“Si je n’avais pas connu l’ostéopathie, je n’aurais pas pu aller à Sydney pour les jeux Olympiques”, déclarait David Douillet, quatre fois champion du monde et deux fois champion olympique de judo, lors d’une conférence de presse organisée par l’Association française des ostéopathes, le 12 octobre dernier. David Douillet souffrait de maux de dos chroniques à la suite d’un accident de moto. Les médecins consultés lui avaient tous annoncé que sa carrière était terminée. Mais il préféra faire confiance à l’ostéopathe qui le suivait depuis une dizaine d’années. Un an de soins et un travail commun entre l’entraîneur et l’ostéopathe lui permirent de résoudre ses problèmes et en 2000, à Sydney,de remporter une nouvelle médaille d’or. Ainsi, la plupart des fédérations sportives de haut niveau ont leur ostéopathe.
“Sans l’ostéopathie, je n’aurais jamais pu me sortir des problèmes de dos qui m’affligeaient régulièrement”, explique, par ailleurs, Hélène qui ne tarit pas d’éloges sur l’efficacité de cette thérapie. Louée par les sportifs de haut niveau, l’ostéopathie est plébiscitée par un nombre croissant de Français : quatre millions d’entre eux y auraient recours, selon une enquête de l’institut de sondage Cofremca de 1995. Après avoir été longtemps victime de l’ostracisme officiel, elle est (avec sa cousine la chiropratique) sur le point d’être reconnue. La fin d’une longue marche commencée, il y a plus d’un siècle aux États-Unis.
C’est en 1885 qu’Andrew Taylor Still donne le nom d’ostéopathie à la méthode de soins exclusivement manuelle qu’il est en train de mettre au point. Un vocable pas très heureux, car il tend à désigner en médecine classique toute maladie des os.
Still l’a choisi pour se situer vis-à-vis de l’homéopathie et de l’allopathie. Il veut souligner ainsi que le bon état de la charpente osseuse et des articulations est essentiel pour la santé. Mais ce serait une erreur de croire que l’ostéopathie s’occupe seulement de manipulations vertébrales et articulaires. C’est une médecine qui a une approche globale. Comme le pensait Still, elle peut agir au niveau de l’ensemble des grands systèmes du corps (appareils locomoteurs, systèmes digestifs, respiratoires, nerveux, cardiovasculaires, etc.).
Il s’agit d’une médecine fonctionnelle avec ses indications et contre-indications, qui ne remplace pas les autres approches médicales mais vient les compléter.
Depuis un siècle, les techniques manuelles ont beaucoup évolué et continuent de se perfectionner, certaines ont été empruntées à d’autres sources que l’ostéopathie, et si les ostéopathes n’utilisent plus une seule des techniques auxquelles Still recourait, ils continuent de se référer à ses grands principes.
“Les” ostéopathies
Premier principe : le corps est un tout. Os, sang, lymphe, nerfs, ou organes, aucune partie ne peut être soignée sans prendre en considération l’ensemble dans lequel elle s’insère. Il y a d’ailleurs un tissu qui assure l’unité de l’ensemble du corps, c’est le tissu conjonctif, ou fascia, dont Still avait pressenti l’importance.
Deuxième principe : la structure gouverne la fonction. L’ostéopathe ne s’en tient pas aux symptômes. Toute anomalie fonctionnelle correspond à un dysfonctionnement structurel. Il recherche donc quelles structures sont perturbées. Selon le niveau d’intervention, on distingue ainsi une ostéopathie “structurelle” qui intervient principalement sur le système locomoteur et une ostéopathie “viscérale” qui s’est beaucoup développée depuis cinquante ans. Il existe aussi une ostéopathie “crânienne”, appelée aussi crânio-sacrée, qui part de l’hypothèse d’un axe privilégié depuis le sacrum (dernière vertèbre) jusqu’à la sphère crânienne. L’ostéopathie crânienne a mis en évidence les micromouvements des os du crâne.
Enfin, Still avait compris l’importance de la bonne circulation du sang et de l’influx nerveux pour la régulation de l’organisme. Il affirmait, non sans raison, que le corps fabrique toutes les substances qui sont nécessaires à son équilibre, l’ostéopathie n’étant là que pour favoriser leur bonne utilisation. Bien entendu, l’alimentation et l’air que nous respirons apportent aussi des substances nécessaires à notre organisme et, à la suite de Still, les ostéopathes préconisent une bonne hygiène naturelle, à l’instar des naturopathes.
Il n’y a pas que les médicaments
La consultation en ostéopathie débute par le “diagnostic spécifique” : un interrogatoire et des examens du patient en posture debout, assis ou couché, avec des tests palpatoires qui permettent de rechercher si le patient relève bien de l’ostéopathie, et quelles zones de son corps sont perturbées. En effet, les symptômes ne sont en général que la résultante de différents problèmes, et des blocages peuvent se situer à distance de la zone douloureuse. Une entorse, par exemple, est certes un traumatisme à la cheville, mais si elle s’est produite, c’est le plus souvent parce qu’il y a d’autres problèmes qui ont affaibli le terrain.
Héritière de pratiques manuelles utilisées par les rebouteux et parfois certains médecins jusqu’au XIXe siècle, mais oubliées par la médecine moderne, l’ostéopathie rappelle de manière éclatante que la maladie ne se soigne pas uniquement avec des médicaments. Une vérité qui a dû lentement faire son chemin… Longtemps décriés, les ostéopathes ont aujourd’hui fait leurs preuves. Ils sont désormais soutenus par de nombreux médecins (chirurgiens, orthopédistes, dentistes, neurologues, pédiatres, gynécologues) et scientifiques.
Source : limpatient.wordpress.com