Alice, 23 ans, a une endométriose. ” L’endomètre est la muqueuse tapissant les parois internes de l’utérus. Il est éliminé pendant les règles. L’endométriose est le développement anormal de cette muqueuse à l’extérieur de l’utérus “, lui a expliqué le médecin . Des kystes de la taille d’une tête d’épingle recouvrent une partie de son utérus, l’ovaire et la trompe gauche.
Les cas d’endométriose sont de plus en plus fréquents car de mieux en mieux diagnostiqués grâce à l’échographie et surtout à la cœlioscopie, une intervention chirurgicale qui permet d’explorer les organes du petit bassin. Ils concerneraient au moins 5 % de la population féminine, environ 40 % des patientes infertiles et presque 80 % des femmes souffrant de douleurs chroniques au niveau du petit bassin. Cette maladie survient en général entre 25 et 45 ans, ses causes restent inexpliquées.
” Je souffrais depuis plusieurs mois de douleurs dans le bas-ventre, surtout pendant mes règles. Ma gynécologue a d’abord pensé à une infection, car l’échographie montrait une inflammation. Mais l’antibiotique ne m’a pas soulagée. Elle m’a envoyée faire une cœlioscopie… “, se souvient Alice.
Les douleurs qui affectent le bas-ventre pendant les menstruations (parfois, avant ou après), irradient quelquefois au niveau des jambes ou dans le bas du dos. Elles peuvent survenir pendant les relations sexuelles. Des règles abondantes et irrégulières peuvent aussi être des symptômes révélateurs.
Géraldine, 26 ans, a souffert plusieurs années avant de rencontrer un médecin qui diagnostique la maladie. ” J’ai vu de nombreux gynécologues… Un jour, chez un ami, j’ai été prise de douleurs intolérables. J’ai dû consulter immédiatement un généraliste … C’est le premier à m’avoir parlé d’endométriose. “
Le diagnostic est souvent tardif. La maladie peut être suspectée lors d’un toucher vaginal ou d’une bonne échographie. Mais, seule la cœlioscopie permet de l’identifier clairement. D’autre part, certaines femmes ne ressentent aucun symptôme, on parle dans ce cas d’endométriose silencieuse. La maladie est alors découverte par hasard, souvent lors de problèmes de fertilité.
Les solutions de la médecine classique…
L’allopathie propose selon les cas l’hormonothérapie et la chirurgie.
” Le traitement est d’abord médical, écrit Anne de Kervasdoué, gynécologue, dans son livre “Questions de femmes”, il cherche à créer un état de pseudo-grossesse en bloquant l’ovulation et la menstruation…” (lire encadré). Dans bien des cas, la prescription de progestatifs purs (médicaments dérivés de la progestérone) ou de pilules classiques à dominante progestative, pendant un an au moins, suffit à faire disparaître les douleurs et à diminuer l’importance des lésions. Les effets secondaires sont minimes. Plus efficace, le Danazol est une hormone synthétique qui bloque les hormones hypophysaires (lire encadré). Mais il n’évite pas les risques de récidive après l’arrêt du traitement. Une autre famille de médicaments, les Analogues de la LHRH (lire encadré), est réservée aux formes avancées, et crée un climat de post-ménopause temporaire. Les effets secondaires du Danazol et des Analogues de la LHRH sont plus importants (bouffées de chaleur, nausées, sécheresse vaginale, modification de la pilosité et de la voix, peau grasse, prise de poids, tendance dépressive…).
” Le traitement chirurgical concerne les femmes souffrant d’infertilité qui ne sont soulagées par aucune thérapeutique médicale, poursuit Anne de Kervasdoué, il consiste, tout en conservant les organes de la reproduction, à éliminer les gros nodules, à enlever les kystes endométriosiques sans altérer les ovaires et à libérer les adhérences qui gênent la mobilité des trompes. ” On remarque pourtant que l’endométriose a tendance à récidiver sur les cicatrices de la chirurgie. Chez certaines femmes, l’intensité de la douleur est telle qu’on pratiquera une hystérectomie partielle (ablation de l’utérus), ou totale (ablation supplémentaire des ovaires et des trompes).
” Deux événements physiologiques naturels sont à même de les guérir provisoirement ou définitivement, ajoute la Dre Anne de Kervasdoué. La grossesse fait régresser les lésions et atténue les symptômes, la ménopause éteint définitivement la maladie. Mais, on ne peut pas toujours proposer la première comme moyen thérapeutique, ni faire éternellement patienter jusqu’à la deuxième ! “
Alice a pris un progestatif pendant presque huit mois, le Lutenyl. ” Les douleurs se sont estompées, mais n’ont pas complètement disparu. Je supportais de plus en plus mal le traitement: j’étais irritable, j’avais continuellement des nausées, des bouffées de chaleur, des maux de tête… J’ai décidé de l’arrêter. “
Les traitements médicaux soulagent les symptômes, et stoppent le développement de la maladie. Mais ils ne conviennent pas à toutes.
… Et en alternative
Jocelyne Greco, médecin homéopathe, spécialisée dans les problèmes gynécologiques, remarque que les femmes concernées sont des femmes stressées, angoissées, à terrain spasmophile. ” Pour soigner la maladie, j’observe les symptômes cliniques (le type de douleur). Il s’avère que les douleurs décrites sont très proches de celles présentées par des malades ayant des colites spasmodiques. Dans le cas de l’endométriose, ces douleurs sont cycliques. J’ai découvert que le traitement d’un terrain spasmophile est adapté à l’endométriose. Certains pensent que le développement de la maladie serait dû à un reflux des règles vers l’extérieur de l’utérus. Ce reflux pourrait être provoqué par des spasmes au niveau des organes génitaux… “
La Dre Jocelyne Greco recherche le médicament homéopathique associé à chaque type de douleurs : les sels de magnésium pour les spasmes, la coloquinte pour les douleurs qui obligent à se plier en deux, la bryone pour celles soulagées seulement par l’immobilité… Ensuite, elle intervient sur le problème hormonal: la folliculine (à dose homéopathique) atténue l’intensité de la sensibilité des récepteurs aux œstrogènes. Un traitement de terrain accompagne le tout : il s’agit de soigner l’hypersensibilité au stress de la patiente. Des médicaments homéopathiques y remédieront. L’alimentation est aussi à surveiller, les laitages à éviter. Enfin, on fera attention à tout ce qui peut favoriser les spasmes (tabac, café…).
” Un traitement de fond dure environ une année, explique Jocelyne Greco. Je n’oublierai jamais l’une de mes premières patientes : l’échographie montrait un énorme kyste d’endométriose. La chirurgie était le seul recours selon son gynécologue. Elle a suivi entre-temps le traitement homéopathique. Le jour de l’opération, ils se sont rendu compte que le kyste avait complètement disparu !”
Selon la Dre Greco, l’ostéopathie et l’acupuncture peuvent aussi être efficaces contre la douleur. Elles stimulent et rééquilibrent les énergies dans le petit bassin.
La naturopathie apporte d’autres solutions. Rina Nissim, naturopathe spécialisée en gynécologie, explique dans son manuel ” Mamamélis ” que les patientes concernées ont, en plus d’un déséquilibre hormonal et d’une stagnation d’énergie dans le petit bassin, un foie faible. À son avis, l’endométriose est liée à une consommation excessive d’hormones par traitements médicaux et par voie alimentaire (viande aux hormones ou eau du robinet) et à une intoxication aux métaux lourds (présents dans les amalgames dentaires, dans certains produits du monde du travail…)…
Source : limpatient.wordpress.com