Mémoire: Carences et vieillissement cérébral



Stimuler un organe ou un système carencé revient à appuyer sur l’accélérateur d’une voiture dont le réservoir à essence est vide. Attention aux excès, qui sont aussi dommageables que les carences.



Comme tous les organes, le cerveau souffre des déficits nutritionnels. Même si nous vivons dans un pays riche, ces déficits sont fréquents. Des phrases du style « une alimentation équilibrée est suffisante pour être en bonne santé » sont très pernicieuses. Les nutritionnistes ont bien des difficultés à se mettre d’accord sur ce qu’est une alimentation équilibrée. Actuellement, le régime Crétois bénéficie d’une image de marque particulièrement positive mais est-elle adaptée et suffisante pour tous ?

Pour mettre en évidence un déficit nutritionnel, l’interrogatoire est très insuffisant. Bien entendu, dans les cas extrêmes, jamais de fruits et de légumes, régime végétalien exclusif ou absence totale d’apport d’oméga 3, on peut facilement conseiller des modifications alimentaires ou une supplémentation. Dans la réalité, nous rencontrons des situations intermédiaires.
Certaines maladies modifient l’équilibre nutritionnel dans des proportions difficiles à déterminer. En fonction des enzymes digestives, de l’état de la flore et de la muqueuse intestinales, l’absorption des différents nutriments sera très variable. Une nutrition idéale doit donc être individualisée, c’est-à-dire définie en fonction de l’état de l’individu. Il est donc nécessaire de pratiquer des tests biologiques.

Prévention avant tout

Imaginer que l’on va pouvoir guérir une maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence avec des compléments nutritionnels est assez utopique. En cas de trouble de concentration lié au stress, la réversibilité est tout à fait atteignable.
La prévention nutritionnelle, si elle se veut vraiment efficace, doit se situer avant l’apparition des troubles irréversibles, c’est-à-dire au plus tard entre 40 et 50 ans. Après 50 ans, les lésions sont déjà installées, il s’agira plus de stabilisation.

Les nutriments du cerveau

L’oxygène
Trop souvent oublié il n’en demeure pas moins essentiel. Son apport dépend d’une bonne fonction respiratoire et de la bonne utilisation de cette fonction. Il faut aussi un transport de cet oxygène par les globules rouges qui doivent comporter suffisamment d’hémoglobine mais aussi être assez souples pour circuler dans les vaisseaux cérébraux qui ont souvent tendance à se rétrécir avec l’âge.

Les acides gras
La souplesse dépend du bon équilibre des acides gras. Ce sont les acides gras polyinsaturés qui augmentent la souplesse des membranes. Attention aux excès, car trop de souplesse ne permet pas une structure résistante ! La mode est aux oméga 3 car la majorité de la population n’en absorbe pas suffisamment au regard de ses besoins. Les propriétés bénéfiques pour le cerveau ne sont plus à démontrer.

Les sucres
Le cerveau est un grand consommateur de sucre. Les glucides sont stockés sous forme de graisse souvent peu esthétiques (hanches, abdomen). Si les réserves sont insuffisantes et que l’apport de sucres lents (féculents) est trop réduit ceci peut nuire au cerveau. Le sucre est aussi nécessaire au métabolisme de la sérotonine, le neuromédiateur du contrôle émotionnel. Attention l’excès de sucre expose au diabète. Le sucre en excès dans le sang est toxique pour les cellules neurologiques.

Les protéines
Elles constituent notre source d’acides aminés. Ce qui nous permet de fabriquer nos propres protéines dont les fonctions sont nombreuses (structure, enzymes). Certains servent aussi à la production de nos neuromédiateurs (L Tyrosine, tryptophane).
Une alimentation riche en protéine est recommandée en vieillissant.
Le profil urinaire de neuromédiateurs permet d’adapter les doses et les indications en particulier pour les traitements au long cours.
La vitamine D est bien connue pour les os pourtant son effet bénéfique sur le cerveau que ce soit pour prévenir la dépression ou les troubles de mémoire liés à l’âge est aussi important.

Coenzyme Q10
Avec le développement de la phobie du cholestérol, les prescriptions de médicaments visant à diminuer leur concentration sanguine a fait une percée. Ces médicaments freinent la production du coenzyme Q10. Celui-ci joue un rôle essentiel dans la production d’énergie de notre organisme d’où les répercussions sur les muscles ou la sensation de fatigue. Le cerveau est aussi un grand consommateur d’énergie, il n’est donc pas étonnant de voir apparaître des troubles de mémoire chez les personnes plus ou moins âgées prenant ce type de médicament au long cours.

Nous ne passerons pas en revue tous les nutriments. Les cellules cérébrales comme les autres cellules de notre corps souffrent de déficit que ce soit en fer, en vitamine B ou l’ensemble des nutriments. Seule une approche raisonnée biologique permet de faire des choix en fonction des carences ou des états (immunitaires, inflammatoires, hormonaux, métaboliques, génétiques) de l’individu.



Rédigé le 03/03/2009 à 15:07 modifié le 04/03/2009


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