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Quand des charlatans se font passer pour des thérapeutes - Journal La Croix 18 Mai 2009

Dans son dernier rapport, rendu public mardi 19 mai, la Mission interministérielle de lutte contre les sectes épingle de nouveau les psychothérapies déviantes. Journal La Croix 18 mai 2009



Quand des charlatans se font passer pour des thérapeutes - Journal La Croix 18 Mai 2009
Jamais les psychothérapeutes n’ont eu autant de succès. Les « vrais », c’est-à-dire ceux qui ont été formés à des techniques éprouvées ; mais aussi les « faux », les charlatans, qui n’ont de thérapeutes que le nom. Si le phénomène n’est pas nouveau, il est en constante augmentation, alerte la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Son rapport annuel publié mardi 19 mai parle d’une « explosion de la bulle psy accompagnée de nombreuses déviances ».

Cet engouement s’explique par un croisement de l’offre et de la demande. D’un côté, « face aux difficultés des sociétés contemporaines et devant le recul de certaines institutions, dont la famille, l’accompagnement psychologique est de plus en plus sollicité pour des publics fragiles (malades, jeunes en difficulté, personnes dépendantes…), pour gérer des situations de crise (catastrophes naturelles) ou des fléaux sociaux (violence urbaine, toxicomanie, délinquance…). Cette évolution coïncide avec un élargissement constant des pratiques et des méthodes, dont le nombre se situerait aujourd’hui entre 200 et 400 », explique le chapitre du rapport consacré au « Risque santé ».

Une enquête faite au début des années 1980 par la Fédération française de psychothérapie sur un peu plus de 8 000 Français estimait, par extrapolation, que près de 3 millions de personnes avaient suivi ou suivaient encore une psychothérapie. Mais, si l’on admet que l’entourage d’un patient en thérapie est fortement concerné, en réalité huit à dix millions de personnes en subissent les effets, souligne la Miviludes. Aujourd’hui, « il est raisonnable d’estimer l’impact des pratiques psychothérapeutiques à environ douze millions de personnes », lit-on dans son rapport.

Témoignages inquiétants
Or, de 25 à 30 % de ceux qui se disent psychothérapeutes ne sont ni psychiatres, ni psychanalystes, ni titulaires d’un diplôme de psychologue. « Ils se réclament de disciplines diverses et ont des parcours de formation hétérogènes », note la Miviludes. Car le titre de psychothérapeute n’est pas protégé : n’importe qui peut s’en réclamer. Plus pour longtemps toutefois, puisque l’article réglementant la profession devrait enfin être adopté dans le cadre de la loi sur l’hôpital. Chacun pourra alors savoir à qui il se confie.

En attendant, la Miviludes dit avoir été alertée par des témoignages inquiétants sur deux types de déviance : d’abord, la nouvelle médecine germanique, inspirée par le docteur Geerd Hamer. Celle-ci « développe la thèse que toute maladie, et en particulier les cancers, naissent de graves conflits psychologiques non résolus (…) enfouis dans l’inconscient du malade. Le décryptage de ce conflit conduit à la guérison. » Un important réseau de « thérapeutes » auto-institués s’est ainsi développé sur ces bases, en dépit de plusieurs condamnations prononcées à l’encontre du fondateur de cette théorie.

La mission de lutte contre les sectes s’inquiète aussi de la pratique des faux souvenirs induits. L’an dernier déjà, la Miviludes avait épinglé cette dérive thérapeutique consistant à persuader un patient, une femme le plus souvent, que les troubles dont elle souffre sont la conséquence de l’abus sexuel que lui aurait fait subir son père ou sa mère dans l’enfance.

Fantasme et réalité
Ce phénomène a fait son apparition aux États-Unis dans les années 1990 avant de se répandre en France au début des années 2000. Il est particulièrement difficile à combattre, souligne le docteur Erik Nortier, psychiatre, qui suit chaque année environ une dizaine de victimes à la demande de l’association Alerte faux souvenirs induits (Afsi) : « Tout le problème est d’arriver à distinguer ce qui relève du fantasme et ce qui relève de la réalité, puisque les abus sexuels sur mineurs, cela existe aussi », explique l’expert psychiatre.

