Lucile est âgée de 14 ans. Elle vient avec sa maman. Elle entre et je vois que sa démarche est hésitante. Elles s’assoient toutes les deux. Sa mère précise qu’elle peut laisser Lucile seule si elle le souhaite. Après une brève oeillade vers Lucile, il me semble déceler qu’elle préfère que sa mère soit présente. Je propose qu’elle reste dans un premier temps et qu’en effet si au cours de la consultation il s’avère utile à Lucile et moi d’être seules, je le lui proposerai. Je vois que Lucile est soulagée. Ses épaules se posent et elle s’assoit plus profondément dans le canapé. Je me présente et laisse la parole à Lucile.
- Thérapeute : « Veux-tu me dire ce qui t’amène ? Lucile fait un peu la tête et ne répond pas. Je me tourne vers la maman et lui propose :
- Th. : Pouvez-vous me préciser le motif de la consultation ?
- Maman : Lucile a beaucoup consulté, c’est M. qui m’a recommandé à vous. Elle a vu son médecin généraliste qui a diagnostiqué des migraines. Elle a vu un médecin chinois. Et encore d’autres… Mais rien n’y fait, Lucile a toujours mal. La neurologue a confirmé les migraines et proposé des anti-inflammatoires. Jusque-là Lucile ne prenait que du Doliprane.
Nous ne souhaitons pas entrer dans l’escalade des médicaments.
- Th. : Je comprends. Lucile, que voudrais-tu ajouter ?
- Lucile : C’est ça, j’ai mal à la tête.
- Th. : Peux-tu me montrer où tu as mal ? Comment ça fait ? Ce que tu ressens ? Lucile désigne le devant du front, les yeux.
- Lucile : C’est comme si on m’appuyait là, sur les yeux, très fort... Comme si ça allait exploser de l’intérieur.
- Th. : Dans quelles situations est-ce que tu ressens cela ? As-tu repéré des situations particulières ?
- Maman : C’est tous les jours en ce moment, il faut dire que Lucile joue sur écran toute la journée.
- Th. : A quoi joues-tu ? Qu’est-ce que tu aimes faire d’autre ?
- Lucile : Je joue à des jeux vidéo. J’aime bien être seule. » Précisons que Lucile est fille unique. Ses parents vivent séparés. Le papa, selon Lucile – nous le verrons un peu plus tard dans la consultation – est très stressé.
- Th. : « Quelles sont les circonstances qui aggravent tes migraines ?
- Lucile : Quand j’ai chaud, que je vais au soleil sans chapeau, quand je fais du sport dehors.
- Th. : Tu portes des lunettes, as-tu dit à l’ophtalmo que tu as des migraines ?
- Maman : Lucile l’a consulté en juin mais n’a pas précisé les migraines. Ça va mieux depuis qu’elle joue sur un écran plus grand et non sur le téléphone ou une tablette. Elle règle aussi la luminosité.
- Lucile : J’ai des migraines tous les jours.
- Th. : Avant de dire que tout est psychologique, je vous invite à revoir l’ophtalmo et à demander un bilan d’orthoptie, l’avez-vous déjà fait ?
- Maman : C’est une bonne idée. En effet, Lucile avait fait des séances étant plus petite et je remarque qu’un de ses yeux a tendance à venir au centre.
- Th. : Quel lien fais-tu entre tes migraines et les jeux vidéo ?
- Lucile : Oui, quand je joue j’ai mal à la tête mais j’aime jouer.
- Th. : J’entends que tu aimes jouer et pour continuer à jouer et prendre du plaisir à faire ce que tu aimes longtemps, il est nécessaire que ta tête aille bien, est-ce exact ?
- Lucile : Oui.
- Th. : Comment pourrais-tu faire pour jouer longtemps sans mal de tête ?
- Lucile : Oui, faire des pauses ou changer d’activité.
- Th. : Quelles sont les autres activités que tu aimes faire ?
- Lucile : J’aime dessiner et lire. Je constate que ce sont des activités solitaires qui sollicitent aussi sa vision de près.
- Th. : Chouette, tu aimes dessiner et lire. As-tu des amis ? Lucile réfléchit et compte sur ses doigts les amis.
- Lucile : J’ai des amis, certains avec qui je joue aux jeux vidéo, d’autres avec qui je fais du volley ou d’autres avec qui je vais me baigner.
- Th. : Comment pourrais-tu utiliser toutes ces activités pour te permettre de jouer en confort, sans ces migraines qui t’ennuient vraiment et t’entraînent à consulter ? Et j’ai bien compris que tu en avais assez de consulter inutilement.
- Lucile : Oui, je pourrais varier les activités.
