Le débat s’annonce houleux. Il existe désormais plusieurs façons de combattre les troubles cardiovasculaires. Faire baisser notre taux de cholestérol à grand renfort de médicaments n’est plus la seule arme contre l’infarctus. L’enjeu est de taille. En France, un tiers des décès sont dus aux maladies cardiovasculaires. Raison de plus pour prévenir l’infarctus et éviter sa récidive. Tel était le thème des dernières Rencontres Médecines douces de l’hôpital Tenon à Paris (1).
>Méthodes ” statiniennes “
” Pour lutter contre les maladies cardiovasculaires, on a d’abord cru qu’il fallait diminuer son taux de cholestérol, rappelle Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS. Des régimes et des traitements ont été proposés pour cela. ” Depuis des décennies, la médecine classique propose les médicaments hypocholestérolémiants, à savoir les statines, découvertes il y a trente ans. Elles diminuent la fabrication du cholestérol au niveau du foie.
Chercheurs, cardiologues et nutritionnistes nuancent toutefois leur enthousiasme pour ces traitements en rappelant leurs effets secondaires : les statines provoquent des douleurs et une fonte musculaire ; elles peuvent aussi menacer le foie.
>L’étude de Lyon change la donne
” Pour vérifier l’efficacité d’un traitement cardiovasculaire, il faut examiner son effet sur la mortalité, explique crûment Michel de Lorgeril. Quatre études montrent que les traitements destinés à faire baisser notre taux de cholestérol ne sont pas si efficaces contre les infarctus. ” La diminution du nombre des décès est très faible. On ne la constate que pour 1 % des patients (étude Ascott), 7 % (étude Propser) ou 13 % (études HPS et Allhat-Llt). Des nutriments naturels, les acides gras oméga 3, obtiennent de meilleurs résultats.
Michel de Lorgeril et Serge Renaud ont mené, de leur côté, une étude à Lyon auprès de 605 patients ayant subi un infarctus. Un premier groupe s’est vu proposer un ” régime prudent “, pour réduire les graisses. Un second a reçu des oméga 3, sous forme d’huile de colza et a suivi un régime de type méditerranéen : plus de légumes, de fruits, de céréales, moins de viande, absence de produits laitiers entiers…
Après vingt-sept mois de traitement, chez les patients recevant des oméga 3, les chercheurs ont constaté une réduction des décès d’origine cardiaque de 70 %, et une baisse des incidents coronaires, type infarctus, de 73 %. Les taux de cholestérol ou de triglycérides n’avaient pas chuté.
Ces effets seraient causés par l’action des acides gras oméga 3 contre la formation anormale de caillots dans les artères ou dans les veines (thromboses) et contre l’agrégation des plaquettes (mécanisme qui contribuerait à la formation de caillots dans le sang).
>Un élixir de longue vie
Dans la célèbre revue scientifique The Lancet, d’autres études font état des excellents résultats des oméga 3. En Grande-Bretagne, trois programmes nutritionnels ont été proposés à 2 033 hommes victimes … …d’infarctus depuis moins de quarante jours. Une chute de 30 % du nombre des décès par récidive d’infarctus a été constatée chez les patients ayant augmenté leur consommation d’oméga 3. Ils y sont parvenus soit en mangeant du poisson deux fois par semaine, soit par une supplémentation hebdomadaire d’oméga 3.
” Une autre étude a été réalisée par l’ensemble des cardiologues d’une région d’Italie, indique Michel de Lorgeril, auprès de 11 324 patients venant de subir un infarctus du myocarde. ” Ils ont remarqué qu’une supplémentation en oméga 3 permettait une baisse de la mortalité cardiovasculaire de 30 %. ” Les résultats des statines sont loin d’être aussi bons ! ” affirme Michel de Lorgeril.
Devant tant de données favorables, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a réalisé un rapport concluant que les oméga 3 occupent une place insuffisante dans l’alimentation des Français (2). Elle conseille d’en absorber davantage, qu’ils soient d’origine végétale ou marine.
Où les trouver ?
> Dans les huiles
Les huiles de colza, noix, soja, germe de blé sont riches en oméga 3. Si l’on peut chauffer certaines huiles, celle de colza porte souvent la mention ” pour l’assaisonnement “. Or, ” de récentes recherches françaises montrent que cette huile supporte bien la chaleur lors d’une cuisson à feu doux ou moyen, comme pour une ratatouille ou un poisson, indique Jacques Fricker, nutritionniste à l’hôpital Bichat et auteur de Bien manger pour être au top (éd.Odile Jacob). Mais on évitera les fritures à l’huile de colza. “
> Dans le poisson
” Il faut manger du poisson au moins deux fois par semaine, réaffirme Jacques Fricker.
Les poissons gras seront privilégiés, car ils sont plus riches en oméga 3. ” On préférera le poisson frais. ” Au bout de trois mois de congélation, les taux d’oméga 3 chutent, indique le nutritionniste. Il faudrait les surgeler soi-même et les consommer dans les quatre-vingt-dix jours pour bénéficier de leur présence. En revanche, les oméga 3 ne disparaissent pas quand on garde en conserve des poissons comme les sardines ou les maquereaux. “
> Dans les aliments enrichis
De plus en plus d’aliments dits ” riches en oméga 3 ” sont commercialisés. L’estampille ” Bleu Blanc Cœur ” permet d’en identifier une cinquantaine : œufs, pain aux graines de lin, fromages et laits, viande de bœuf ou de porc, charcuterie… ” Des produits d’animaux nourris à base de graines de lin ou de végétaux riches en précurseurs des oméga 3 comme l’herbe jeune de printemps “, explique Nathalie Kerhoas à l’association Bleu Blanc Cœur.
> Dans les compléments alimentaires
Faute de temps pour cuisiner, une supplémentation en gélules ou capsules est nécessaire (Capital Cœur de Biotechnie, Ergy 3 de Nutergia, Maxepa de Pierre Fabre, Mega 65 d’Arkopharma, Mix Alpha 3 de Synergia, Omégacœur d’Holistica, OM3 d’Isodis Natura). Vendus en magasins spécialisés et pharmacies, on peut se procurer ces compléments sur Internet : www.vitalplus.com/sommaire.htm. À moins de 30 € par mois, pour un apport de 15 000 à 30 000 mg par jour.
Source : limpatient.wordpress.com