La vie vivante jusqu'au bout

Etre soignant en soins palliatifs, c’est être en permanence à l’école du Respect et de l’Humilité, du Non-Jugement et de la Non-Interprétation.



C’est apprendre et comprendre les notions de « total pain ». Cicely Saunders a la première décrit le caractère multidimensionnel de la douleur du mourant. Cette « souffrance totale » en fin de vie est à la fois physique, psychologique, sociale et spirituelle.

Je vois le patient comme un compagnon de route, un associé, comme mon invité dans ce lieu de vie.
Je me mets à tout moment à sa hauteur au propre et au figuré.
Je le découvre comme une nouvelle île qui vient d’être découverte, avec mes cinq sens, ces cinq portes grandes ouvertes au mieux de mes capacités et savoir-faire.
Lui et ses proches.
J’observe, j’écoute, je sens, je vibre.
Je suis dans le vrai, dans le parler vrai.
Tout ce qui est dit est important, pas de superflu, de blabla.
Je suis uniquement dans l’être, non dans le faire.
C’est lui qui est auteur de sa vie et... de sa mort.
Je le suis sur le chemin qu’il veut prendre, le processus qu’il veut débuter ou pas...
« Au moins une fois dans ma vie être pleinement respecté, accepté avec tout ce qui me constitue : mes ressources et aussi mes tares, mes déformations de la vie, de la maladie, avec mes handicaps, mes plaies, mes états d’âme, mes bleus à l’âme.
J’ai fait comme j’ai pu, souvent de mon mieux.
J’étais invité sur cette terre par mes parents et je dois la quitter bientôt du fait de la maladie qui va me prendre mon corps.
Merci de m’accueillir dans ce dernier lieu de vie et de m’accompagner au mieux avec vos compétences selon mes désirs et suivez mon rythme. 
Acceptez un petit déjeuner à 15 heures,
un bain, une toilette le soir ou pas du tout,
une cigarette sur la terrasse à 2 heures du matin,
un verre de whisky,
un besoin de silence,
une porte fermée,
une musique à fond,
une prière en compagnie des membres de mon église,
plein de visiteurs ou pas de visiteurs du tout. »

Accepter l’inacceptable pour un soignant qui veut faire le bien, le bien-pensant, avec les bons conseils pour ce que nous estimons une bonne qualité de vie.

Une mort sans douleur et sans angoisse ? « Je veux rester claire jusqu’à mon dernier souffle dans ma tête. C’est la dernière chose qui marche bien dans mon corps. » Même si elle était très mal avec tous les symptômes d’angoisse de mort pendant plusieurs jours, acceptez de ne pas lui imposer des anxiolytiques... Acceptez que le patient refuse tout antalgique, parce que : « Je veux encore me sentir vivant... La douleur c'est moi depuis si longtemps. »


Ute Hohloch, Infirmière depuis vingt ans, dont un tiers en soins palliatifs dans plusieurs USP, également en réanimation pédiatrique, salles de cathétérisme, bloc, chirurgie, dispensaire de rue... DU douleur. Formée à l’hypnose à l’IFH.


Editorial « En mouvement ». Sophie Cohen
Chères lectrices et chers lecteurs, c’est avec grand plaisir que j’ouvre le numéro 42 de notre revue « Hypnose et Thérapies Brèves ». Je profite de cet espace pour saluer le travail effectué par mes prédécesseurs et remercier Daniel Renson qui me confie la direction de la Revue.

Traiter l'insomnie. Dr Daniel Quin
Script complet d'une séance d'hypnose. L’insomnie concerne un adulte sur cinq et atteint plus sévèrement 10 % de la population de la plupart des pays étudiés. Elle est plus fréquente chez la femme et augmente avec l’âge. Le recours aux soins des insomniaques est relativement faible puisque plus d’un insomniaque sur deux n’a jamais discuté de son problème avec son médecin. 

Constellation ericksonienne au Mexique. Cecilia Fabre
Traitement de l'anorexie chez une fille de 12 ans. Cecilia Fabre, au travers de la résolution d’un cas d’anorexie, nous montre comment elle intègre les techniques inspirées des constellations familiales développées par Bert Hellinger à la psychothérapie ericksonienne. Elle se base sur ce que Teresa Robles nomme la psychothérapie ericksonienne reposant sur la Sagesse universelle.

Les soins infirmiers. Nathalie Jammot
C’est avec beaucoup de plaisir que je coordonne ce premier dossier thématique consacré à la pratique de l’hypnose en soins infirmiers, sujet choisi par Sophie Cohen. Je tiens d’ailleurs à la remercier ici pour son accueil chaleureux dans cette revue tout comme pour son aide dans l’élaboration de ce travail mené conjointement. 

