La méthode Feldenkrais propose d’utiliser le mouvement juste. Elle s’adresse aussi au psychisme
Une séance selon la méthode Feldenkrais commence souvent ainsi : allongé sur un confortable tapis, on vous demande d’apprécier le contact avec le sol. Quel est l’espace entre la région lombaire et le sol ? En est-elle rapprochée, éloignée ? Est-ce le même espace à droite et à gauche ? Puis commencent les mouvements :
« Mettez-vous sur le côté droit, les deux jambes pliées à angle droit l’une sur l’autre », précise le praticien.
« Attrapez le genou gauche avec la main gauche et commencez à écarter ce genou en le ramenant ensuite un peu vers la poitrine. Dès le début du mouvement, vous devez laisser rouler la tête, le dos, le bassin. Détail important : la jambe droite va rester tout le temps sur le sol. Répétez le mouvement six à sept fois… »
« Lorsque la jambe gauche est ouverte à son maximum sans forcer, que le visage regarde vers le plafond, que le bassin repose presque complètement sur le sol, soulevez la jambe droite pour vous retrouver complètement sur le dos, les deux genoux écartés, les coudes légèrement pliés, les deux mains sur les genoux. Répétez ce mouvement plusieurs fois. Roulez complètement sur le côté droit, les deux genoux et les pieds revenant l’un sur l’autre ; puis le genou gauche s’écarte et dans un deuxième temps, le genou droit se soulève également. »
« Posez les deux pieds au sol, lorsque vous êtes sur le dos, et allongez vos jambes en les faisant glisser l’une après l’autre ; observez si la région lombaire s’est relâchée, si le contact avec le sol est meilleur à droite ou à gauche. » Dans un premier temps, les mouvements sont exécutés lentement, en veillant à ne pas bloquer la respiration, afin d’affiner ses sensations et de porter attention à la façon dont on exécute le mouvement (« Est-ce que je me tors d’un côté, est-ce que cela me procure des douleurs ?… »). Quand le mouvement devient aisé, on le reproduit plus rapidement pour ne pas rester dans le mental, et donc détendre l’esprit.
Rééduquer son dos et organiser sa vie mentale
« Rien à propos de nos schémas de comportement – se baisser pour ramasser un objet, par exemple – n’est permanent, si ce n’est notre conviction qu’ils le sont », remarquait Moshe Feldenkrais, ingénieur et physicien, à la fin des années 30. Fort de cette conviction, il propose donc d’utiliser le mouvement juste, c’est-à-dire qui n’engendre ni tension ni douleur. Ce mouvement, qui ne sera plus ni automatique ni exécuté sans ressenti, va permettre un meilleur contrôle de soi, de réguler le système nerveux (une diminution de la nervosité, par exemple), ce qui aura pour effet de réorganiser la vie émotionnelle et mentale (une plus grande maîtrise des émotions négatives la peur, en particulier). « On peut remarquer d’ailleurs qu’au fur et à mesure les mouvements deviennent plus fluides et déliés », précise Françoise Figuière, kinésithérapeute, diplômée Feldenkrais. La méthode ne comporte pas d’étirements. Et on recommande, après une séance, de ne pas s’étirer, cela afin de rester avec les sensations que le corps vient d’enregistrer et d’intégrer les nouveaux schémas appris.La méthode de gymnastique douce de Moshe Feldenkrais repose sur des principes d’arts martiaux, notamment le judo, dont il était passionné. On y retrouve l’aspect oriental des techniques corporelles : effort minimal avec effet maximal des mouvements. Ceux-ci doivent être exécutés le plus lentement possible et le plus agréablement. Chaque séance vise à une prise de conscience de soi. « Il n’y pas de modèle à imiter, chacun doit être libre de sentir et d’explorer les mouvements proposés suivant sa morphologie et son histoire, ce qui engendre une certaine créativité. On joue, on sent, on apprivoise son corps pour découvrir petit à petit la meilleure façon de contourner ses limites et être plus efficace dans l’action », précise Françoise Figuière.
Stressés, insomniaques, rhumatisants…
Les indications de cette technique sont nombreuses. L’insomnie, le stress, les rhumatismes, les contractures, les tensions, le mal de dos… En effet, les vertèbres cervicales (du cou) et les lombaires (vertèbres proches des reins) sont souvent trop sollicitées, tandis qu’à l’inverse d’autres régions ne le sont pas assez, telles les vertèbres dorsales et les hanches. Grâce à cette méthode, on réalise une meilleure répartition des mouvements, ce qui permet de prévenir une usure prématurée du système osseux et qui donne davantage de force et de vitalité (voir encadré, ci-contre).
Diminution des tensions musculaires, des douleurs chroniques…
La pratique de la méthode engendre également une diminution des tensions musculaires, des douleurs chroniques, ainsi que des raideurs, et elle permet de reculer le seuil de fatigue dans les positions assise et debout. Elle s’adresse aux sujets de tous âges, enfants comme personnes âgées. Parmi les professionnels, elle est destinée, en particulier, aux kinésithérapeutes, aux psychomotriciens, aux psychologues, aux éducateurs sportifs, aux professeurs de yoga, aux chanteurs, aux danseurs, et à tous ceux qui veulent se familiariser avec cet enseignement pour leur développement personnel. Elle ne comporte aucune contre-indication. On peut la pratiquer chez soi.
Source : [limpatient.wordpress.com]url:http://limpatient.wordpress.com