- Th. : En général, à partir de combien de temps as-tu une baisse de concentration : une heure ? Tu sais, les rythmes scolaires sont fait ainsi, le cours dure 55 minutes puis il y a 5 minutes de pause. Que penses-tu de conserver ce rythme ?...
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- Thérapeute : « Veux-tu me dire ce qui t’amène ? Lucile fait un peu la tête et ne répond pas. Je me tourne vers la maman et lui propose :
- Th. : Pouvez-vous me préciser le motif de la consultation ?
- Maman : Lucile a beaucoup consulté, c’est M. qui m’a recommandé à vous. Elle a vu son médecin généraliste qui a diagnostiqué des migraines. Elle a vu un médecin chinois. Et encore d’autres… Mais rien n’y fait, Lucile a toujours mal. La neurologue a confirmé les migraines et proposé des anti-inflammatoires. Jusque-là Lucile ne prenait que du Doliprane.
Nous ne souhaitons pas entrer dans l’escalade des médicaments.
- Th. : Je comprends. Lucile, que voudrais-tu ajouter ?
- Lucile : C’est ça, j’ai mal à la tête.
- Th. : Peux-tu me montrer où tu as mal ? Comment ça fait ? Ce que tu ressens ? Lucile désigne le devant du front, les yeux.
- Lucile : C’est comme si on m’appuyait là, sur les yeux, très fort... Comme si ça allait exploser de l’intérieur.
- Th. : Dans quelles situations est-ce que tu ressens cela ? As-tu repéré des situations particulières ?
- Maman : C’est tous les jours en ce moment, il faut dire que Lucile joue sur écran toute la journée.
- Th. : A quoi joues-tu ? Qu’est-ce que tu aimes faire d’autre ?
- Lucile : Je joue à des jeux vidéo. J’aime bien être seule. » Précisons que Lucile est fille unique. Ses parents vivent séparés. Le papa, selon Lucile – nous le verrons un peu plus tard dans la consultation – est très stressé.
- Th. : « Quelles sont les circonstances qui aggravent tes migraines ?
- Lucile : Quand j’ai chaud, que je vais au soleil sans chapeau, quand je fais du sport dehors.
- Th. : Tu portes des lunettes, as-tu dit à l’ophtalmo que tu as des migraines ?
- Maman : Lucile l’a consulté en juin mais n’a pas précisé les migraines. Ça va mieux depuis qu’elle joue sur un écran plus grand et non sur le téléphone ou une tablette. Elle règle aussi la luminosité.
- Lucile : J’ai des migraines tous les jours.
- Th. : Avant de dire que tout est psychologique, je vous invite à revoir l’ophtalmo et à demander un bilan d’orthoptie, l’avez-vous déjà fait ?
- Maman : C’est une bonne idée. En effet, Lucile avait fait des séances étant plus petite et je remarque qu’un de ses yeux a tendance à venir au centre.
- Th. : Quel lien fais-tu entre tes migraines et les jeux vidéo ?
- Lucile : Oui, quand je joue j’ai mal à la tête mais j’aime jouer.
- Th. : J’entends que tu aimes jouer et pour continuer à jouer et prendre du plaisir à faire ce que tu aimes longtemps, il est nécessaire que ta tête aille bien, est-ce exact ?
- Lucile : Oui.
- Th. : Comment pourrais-tu faire pour jouer longtemps sans mal de tête ?
- Lucile : Oui, faire des pauses ou changer d’activité.
- Th. : Quelles sont les autres activités que tu aimes faire ?
- Lucile : J’aime dessiner et lire. Je constate que ce sont des activités solitaires qui sollicitent aussi sa vision de près.
- Th. : Chouette, tu aimes dessiner et lire. As-tu des amis ? Lucile réfléchit et compte sur ses doigts les amis.
- Lucile : J’ai des amis, certains avec qui je joue aux jeux vidéo, d’autres avec qui je fais du volley ou d’autres avec qui je vais me baigner.
- Th. : Comment pourrais-tu utiliser toutes ces activités pour te permettre de jouer en confort, sans ces migraines qui t’ennuient vraiment et t’entraînent à consulter ? Et j’ai bien compris que tu en avais assez de consulter inutilement.
- Lucile : Oui, je pourrais varier les activités.
- Th. : En général, à partir de combien de temps as-tu une baisse de concentration : une heure ? Tu sais, les rythmes scolaires sont fait ainsi, le cours dure 55 minutes puis il y a 5 minutes de pause. Que penses-tu de conserver ce rythme ?...
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Sophie COHEN
Psychologue, pratique l’hypnose depuis plus de vingt ans. Intervient dans de nombreux instituts ou diplômes universitaires en France et à l’étranger. Directrice de l’iconographie de la revue « Hypnose & Thérapies brèves » et autrice pour les rubriques « Livres en bouche » et « Bonjour et après ».