La recherche en douleur chronique. Martine Quintard
Martine Quintard nous invite à poser un autre regard sur le syndrome algodystrophique avec un traitement qui intègre l’hypnose. Elle met en avant la place des émotions. Un projet de recherche innovant et porteur... Depuis 2007, nous avons développé au CHU de Toulouse la pratique de l’hypnose pour la prise en charge du syndrome douloureux régional complexe, plus connu sous son ancienne dénomination d’algodystrophie. 

La vie vivante jusqu'au bout. Ute Hohloch
Etre soignant en soins palliatifs, c’est être en permanence à l’école du Respect et de l’Humilité, du Non-Jugement et de la Non-Interprétation. C’est apprendre et comprendre les notions de « total pain ». Cicely Saunders a la première décrit le caractère multidimensionnel de la douleur du mourant. Cette « souffrance totale » en fin de vie est à la fois physique, psychologique, sociale et spirituelle. 

Soins de support, la pratique d’un infirmier en cancérologie. Rémi Etienne
L’annonce d’un cancer provoque chez la personne un important bouleversement existentiel. La pratique de Rémi en qualité d’infirmier lui permet d’accompagner les changements les plus accessibles aux patients. Les récents progrès en matière diagnostique et thérapeutique contribuent à améliorer le pronostic des malades. A ce jour, chaque projet de soins proposé au patient est personnalisé et dépendant de nombreux paramètres, tels que : le type histologique de la tumeur, sa localisation, sa vitesse d’évolution, son extension à d’autres organes, la présence de comorbidités associées…

De la bienveillance au "prendre soin": Erickson encore et toujours. Janine Carpentier 
La réflexion autour de sa posture professionnelle a amené Janine à développer un « savoir-être » infirmier. Elle nous transmet ici tout le respect et l’humanité avec lesquels elle accompagne les patients en gériatrie. Infirmière expérimentée et déjà en fin de carrière, j’exerce en gériatrie depuis vingt-cinq ans. Après un DU de psycho-gérontologie, je me suis sensibilisée au toucher relationnel puis j’ai poursuivi par une formation en hypnose ericksonienne et thérapies brèves à Brive-la-Gaillarde au sein de l’association ACTIIF.

Une laverie communautaire. Nathalie de Marville
Raconter des histoires, se poser dans un bois sur une couverture, découvrir de nouvelles possibilités... Ou comment ma pratique professionnelle s’est transformée. A l’image d’une laverie communautaire avec l’extension des programmes adaptés à chaque type de linge : froissé, décoloré, déchiré... Il arrive un moment dans sa carrière où le travail devient une routine. Le savoir est installé et c’est un peu comme si l’on n’avançait plus. Vient alors un désir, une envie de cultiver un nouveau jardin, ensemencer de nouvelles graines, pour les faire naître et redonner du sens à une vie professionnelle.

L'Hypnose: confort patient-thérapeute. Audrey Weidmann
La pratique de l’hypnose dans les soins infirmiers à domicile est un complément très apprécié par les patients – qui se retrouvent sous hypnose conversationnelle sans le savoir ou en séance formelle – autant que par le soignant qui y voit aussi, je vous l’avoue, ses avantages. Elle nous permet de faire des pansements sans aucune difficulté, de faire une injection sans créer un inconfort nuisible pour celles à venir, d’enlever des fils à un enfant sans passer sa matinée à trouver un moyen de le calmer, donc de façon générale de gagner un temps précieux. Mais elle nous sert également dans un contexte bien plus particulier, celui du patient chronique qui vit seul avec ses angoisses. 

Une écoute attentive et du sourire. Nathalie Saliou 
L’hypnose a changé mon regard sur ma vie, ma famille et mon entourage. L’art d’utiliser l’imaginaire créatif du patient est extraordinaire, riche en émotions et avec des résultats rapides : cicatrisation, confort, sérénité…Infirmière à domicile depuis vingt-six ans, j’ai toujours été sensibilisée à la relation soignant-soigné.

Hypnose en anesthésie : une aventure extraordinaire. Sylvie Girardot-Despiau
En tant qu’infirmière anesthésiste, je travaille au sein d’une équipe d’hypno-anesthésie en chirurgie à Lyon. Voici un témoignage du vécu d’un accompagnement en hypno-anesthésie pédiatrique au bloc. Pour découvrir mon travail, je vous emmène vivre l’expérience de Roman. Au fur et à mesure de l’intervention, vous trouverez les explications de la mise en place du processus hypnotique. Voici son aventure.

« Docteur, j’ai un problème… » Dr Stefano Colombo
Il ne manquait plus que ça ! Les patients ont vraiment du culot. Vous dites : « toupet » ?
Oh ! ne commencez pas à me poser des problèmes ! Le mot « culot » ne vous convient pas ? Remplacez-le par toupet, témérité, impertinence, hardiesse. Le mot a beau changer, la substance reste la même. Nous médecins, nous avons déjà assez de problèmes : horaires sans fin, vie de famille virtuelle, urgences jour et nuit, responsabilités sans frontières, pressions des pharmaceutiques, des politiciens, des assurances.

