Trois millions de filles par an
Malgré les efforts des organisations internationales de santé pour démontrer l’horreur que les mutilations représentent pour les femmes et pour limiter la pratique de ces rituels, environ trois millions de filles par an sont susceptibles de subir ces interventions. A l’échelle mondiale, au cours des 10 dernières années, 130 à 140 millions de femmes ont subi des mutilations sexuelles, dont 92 millions en Afrique.
L’OMS classe les mutilations génitales en 4 types. Le type I correspond aux circoncisions clitoridiennes souvent associées à une clitoridectomie partielle ou complète et le type II comprend les excisions du prépuce, du clitoris et l’excision partielle ou totale des petites lèvres. Le type III concerne les excisions partielles ou totales des organes génitaux externes avec suture/rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Le type IV regroupe toutes les interventions non classées (piqûres, brûlure, perforation du clitoris et/ou des lèvres).
Les femmes victimes des mutilations génitales ont besoin d’une prise en charge médicale et psychosociale adaptée en vue de limiter leurs conséquences. Mais elles ont rarement accès à la chirurgie reconstructrice qui serait susceptible d’améliorer la qualité de leur vie.
Une intervention mise au point en France
La reconstruction chirurgicale du clitoris a été inventée et développé par un chirurgien français, Pierre Foldès, à l’hôpital de Poissy-Saint-Germain. En France, la chirurgie reconstructrice est prise en charge par le système national de santé depuis 2004. Dans un premier temps, la chirurgie a été offerte aux femmes présentant des douleurs, puis dans un deuxième temps elle a été proposée également aux femmes désirant améliorer leur qualité de vie sexuelle ou leur aspect physique.
Une large étude prospective française a évalué les résultats à court et long terme de la chirurgie reconstructrice après mutilations génitales, en termes de réduction des douleurs, d’amélioration de la vie sexuelle et de restauration d’identité.
Au total 2 938 femmes consécutives ayant consulté à l’hôpital de Poissy-Saint-Germain pour une MGF de type 2 ou 3 et âgées de plus de 18 ans (âge moyen=29 ans ; DS=7,7) ont été incluses dans cette étude. Celles qui avaient subi une mutilation de type 3 sans excision du clitoris ont été exclues. Toutes les patientes ont eu une chirurgie reconstructrice au cours de la période 1998-2009. Le but de l’intervention était de restaurer l’anatomie et le fonctionnement clitoridien.
Les femmes étaient originaires d’Afrique de l’Ouest, majoritairement du Mali, du Sénégal et de Côte d’Ivoire. Environ 80 % d’entre elles habitaient en France et la mutilation avait été pratiquée en France pour 564 (19 %) patientes. La plupart avaient subi ces mutilations entre 5 et 9 ans (âge moyen=6 ans ; DS= 3,5).
Dans la majorité des cas (60 % ; 1762/2 938), il s’agissait de MGF de type 2 avec des pseudo-infibulations, 35 % étaient des MGF de type 2 sans pseudo-infibulations et 5 % des MGF de type 3 avec excision du clitoris.
Améliorer la vie sexuelle mais surtout restaurer l’identité
En ce qui concerne les motivations conduisant à demander la chirurgie, 29 % des femmes désiraient une diminution de leurs douleurs, 81 % une amélioration de leur qualité de vie sexuelle et plus de 99 % souhaitaient restaurer leur identité.
La totalité des interventions a été effectuée par un seul chirurgien. Seulement 5 % des femmes (155) ont eu des complications immédiates (douleurs, hématome, fièvre..), mais aucune complication n’a été observée après un an de suivi.
Huit cent soixante-huit femmes seulement (29 %) ont ou être suivies un an après l’intervention. L’aspect du clitoris a été amélioré dans la majorité des cas ; 28 % présentaient un clitoris d’aspect normal et seulement 3 femmes (<1 %) ne présentaient aucun changement.
Les modifications en matière de douleurs et de plaisir clitoridien avant et après l’intervention (à un an) ont été rapportées par 841 femmes (sur 866). Parmi elles, 290 ont signalé une réduction importante des douleurs et 124 une réduction modérée. Parmi les 486 femmes qui n’avaient pas de douleurs avant l’intervention, l’une rapportait des douleurs après l’intervention et 8 autres rapportaient un inconfort.
Sur les 841 femmes suivies, 430 (51 %) témoignaient avoir des orgasmes ; environ un tiers de celles qui n’avaient jamais éprouvé d’orgasme avant l’intervention (129/368) rapportaient des orgasmes réguliers ou occasionnels...
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