SANDRINE se sent très triste...Revue Hypnose & Thérapies Brèves 74.

Sandrine me consulte parce qu’une tristesse terrible l’envahit. Elle n’en connaît pas la raison. Je l’écoute me raconter ce qui se passe dans sa vie. Une histoire de détresse conjugale et de réseaux sociaux...



- Thérapeute : « Sandrine, qu’est-ce qui vous amène ?
- Sandrine : Je ne me reconnais plus. Je n’ai plus ma joie de vivre.
- Th. : Que se passe-t-il ?
- Sandrine : Je me sens terriblement triste.
- Th. : Vous vous sentez terriblement triste, est-ce exact ? Depuis combien de temps ce changement d’humeur est-il intervenu ?
- Sandrine : Je me sens triste depuis environ deux ans. Mais ça s’est aggravé récemment. Je ne sais pas pourquoi... plutôt sans raison. Tout va bien : nos trois enfants vont bien, mon travail me plaît, j’ai des activités, sport et chant, qui me conviennent parfaitement.
- Th. : Qu’est-ce qui n’est pas nommé ? Qui est absent de cette énumération ?
- Sandrine : Mon mari. Oui, oui, c’est bien là où se situe le problème. Maintenant que vous en parlez, je m’en rends compte. Nous avons une relation depuis plus de quinze ans maintenant, une relation qui n’est pas épanouissante. Je me suis mariée pour la stabilité et la sécurité que représentait mon mari. Avant lui, j’avais des relations passionnelles et j’étais souvent tombée de haut. Alors que lui, il était sécurisant. Ce n’était pas une attirance mais plutôt la raison qui commandait.
- Th. : Est-ce que la sécurité et la stabilité que représente votre mari ont changé ?
- Sandrine : Non, il est toujours aussi prévisible. Prévoyant et présent. En ce moment il construit la maison. Et ce depuis une dizaine d’années. C’est un excellent père, je n’ai rien à lui reprocher.
- Th. : Si je comprends bien, vous n’avez rien à lui reprocher. Il n’a pas changé, il est toujours stable et sécurisant. Cependant vous n’êtes pas épanouie. Et depuis deux ans, vous vous sentez triste. Comment sont vos relations intimes ?
- Sandrine : Avec le temps nos relations sexuelles se sont beaucoup espacées. J’ai beau être attentive à mon corps, à la façon dont je m’habille, il n’y prête pas attention.
- Th. : Vous voulez dire que vous manquez d’attention de la part de votre mari ?
- Sandrine : Exactement, il ne me regarde pas. Lui-même n’est pas attentif à sa personne, il a pris du poids, du ventre. Il ne prête aucune attention à sa façon de s’habiller et à sa façon d’être avec moi.
- Th. : Vous dites que vos relations intimes se sont beaucoup espacées, n’est-ce pas ? Comment étaient-elles au début de votre relation en comparaison avec maintenant ?
- Sandrine : Avant c’était une fois par semaine. Maintenant et depuis plus de deux ans, une fois tous les quatre mois. Avant de me marier, j’étais attirée par les hommes musclés, bien habillés. Je retrouve l’importance de ces critères. »
- Th. : « Qu’est-ce qui a changé dans vos relations depuis deux ans ?
- Sandrine : J’en ai eu assez et le hasard a fait que j’ai repris contact avec un ex-amoureux via les réseaux sociaux. Notre relation était uniquement par messages. Il habite à un bout de la France, moi à un autre. Puis nous avons décidé de nous voir. C’était très bien, mais il a pris la décision d’arrêter, ne voulant pas remettre en cause sa famille. Et là je suis tombée de haut.
- Th. : Si j’ai bien entendu ce que vous avez dit, tout se passait bien avec votre ex-amoureux jusqu’au moment de la rupture brutale. Est-ce exact ?
- Sandrine : En fait, je n’ai pas compris cette rupture. Ça a été violent pour moi. J’ai eu du mal à m’en remettre, comme de mes autres relations passionnelles.
- Th. : Considérez-vous que cette relation ait été satisfaisante ?
- Sandrine : Non, ça m’a chamboulée.
- Th. : Vous dites que ça vous a chamboulée, est-ce à partir de ce moment-là que vous avez ressenti de la tristesse et une envie de pleurer ?
- Sandrine : Oui, tout à fait, je me suis sentie comme abandonnée, rejetée, pas aimée.
- Th. : Que s’est-il passé ensuite ?
- Sandrine : Je suis retournée sur les réseaux sociaux et j’ai eu une conversation très agréable par messages avec un homme que je ne connaissais pas. Au bout de quelque temps, on devait se voir, et le jour même il a annulé.
- Th. : Vous deviez le voir et il a annulé le matin même, qu’avez-vous ressenti ?
- Sandrine : Je me suis de nouveau sentie rejetée et pas aimée.
- Th. : Faites-vous un lien avec votre tristesse et les pleurs ?
- Sandrine : Oui, maintenant qu’on en parle, je me dis que ça a fait beaucoup d’expériences de rejet. A chaque fois je me sens abandonnée et pas aimée.
- Th. : Pendant ce temps-là, comment les choses se déroulaient-elles avec votre mari ?
- Sandrine : Toujours pareil, il était là. Il y a eu une autre expérience récente avec un homme dans mon club de sport. Il me plaisait beaucoup physiquement : musclé, jeune, plus jeune que moi de près de quinze ans. Ça m’a flattée. Ça se passait très bien sur le plan des relations sexuelles. Il me disait vouloir des enfants avec moi... j’y ai cru. Je lui ai dit que j’avais déjà


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Sophie Cohen

Psychologue, pratique l’hypnose depuis plus de vingt ans. Intervient dans de nombreux instituts ou diplômes universitaires en France et à l’étranger. Directrice de l’iconographie de la revue « Hypnose & Thérapies brèves » et autrice pour les rubriques « Livres en bouche » et « Bonjour et après ».

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N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024

La puissance thérapeutique de la relation humaine

Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :

Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.


Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.

Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.

Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.

Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par,  Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.

Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».

Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .

A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.

Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).

Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».

Livres en bouche du mois.




Rédigé le 19/04/2025 à 18:12 modifié le 19/04/2025


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