La technique Alexander. Dina Roberts 
Rencontre avec Matthieu Gaudeau et la technique Alexander. Dina : Qu’est-ce que la technique Alexander ? Matthieu : Elle appartient au champ des techniques d’éducation somatique et s’appuie sur un travail de l’équilibre postural. Elle considère l’être humain dans sa globalité, affirmant que l’ensemble corps-pensée-émotion constitue un tout indissociable, en perpétuelle interaction. Elle propose de faire l’expérience de la cohérence d’un geste équilibré et coordonné, condition nécessaire au relâchement des tensions et à l’apprentissage d’un équilibre général. 

Les cartes postales de mon enfance volent dans le ciel. Sophie Cohen
Les cartes postales de mon enfance volent dans le ciel. Je ne les vois pas... Je les entends. 
Les entendez-vous ? Attirée par le son... ma main veut tenir... tout mon être se tourne avec curiosité... Ma peau écoute, mon cœur cherche... Mes oreilles s’ouvrent... D’où vient le son... Le son des cartes postales de mon enfance. Je suis là et mes petites mains tiennent cette merveille... Une carte avec un petit caneton... Jaune, duveteux, avec un bec rosé... Il semble me regarder.

Pas de côté hors temps et à travers le temps. Christine Guilloux
Tenus en haleine, depuis le numéro de mai, pour visiter l’un des ouvrages de Nuccio Ordine, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de la Renaissance et de l’œuvre du philosophe Giordano Bruno : « L’utilité de l’inutile : Un manifeste ». Parcours du combattant pour accéder à ce petit ouvrage, d’abord indisponible chez le libraire, parallèlement subtilisé par un lecteur rapiat à la bibliothèque municipale. Il se fait désirer, ce manifeste. 

8e Colloque de l’AFEHM à Paris : « Hypnose et phobies ». Dr Grégory Tosti
Le samedi  21 mai 2016 s’est tenu à Paris le 8e Congrès de l’AFEHM, ayant pour thème cette année « Hypnose et phobies ». Tout au long de cette journée, le Dr Jean-Marc Benhaiem et son équipe ont mis en évidence que l’on retrouve dans le traitement de la phobie par l’hypnose l’essence même de ce qui constitue la thérapie par l’hypnose, à savoir la fin de la mise à distance du patient avec sa peur, la réintégration de tous les éléments de sa vie pour, à nouveau, appartenir à un tout, se fondre à nouveau dans cette « circulation universelle » que décrit si bien Hegel.

Interview du Dr Bruno Dubos. Dr Gérard Fitoussi
« L’hypnose est un art thérapeutique, et comme dans toute démarche artistique, il faut de la créativité ». Bonjour Bruno ! Peux-tu nous parler de ton parcours personnel ? Bruno Dubos : Je me suis formé à l’hypnose en 1990, durant mon internat de spécialité en psychiatrie. J’ai rapidement exercé en cabinet libéral, car il me semblait difficile de travailler dans un cadre institutionnel. La pratique de l’hypnose thérapeutique nécessitant de la souplesse dans les modalités d’intervention auprès des patients, il me semblait impossible de composer avec les contraintes de l’institution psychiatrique. 

Hypnose, Science et Recherche. Dr Adrian Chaboche 
Cette rubrique naît de la volonté de nous (in)former en partageant les découvertes et travaux récents ou remarquables. Depuis une quinzaine d’années, l’intérêt scientifique porté à l’hypnose est proportionnel à sa notoriété renouvelée. Il n’est pas sans rappeler le nombre d’hôpitaux et de soignants qui utilisent l’hypnose au quotidien et les demandes sont exponentielles. Mais dès le XVIIIe siècle, et les deux commissions nommées par Louis XVI soldées par l’éviction du magnétisme animal de la scène médicale, hypnose et science n’ont cessé de débattre de leurs liens partagés autant que de leurs divergences.

Eloge du Hamac. Dr Patrick Bellet
Hamac. Hamac. Quel son, quel élan ! Si tu l’as lu vite, alors recommence. Plus lentement. Aspire le H et souffle ensuite. Ça y est, il oscille, il se balance. Ecoute le chant du hamac. Une sorte de battement lent et souple. Feutré, rond et grave. Une houle de terre avec les subtils arômes de l’été comme écume. Il a deux boucles, son corps est flexible, élastique, et quand l’été revient, accroché à l’ombre entre deux arbres, il s’étire et se creuse. Avec les tilleuls comme points d’amarrage, en apothéose de la sieste.


Rédigé le 10/11/2016 à 17:22 modifié le 10/11/2016


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