Quand les acouphènes persistent, les sujets en souffrance devraient pouvoir bénéficier d’une prise en charge psychosomatique, or pour l’instant, rares sont les ORL formés à la psychothérapie et à la psychosomatique.
Les psychologues psychothérapeutes quant à eux, n’étant pas ORL, ne peuvent pas revendiquer le titre de psychosomaticien dans cette spécialité.
La solution est une collaboration entre les ORL et les psychothérapeutes. Par leurs échanges réguliers, les uns formeraient les autres et réciproquement.
Les patients ignorent tout de la psychosomatique. Ils viennent parler de leurs symptômes. Tout un vocabulaire imagé caractérise les acouphènes. D’un point de vue qualitatif, savoir quelle est la ressemblance de l'acouphène avec tous les noms d’oiseaux ou d’insectes ne présente que peu d’intérêt mais le patient a besoin d'en parler.
Ce temps d'écoute fait partie du traitement du moins au début.
Puis viendra un autre temps où le patient comprendra qu'il y a d’autres choses plus importantes à traiter, l’acouphène n’étant qu’une sonnette d’alarme et finalement une amie. Elle prévient que « quelque chose ne va pas » et c’est ce que nous allons prendre en compte et traiter. Très vite, il n’est plus question des acouphènes.
Car ce que l’on traite :
– Ce sont plus les représentations que les patients "se font" de leurs oreilles, de leurs acouphènes ou de toutes autres pathologies.
– Ce sont les raisons pour lesquelles ils deviennent intolérables : surmenage, conflits, burnout, stress post-traumatique, agressions associées à un traumatisme sonore ou à des paroles dévalorisantes, cataclysmes, séquelles de guerre...
– Ce sont les retentissements émotionnels, comportementaux et cognitifs de ce symptôme qui n’est que la partie visible de l’iceberg.
Résultats
Cette prise en charge intégrative a prouvé son efficacité alliant les données de l’ORL et des psychothérapies adaptées à chaque cas. Les bénéfices sont généralisables à de nombreuses autres situations de la vie mais aussi à d'autres symptômes qui peuvent disparaître tout comme les acouphènes.
Ainsi avec l’hypnose et l’EMDR, il est arrivé que des patients traités pour des acouphènes aient constaté des bénéfices aussi sur les vertiges, les surdités brusques, l’asthme, le psoriasis, l’eczéma ou les troubles sexuels. Ces troubles associés n'avaient pas été évoqués en consultation et ne faisaient pas l’objet du traitement. Les personnes sachant mieux gérer les conflits, ont gagné une meilleure estime d’elles-mêmes. Elles avancent désormais plus confiantes dans la vie. L'état dépressif a ainsi pu être traité.
La prise en charge psychosomatique des acouphènes est spécifique
Elle doit être pratiquée par des psychothérapeutes expérimentés en association avec les ORL. Le mieux serait dans un premier temps de former les ORL à la psychosomatique. Le diagnostic et le traitement précoces pourraient juguler l'errance médicale très fréquente lorsqu'il s'agit des pathologies fonctionnelles.
Les praticiens, les audioprothésistes, les associations, les médias doivent savoir que la démarche va dans le sens de l’oubli de ces bruits physiologiques en rassurant et non pas en inquiétant. L’anxiété aurait plutôt tendance à les fixer dans la mémoire et donc à les pérenniser.
Ceci nécessite de la part des soignants une connaissance en anatomie et neurophysiologie de l'oreille, une formation à la gestion des émotions, à la résolution des problèmes de la vie présente, passée et à venir grâce aux psychothérapies exercées de façon intégrative. Connaître la partie enfouie de l’iceberg nécessite du temps, de l’argent. Il s’agit d’une prise en charge contractuelle. Une alliance doit se créer entre les deux partis, c’est un gage de réussite.
Cette thérapie s’adresse à des patients motivés.
En psychosomatique, nous ne traitons pas seulement des symptômes mais des personnes dans leur globalité familiale, médico-sociale, affective et culturelle.
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Corinne et ses peurs. Sophie COHEN. Revue Hypnose et Thérapies Brèves n° 70.