Musicothérapie, Musico-Stressologie et Grand Prématuré

La Musico-Stressologie face à un enfant né grand prématuré.



Si la Musico - Stressologie convient souvent aux problèmes liés à notre vie courante, sa pratique avec le milieu médical, m’a permis de rencontrer des cas beaucoup plus forts, avec des pathologies lourdes.

C’est un de ces moments privilégiés, intenses en émotion et profondément humains que je vais tenter de vous narrer, pour ce premier article :


Le Docteur B... exerçant à Paris me téléphone afin que j’essaye de prendre en compte un petit garçon né grand prématuré. Celui-ci ne communique pas ou très peu avec son entourage. Afin d’essayer de le sortir de son isolement, il a été l’objet de manipulation 24h sur 24, il ne parle pas, et son état est bien sur pour les parents des plus préoccupants. Il a été demandé à la maman de me téléphoner afin de prendre RDV avec moi.

Madame J... me téléphone, et je lui propose de me déplacer à son domicile, afin de garantir un succès maximum auprès de l’enfant, en le laissant dans son environnement. J’ai également souhaité qu’elle assiste à la séance de Musico - Stressologie et qu’elle fasse part à son enfant de la venue d’un monsieur qui lui fera écouter de la musique, même si celui-ci ne semble pas comprendre.

Je ne vous cache pas que j’étais dans mes petits souliers. Il s’agissait là pour moi d’une grande première. Aucune rencontre, aucun rapport humain n’est anodin. Cependant, une séance avec un enfant né grand prématuré, nécessitait une préparation et une approche spécifique.
Même pour les parents, pour lesquels, j’imagine, chaque nouveauté doit susciter une formidable espérance. On rentre là comme dans un magasin de porcelaine, où tout est fragile, tout peut casser, où tout peut prendre des proportions extrêmes : la prudence doit être encore plus de mise, tout en se garantissant d’une certaine objectivité.

La rencontre :

A l’arrivée à son domicile, un petit enfant regardait derrière une grande vitre. Ce fut son premier regard vers moi, et vice versa.
J’installe mon matériel sur la table de cuisine, pièce ayant la préférence de l’enfant. Pour la première fois, j’allais utiliser mon échelle émotive, dans le sens inverse de celle-ci, je m’explique : un patient qui peut s’exprimer me fait part de ce qu’il aime ou pas dans le choix de son écoute musicale. Là, pas de dialogue verbal possible, si ce n’est l’extrême sensibilité et passion qui se dégagent de cet enfant.

Je commence l’écoute musicale par un panel en partant de musiques anxieuses, pour peu à peu rejoindre des musiques plus douces.

Au bout de 20 minutes d’écoute ( bravo l’enfant ! ), il se dégage la conclusion suivante :

1. Celui-ci n’aime pas les musiques tristes et manquant de directivité ( entre autres exemples, pour les grands désaccords musicaux, il quitte tout simplement la cuisine, pour revenir un peu plus tard ).
2. Celui-ci a privilégié une musique structurée joyeuse et intellectuelle. Le grand JS BACH a le privilège d’être la musique qui l’interpelle véritablement.
3. J’ai choisi trois morceaux de musique pour celui-ci : le premier J. S. BACH, musique qui à l’évidence lui parle, il chante dessus et témoigne d’une très grande attention et émotion à son écoute, c’est donc celle-ci qui l’a fait réagir au point de lui permettre de coller au moment présent, et à l’unité d’écoute générale ( parents + moi), suivi d’un concerto de BEETHOVEN, et pour terminer un morceau de SCHUBERT, le choix des deux morceaux suivants celui de BACH, étant de le ramener à une émotion pour lui plus calme.

Mon départ :

Devant le papa et la maman de l’enfant, au moment de mon départ, celui-ci a élaboré verbalement une suite de mots certes incompréhensible, mais néanmoins totalement structurée, telle une phrase ; ce fut un moment d’une très grande intensité humaine et totalement magique…


Le but de mon intervention, était que l’enfant puisse contacter notre niveau de vie et de perception. Je pense y être quelque peu parvenu, dans le cadre d’une échelle de temps, au présent, par l’écoute de cette œuvre de BACH.
Quelle est l’incidence sur une échelle de temps plus longue ?!!! A cet égard, j’ai demandé à sa maman de lui faire écouter tous les jours les morceaux choisis, et de me rappeler dans quelques semaines, pour en connaître les résultats, et déterminer une action avec le médecin qui suit l’enfant.

Trois semaines plus tard, la maman m’envoie un mail, qui me faisait part de :

Il est très attentif à la musique, et semble souvent baigner dans un état de plénitude.



Il parle souvent du « Monsieur », et lorsque je lui demande s’il aimerait apprendre la musique, il me répond par l’affirmative avec un grand sourire.
Il parle de mieux en mieux et cherche vraiment à s’exprimer.

La suite rentre dans ce que l’on appel le secret…

En conclusion, là où tout semble ne plus rien être, le néant absolu, ce qui peut apparaître comme des manifestations anodines, prennent à ce moment une autre dimension ! Aimer la vie dans tous ces aspects, même ce que l’on pense être futile. La choyer, redevient fondamentale, au même titre que l’affection portée à ceux que l’on aime.


Rédigé le 30/09/2009 à 10:24 modifié le 30/09/2009


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