La Voie des Larmes. Laurent Gross, invite Ruth Scheps à continuer son exposé du congrès dépression & thérapies brèves

Suite au succès du Congrès Dépressions & Thérapies Brèves, Laurent Gross thérapeute en hypnose invite Ruth Scheps sophrologue à développer quelque peu son exposé sur les larmes...



En intitulant cet exposé « La voie des larmes », voie avec un e pour insister sur leur fluidité, j’étais cependant consciente et même heureuse de la possibilité que l’on puisse entendre cette « voix » avec un x. Car même silencieuses, les larmes qui coulent ne sont pas muettes ; à peine jaillies de leur source énigmatique, elles attirent le regard, suscitent l’attention et obligent à prendre position : empathie, agacement ou indifférence, auquel cas nous ferons comme si nous n’avions rien vu… Position délicate à tenir car nous n’avons pas pu ne pas voir.
Dans les dépressions, quand le rire a disparu et que la parole se raréfie, dans ce « déshumain » dont parlait le psychanalyste Pierre Fédida, les larmes sont parfois seules à dire le malheur qui habite le déprimé - son épuisement, son découragement, son anéantissement. Elles font d’ailleurs partie des symptômes qui permettent de classer les dépressions : dans l’inventaire des dépressions de Beck, la dépression légère entraîne une augmentation des pleurs, la forte dépression une envie constante de pleurer et la dépression grave une incapacité à pleurer.

Ma contribution vise à mieux caractériser ce lien entre larmes et dépressions. Je partirai de la grande diversité des larmes, des manières de pleurer et des situations dans lesquelles on pleure (dépressions, événements tragiques ou heureux, états mystiques…) pour montrer en quoi la connaissance de cette « voie des larmes » pourrait enrichir la pratique du sophrologue ou du thérapeute face à ses patients déprimés. Cependant, parce que les larmes s’écoulent en surface, mais viennent de l’intérieur, qu’elles sont matière objectivable mais disent l’indicible, il m’a semblé que pour en rendre compte, le discours scientifique ne suffisait pas. Les larmes demandent à être dites aussi de l’intérieur, et c’est pourquoi j’introduirai dans mon propos des citations de poètes et d’écrivains ainsi que quelques témoignages personnels.

J’esquisserai une phénoménologie des larmes, dans laquelle je mettrai en évidence divers éléments qui la relient à la sophrologie, en théorie et en pratique. Puis je décrirai le rôle des larmes dans les diverses traditions religieuses qui les ont valorisées, et réfléchirai sur de possibles extrapolations de ces considérations spirituelles à la sphère thérapeutique laïque.

Phénoménologie des larmes

Ce qu’elles sont, ce qu’elles révèlent

Sur le plan neurophysiologique, les larmes sont une des manières dont le système nerveux parasympathique aide un organisme stimulé à revenir à l’homéostasie - approche purement objective, qui ne dit rien des enchaînements psychologiques et à laquelle je préférerai les chemins plus subjectifs des sciences humaines et de la littérature.





Source : http://www.psychotherapie.fr/La-Voie-des-Larmes-Ru...


Rédigé le 10/11/2010 à 00:13 modifié le 10/11/2010


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