L'infirmière continue son récit pendant qu'une autre pique l'enfant. Guidée par la voix, la fillette reste consciente mais son attention est captée. "La distanciation hypnotique influe positivement et permet d'éviter qu'une empreinte négative ne s'installe", explique le docteur Chantal Wood, responsable du centre d'évaluation et du traitement de la douleur à l'hôpital Robert-Debré.
L'hypnose clinique est un outil destiné à apaiser la douleur. Si la technique est ancienne, ce n'est qu'en 1992 que le professeur Marie-Elisabeth Faymonville, spécialiste de la douleur, chef de service au CHU de Liège, en Belgique, y a eu recours pour la première fois pour une anesthésie générale. Cet hôpital a depuis réalisé plus de 7 000 interventions sous hypnose. Très employée en Suisse, cette pratique connaît un fort développement en France.
Surtout utilisées dans le traitement de la douleur, qu'elle soit liée aux soins, aiguë ou chronique (migraines, lombalgies, douleurs cancéreuses), ses applications sont multiples : arrêt du tabac, troubles du comportement alimentaire, dépressions, phobies, stress, troubles sexuels, etc.
MOTIVATION, COLLABORATION ET CONFIANCE
L'hypnose est un état naturel, un état de conscience modifié. Comme lorsque l'on se plonge dans un livre en se coupant du bruit environnant. Selon le docteur Bruno Suarez, l'hypnose est un état d'hypercontrôle permettant à une personne d'avoir des capacités supplémentaires par rapport à l'éveil simple. Contrairement à ce que l'étymologie du mot pourrait suggérer, l'hypnose n'est en rien comparable au sommeil. Pourtant, cette pratique fait parfois peur, et évoque même pour certains l'envoûtement. On est pourtant très loin du phénomène de foire.
Pour que cela fonctionne, trois conditions doivent être remplies. Le patient doit être motivé, collaborer et avoir confiance dans le soignant. Au cours du premier entretien, le thérapeute demande que le patient lui parle de souvenirs agréables, d'endroits, d'odeurs qu'il apprécie.
L'hypnose a montré son efficacité dans le traitement contre la douleur, notamment chez l'enfant, souvent plus réceptif à cette pratique du fait de sa faculté à s'évader dans son imaginaire plus facilement qu'un adulte. Dès l'âge de 4 à 5 ans, on peut apprendre à un enfant à endormir une zone douloureuse. "J'utilise le gant magique, un gant imaginaire qui diminue les sensations de la main. L'enfant apprend à l'enfiler, et cette main endormie peut être posée sur la tête qui a mal, l'endroit de la ponction lombaire ou la zone de la prise de sang", explique le docteur Chantal Wood.
Le doudou et les peluches sont de précieux alliés. On propose à l'enfant de faire une promenade magique, sans lui dire "ça va faire mal", une injonction paradoxale. Il faut ajuster le ton de la voix, être convaincant, dans la métaphore ou l'histoire racontée à l'enfant.
Douleur postopératoire atténuée, meilleure convalescence, fatigue amoindrie : les effets sont très positifs, à tout âge. "Cela peut aussi rendre l'effet des médicaments plus efficace", ajoute le docteur Faymonville.
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