L'Effet Placebo. Un dossier de la Revue Santé Intégrative 26



L'effet placebo (du latin : « je plairai ») est défini comme l'écart positif constaté entre le résultat thérapeutique observé lors de l'administration d'un médicament et l'effet thérapeutique prévisible en fonction des données strictes de la pharmacologie.

Tout geste thérapeutique, valide ou non, comporte d'ailleurs une part plus ou moins grande d'effet placebo.
Cet écart est de l’ordre de 30 % habituellement et peut atteindre 60-70 % dans les migraines ou les dépressions.

L'état de certains patients souffrant d'affections réputées « incurables » s'en trouve parfois objectivement amélioré2.

Mais, le placebo et l’effet placebo sont mal connus, ils font pourtant partie de la pratique médicale courante, le plus souvent de façon très inconsciente. L’analyse fine des effets positifs des médicaments, des thérapies complémentaires et des comportements des thérapeutes est souvent due à cet effet "mystérieux".

L’effet placebo est l’effet positif produit par un médicament ou un geste thérapeutique n’ayant pas d’efficacité démontrée. Une substance totalement dépourvue de principe actif peut avoir un effet bien réel sur certaines affections. L’effet placebo ne se limite pas seulement aux médicaments mais concerne toute forme d’intervention thérapeutique.

Le placebo est une préparation pharmaceutique (pilules, cachets, potions, …) dépourvue de tout principe actif et ne contenant aucun principe actif.

Si un placebo ne peut pas être efficace sans contribution de l'effet placebo, un médicament actif peut tout à fait engendrer un effet placebo ! Par exemple si à la suite d'une prise d'aspirine, une personne se sent mieux au bout de quelques minutes à peine, alors que le temps nécessaire est d'environ une heure, on peut parler d'effet placebo.


Historique
Le mot placebo provient du verbe latin placere (plaire), à la première personne du futur (je plairai). On peut y voir une référence au rôle séduisant et rassurant qu’a le médicament pour le patient.

En 1628, R. Burton donne la première définition de l’effet placebo en constatant l’action positive de la confiance du malade en la personne qui le soigne. C'est en 1785 qu'est faite la première citation du mot placebo dans un dictionnaire médical anglais. L'origine de l'acceptation actuelle du placebo se situe donc à la fin du XVIIIème siècle.

Au XIXème, le terme entre dans le vocabulaire médical. Le Hooper's Medical Dictionary (1811) le définit « comme un qualificatif donné à toute médication prescrite plus pour plaire au malade que pour lui être utile. »

En France, le docteur Armand Trousseau sera le premier à administrer à ses patients des substances inertes en leur faisant croire qu’il s’agit de médicaments. Il est également le premier à comparer leur efficacité à celle de vrais médicaments. Ceci l'amène à faire un constat thérapeutique fondamental : l'efficacité d'un traitement fluctue selon la confiance que lui accorde le malade et le médecin.

L’acceptation du concept d’effet placebo par la communauté médicale au cours du XXème siècle est lente et difficile. En effet, son mode d’action psychologique et l’origine mythique du phénomène rappellent trop l’obscurantisme de jadis.

Le mécanisme de l’effet placebo
Les différents facteurs pouvant influencer l’effet placebo

Plusieurs facteurs ont une influence sur l’effet placebo : le médicament en lui-même, le patient, le médecin et la maladie.

L’objet placebo est le premier facteur influant.

Le placebo fonctionne mieux lorsque son nom est compliqué et a une consonance latine pour garder un côté "mystérieux" et scientifique. Le nom d’un médicament est souvent en rapport avec la pathologie qu’il traite : l'Ananxyl® par exemple fait référence à l’anxiété. D’autres ont une sonorité qui évoque le but recherché, comme le Serestat® (serein et stable) qui est un stabilisateur d’humeur.

Son aspect est lui aussi important, comme sa couleur qui varie en fonction de ce qu’il traite. un médicament stimulant doit être rouge, orange ou jaune alors qu’un somnifère doit être bleu, un antidouleur, blanc et un laxatif noir ou marron. Selon une étude de Buckalew, il est prouvé qu’un patient s’attend à plus de résultat de la part d’une gélule (plus grosse) que d’un comprimé. Alors que certains préfèrent les gros médicaments, d’autres pensent que des médicaments plus petits sont plus efficaces car plus concentrés. Dans le cas d’une personne anxieuse, il est favorable de prescrire plusieurs prises, même par plus petites doses.

Le mode d’administration du placebo agit aussi. C’est le cas de certains médicaments, à l’origine sous forme de suppositoires, qui ont obtenu de meilleurs résultats lorsqu’ils sont remplacés par des comprimés ou des injections.

L’implication d’un patient dans son traitement peut aussi jouer un rôle, c’est pourquoi l’utilisation d’un collyre peut avoir un effet bénéfique, puisque le patient se sent directement impliqué en comptant minutieusement les gouttes qu’il s’injecte.

L’aspect exceptionnel que le patient accorde au traitement, comme l’emploi d’injection en tant que mode d’administration peut l’aider à prendre confiance dans son traitement. Il en est de même pour la chirurgie placebo. Selon des études de chercheurs et chirurgiens ayant réalisé des interventions placebos ou des vraies interventions sur un total de 180 personnes, les résultats (en majorité positifs) étaient identiques chez les vrais opérés et chez ceux ayant subi une opération placebo.

Certains placebos sont volontairement amers ou de mauvais goût en raison de l’importance du gôut. Dans la plupart des cas, l’effet placebo fonctionne en proportionnalité avec l’amertume du médicament, mais dans certains cas il vaut mieux un goût agréable.

Plus un médicament est coûteux, plus il a de chances de marcher. Des études l’ont prouvé : pour guérir une douleur, 85 % des bénévoles ayant pris une pilule de placebo à 2,50 $ ont ressenti un apaisement de la douleur, contre seulement 61 % des bénévoles ayant pris la même pilule mais en promotion. Ceci est dû à un raisonnement psychologique provoqué par une dissonance cognitive, qui augmente avec le prix du médicament mais aussi sa disponibilité, c’est pourquoi un médicament peut perdre de son efficacité lorsqu’il devient remboursé ou disponible sans ordonnance.

Les gens perdent confiance en l’efficacité d’un médicament avec le temps, son taux d’efficacité peut baisser de 30 à 40 % au bout de quelques années. La nouveauté d’un médicament le rend plus effectif lors de sa commercialisation car elle donne au patient l’impression d’un progrès continu et d’une meilleure prise en charge tandis qu’un vieux médicament est considéré comme "indigne".



Ophélie BUGNON - Laura DAVIET - Emile BERNARD

L’hypnose est-elle un placebo ?

Poser cette question dans la revue « Hypnose & Thérapies brèves » peut apparaître provocateur. Pourtant, beaucoup d’incohérences abondent concernant le lien potentiel entre la suggestibilité et la réponse au placebo...

Au décours de ces questions, certains s’empressent d’affirmer que l’effet placebo n’est autre que suggestion hypnotique et son corolaire, que l’hypnose ne relève que du placebo. Pour mettre un terme à ce réductionnisme, nous allons tenter, au
-delà d’une dialectique socratique, de donner tout son sens au placebo dans notre système de soins aujourd’hui, et dans cette intentionalité d’aider le lecteur à trouver une réponse à la question posée.

GENÈSE DU PLACEBO Lire la suite



Rédigé le 07/06/2012 à 01:19 modifié le 24/09/2023

A Marseille, Laurence ADJADJ, Présidente de France EMDR-IMO ®, Psychologue, Psychothérapeute et… En savoir plus sur cet auteur

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