La réaction face à la souffrance dépend du regard que nous portons sur la maladie, c’est-à-dire de notre manière de comprendre le dysfonctionnement organique. Il existe au moins quatre possibilités :
La maladie est un problème objectif qui se réduit au symptôme
Nous sommes ici dans la logique de la lutte contre la souffrance. Des vecteurs chimiques (les médicaments) prennent pour cibles des virus et des bactéries pathogènes afin de les détruire. Il y a, certes, des dommages collatéraux (les effets secondaires) mais ceux-ci sont jugés négligeables par rapport au résultat souhaité. Dans cette logique de compétitivité et de destruction sur laquelle de larges pans de notre culture sont bâtis, la souffrance doit être éradiquée au même titre que la maladie.
Une violence – la douleur – appelle une autre violence – le combat contre la douleur… afin que l’organisme retrouve la paix, une paix conçue comme un fonctionnement biologique normal. Parfois, c’est la peur de la souffrance et non le phénomène lui-même qui justifie le traitement. Cette manière de procéder est largement dominante dans le corps médical car celui-ci est instruit par une société qui accepte comme paradigme les valeurs de violence, de lutte et d’effort en les justifiant par un modèle (obsolète) darwinien de la Nature.
En ce sens, le monde médical ne diffère pas des domaines économiques et politiques. Cette approche a pourtant l’inconvénient de réifier l’individu en le rapprochant du statut de la machine : une pièce est cassée, il suffit de la changer pour que tout remarche au mieux. L’approche vaccinale de la grippe A (H1N1) entre bien sûr dans ce double cadre fondé à la fois sur la peur et la réification de l’individu.