 15 % d’Européens insatisfaits de leur sommeil, 77 % ont consulté leur médecin au cours des douze mois précédant l’enquête. Mais les deux tiers ont oublié de mentionner ce problème. Un tiers seulement en ont parlé et 40 % ont reçu une prescription de médicaments. Au total, 6 % des Européens prendraient des médicaments pour mieux dormir. Les Français sont les plus gros consommateurs (avec 10 %), suivis des Portugais (8 %). Ce sont les Allemands qui en consomment le moins (2 %), suivis des Anglais (4 %). Les médicaments visant à améliorer le sommeil sont principalement des anxiolytiques (60 % des cas) et des hypnotiques (près de 25 %). Les autres médicaments sont surtout des antidépresseurs et des « produits naturels », à base de plantes, par exemple. Enfin, 20 % des personnes se plaignant de leur sommeil font appel à des traitements alternatifs tels que la relaxation et les psychothérapies.




Qui consulter ?




Les recours sont les médecins généralistes et spécialistes, ainsi que les laboratoires du sommeil. Le choix dépend des cas. Le premier à consulter reste le généraliste. Si des doutes demeurent concernant les causes véritables de l’insomnie, il aidera à les identifier ou orientera vers un spécialiste ou un laboratoire du sommeil. Si d’autres troubles de santé sont associés, il peut proposer de les traiter, en fonction de ses orientations thérapeutiques (éventuellement acupuncture, phytothérapie, homéopathie…).Les « laboratoires du sommeil » concernent surtout les syndromes d’apnée du sommeil, lesquels touchent de 2 à 4 % des Français. « Lorsqu’il existe des difficultés respiratoires nocturnes, un ronflement, la consultation dans un centre est utile, explique le Dr Hélène Bastuji, du laboratoire du sommeil de l’hôpital neurologique de Lyon. S’il n’existe aucun signe associé à l’insomnie et que le traitement du médecin a échoué, on y fera également appel, pour y voir plus clair. » Une centaine de laboratoires du sommeil, établis dans les hôpitaux français, permettent de réaliser une série d’examens au cours d’une nuit d’hospitalisation. Une trentaine sont réunis au sein de la Société française de recherche sur le sommeil (SFRS). Il suffit d’en demander les coordonnées à l’hôpital le plus proche. Des troubles légers d’ordre psychologique – anxiété ou déprime – sont souvent associés à l’insomnie. Le recours à un psychiatre, à un psychologue ou à un psychanalyste peut être utile. « Les troubles anxieux ou les états dépressifs ne sont pas évidents à identifier », observe le Dr Bastuji. Et le laboratoire du sommeil ne convient pas dans ce cas. Le nôtre ne propose qu’une évaluation psychologique accompagnant celle des troubles respiratoires du sommeil. Pour une prise en charge psychologique en tant que telle, que les laboratoires du sommeil assurent rarement, j’envoie les patients vers des spécialistes, notamment des psychiatres. »



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Rédigé le 17/12/2022 à 13:53 modifié le 23/09/2023


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