Eric Salmon : C'est un mot qui vient du grec ennea, le nombre neuf, et gramma qui signifie une figure. Comme le pentagramme, figure à cinq points ou l'hexagramme, six points, l'ennéagramme est une figure à neuf points ou neuf bases.
Quant à l'origine de l'ennéagramme, elle est lointaine et je différencie ce qui date d’avant et après 1970. Avant, il existe un diagramme ancien, dont les origines sont lointaines et sur lequel on peut dire tout et n'importe quoi.
Autour de Pythagore, il y a un faisceau de présomptions qui semble montrer qu’il connaissait le schéma et qu’il l'utilisait pour la connaissance de soi. On pourrait aussi citer le théologien et philosophe catalan Ramon Llull au XIIe siècle... De toute manière, toutes ces interprétations et utilisations anciennes de ce graphique ne sont pas claires.
Après 1970, il y a le courant de la psychologie dit transpersonnel qui a estimé que tout homme était conscient, responsable et libre de choisir d’être le pilote de son propre développpement. La plupart des outils de développement personnel sont issus de ce courant.
Depuis le début de son développement dans les années 1970, l’ennéagramme s’inscrit dans ce courant. Il est devenu une référence en terme de grille de lecture de la personnalité, accessible à tous, donnant des repères clairs sur le “qui suis-je ?”.
Parmi les noms importants qui ont le plus contribué à cette divulgation, il faut citer un médecin psychiatre d'origine chilienne, Claudio Naranjo, qui utilise depuis 1970 cette grille, dans un travail psycho-spirituel complet et cohérent, incluant la Gestalt-thérapie et la méditation.
Le deuxième grand nom pour la diffusion récente de l'ennéagramme, c'est Helen Palmer. Elle l'a enseigné, dès les années 80, en psychologie à Berkeley, puis elle s'est s'associée avec le Docteur David Daniels, Directeur du département Sciences Comportementales à Stanford, qui lui a apporté la touche de légitimité en l'enseignant à l’université de Stanford, tant dans le cursus de psychologie que dans le MBA.
Par la suite, Helen Palmer a été invitée par Harvard, pour un module « Ennéagramme & Négociation » et en Europe, notamment à l’Institut Waldzell en Autriche, où des philosophes, des Prix Nobel de la Paix, en médecine et dans d’autres domaines, travaillent sur le développement de la conscience.
L’idée, c’est que la conscience du monde ne pourra évoluer que par un élargissement de la conscience individuelle. Helen Palmer est celle qui a souligné, au fil des années, que l'enéagramme permettait relativement rapidement, de prendre conscience de schémas répétitifs, tant cognitifs qu’émotionnels, qui ramènent notre attention toujours dans la même direction.