Combien de victimes peut-on imputer à des thérapeutes déviants ? Impossible à dire. Mais il semble que celles-ci sont bien supérieures au nombre de personnes demandant à être aidées. Si leurs proches témoignent parfois (lire les Paroles en page suivante), les principaux intéressés, eux, se manifestent peu ou pas du tout. « Soit les victimes restent complices de ce qu’elles ont traversé, persuadées que le gourou est dans le vrai ; soit elles sont sorties de cette relation d’emprise, mais pour basculer dans un refus de contact », analyse Michel Topaloff, psychiatre et psychanalyste.

Car l’effet des pratiques charlatanesques est assimilable à un traumatisme : la personne perd toute confiance en autrui. « Ce sont des gens qui ont été trompés, trahis par celui ou celle en qui ils avaient placé tous leurs espoirs. Comme s’ils avaient vécu une histoire d’amour dans laquelle le prince charmant s’avère être un salaud.

Ils en éprouvent de la honte et, en même temps, ont les plus grandes peines du monde à se confier à un nouveau thérapeute », reprend Erik Nortier.

"Illusion groupale"
Pour ces deux psychiatres, l’adhésion à une entreprise sectaire s’apparente à l’addiction toxicomaniaque. « C’est le fruit d’une rencontre entre une fragilité personnelle, un “dealer” – le gourou – et une drogue – la secte », poursuit Erik Nortier, paraphrasant le spécialiste des drogués récemment décédé Claude Olievenstein. À partir du moment où l’on entre dans ce système de croyance, que l’on fait partie du groupe, plus rien d’autre n’a d’importance. La personne vit une « illusion groupale », telle que décrite par le psychanalyste Didier Anzieu : les membres du groupe sont unis dans l’amour du père (du gourou), ils expulsent leur agressivité vers l’extérieur et vivent dans un état d’euphorie spécifique qualifié par les psychiatres d’« élation ».

Autant d’éléments qui expliquent la difficulté qu’ont les sortants de secte à se reconstruire : il leur faut à la fois faire le deuil du « paradis perdu » qu’a constitué le groupe à un moment donné, retrouver des repères leur permettant de vivre sans l’appui du groupe et admettre que ce qu’ils ont subi n’est pas sans lien avec leur histoire personnelle. Pour ce cheminement, « il est préférable qu’ils soient entourés », estime le docteur Topaloff, qui préfère adresser ces patients à un centre de thérapie familiale.

Mais la parade essentielle reste bien évidemment la prévention. La Miviludes propose ainsi de « dresser un inventaire précis et régulièrement actualisé de l’offre à risque », « d’évaluer les contenus, les limites et la dangerosité des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique » et « d’informer régulièrement le grand public ». Les psychiatres, eux, donnent quelques pistes sur les signes qui doivent alerter : « Il faut se méfier de quelqu’un qui promet la guérison psychique à tout coup », avertit ainsi le docteur Michel Topaloff.

En ce domaine, la solution miracle n’existe pas – cela se saurait. Quant à Erik Nortier, il met en garde contre les groupes qui proposent de soi-disant « tests psychologiques » minute : « à partir du moment où vous acceptez, vous êtes cuits, prévient-il, parce qu’ils savent que vous n’allez pas forcément très bien. » Des recommandations en apparence très simples, mais qui peuvent éviter à chacun d’entre nous d’être, un jour, pris dans un engrenage fatal.

Marianne GOMEZ


Rédigé le 29/05/2009 à 00:58 modifié le 29/05/2009


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Commentaires articles

1.Posté par Annieannie le 23/08/2016 00:02
Suite a des maltraitances tres graves de la part de mon pere j ai eu de graves sequelles depuis longtemps et aujourd hui je suis mise a l ecart par la fraterie qui reproduit le schema se comportant en tortionnaires

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