La dernière enquête sur la sexualité des Français(e)s, énonce clairement la hausse du degré de satisfaction sexuelle des femmes… On ne peut que se réjouir de cette bonne nouvelle. Le mouvement des femmes, l’avènement de la pilule contraceptive et du droit à l’avortement ont favorisé une sexualité féminine plus épanouie. Pour la première fois depuis des siècles, les normes et les codes sexuels édictés par l’Église et les médecins ont été remis en cause par la revendication des femmes elles-mêmes du droit à maîtriser leur vie sexuelle. Dans le cadre des groupes de parole, issus du mouvement de mai 68, elles ont parlé entre elles de leur sexualité, elles ont partagé leurs problèmes et leurs attentes et exprimé leurs désirs. Elles ont écrit des brochures et des livres. Par ailleurs, elles ont investi des univers, jusqu’à cette date essentiellement masculins, comme la médecine, la sexologie et la psychologie. Pourtant, en dépit d’avancées incontestables, des problèmes subsistent.
Un sujet difficile à aborder
La sexualité personnelle reste un sujet difficile à aborder, même avec les partenaires et les ami(e)s. ” En dépit de toute la visibilité et des recettes données par les médias, journaux et télévision, explique Mme Durou-Delanoë, sexothérapeute à Saint-Malo et qui a mis sur pied la première consultation de sexologie au CHU de Rennes en 1980, il reste et restera sans doute toujours, dans le domaine de la sexualité, la part mystérieuse de l’être humain, une part peut-être indicible. Pourtant, l’accès à la contraception a indéniablement donné une autre dimension à la sexualité féminine : la reconnaissance du désir et du plaisir. ” ” J’ai mis des mois et des mois avant de parler de mon corps et de ma sexualité à mon psy, explique Alice, et pourtant j’étais allongée sur ce divan pour parler de cela et peut-être uniquement de cela… Mais je ne trouvais pas les mots. “
Le premier congrès mondial de sexologie s’est déroulé en 1974. Depuis, recherches et études sur la physiologie de la sexualité se sont multipliées et ont permis d’explorer la palette de la sexualité féminine, plus vaste et moins centrée sur les zones génitales que celle de l’homme.
” Malgré cette nouvelle dimension, notre culture judéo-chrétienne a laissé des empreintes inconscientes très fortes, poursuit Mme Durou-Delanoë. Je vois toujours dans mon cabinet de consultation des femmes et des hommes qui ne connaissent rien de la sexualité – la leur ou celle de l’autre. Certaines femmes ignorent leurs ressources sexuelles personnelles et attendent que l’homme les fasse jouir. Certains hommes ignorent les particularités de la sexualité féminine et s’imaginent que les femmes fonctionnement exactement comme eux. “
À propos de sexualité, les médias véhiculent de nouvelles croyances et de nouvelles modes, en s’appuyant parfois sur le savoir scientifique du moment : ” Cette information est loin d’aider toujours les individus, femmes ou hommes. Elle introduit une nouvelle normalité et bascule trop souvent dans la recherche du plaisir à n’importe quel prix sans apprentissage du respect de l’autre. ” Ces nouvelles normalités contraignantes tournent autour de la consommation et de la performance. Cette vision mécaniste de la sexualité des humains a fait croire à certaines que l’on pouvait avoir des relations sexuelles sans angoisse dans n’importe quelles conditions et avec n’importe qui. Des croyances qui, sur le long terme, s’avèrent aussi aliénantes que le puritanisme du XIXe siècle. L’émergence actuelle d’une pornographie accessible au plus grand nombre sème la confusion dans les relations entre les sexes.
Les troubles de la sexualité
” Le problème le plus souvent évoqué en consultation demeure la difficulté à atteindre l’orgasme “, explique Mme Durou-Delanoë. Il s’agit d’un problème complexe car les raisons en sont aussi culturelles et sociales, pas seulement physiologiques. Il y a encore peu de temps, écrit le Dr Yves Ferroul, médecin sexologue et auteur d’un ouvrage intitulé Secrets de femmes ( Ce livre publié aux éditions Chiron en 1994 est épuisé.) : ” Le plaisir de la femme n’était pas à l’ordre du jour. Si les théologiens ont longtemps pensé qu’il fallait qu’elle prenne du plaisir afin de favoriser une meilleure procréation, le jour où les “hommes de science” leur ont expliqué que l’ovulation avait lieu de manière précise dans le cycle et que le plaisir féminin n’était pas nécessaire à cet événement physiologique, le plaisir féminin est devenu secondaire voire suspect. ” Aujourd’hui nous n’en sommes certes plus là. Du moins dans les pays occidentaux, car n’oublions pas que les droits acquis par les femmes occidentales ne le sont pas dans nombre d’autres pays et que des millions de femmes sur notre planète sont excisées et donc privées de plaisir sexuel au sens physiologique du terme. Ce non-droit au plaisir empêche encore de nombreuses femmes d’atteindre l’orgasme.
Le clitoris : une valeur sûre
La sexualité ne se réduit pas à des techniques. Elle est une forme d’expression personnelle, une communication intime entre deux êtres et s’arrête là où vous fixez vos limites. La principale zone du plaisir féminin est le clitoris. Les études de Masters et Johnson, dans les années 60, l’ont souligné. Ils ont observé en direct des milliers d’actes sexuels et ont établi que, s’il existe un plaisir lié à la pénétration, ce dernier vient essentiellement de la fusion avec l’autre et de l’éjaculation de l’homme à l’intérieur du vagin. En effet, à la différence du pénis, le vagin est très peu innervé. Le pénis reçoit au moment de la pénétration toute la stimulation du contact avec la paroi vaginale et amène l’homme à un degré maximal d’excitation, ce qui n’est pas obligatoirement le cas de la femme. Cela ne minimise pas pour autant toutes les autres zones érogènes du corps féminin, en particulier les seins.
L’apparition du ” point G ” dans les médias, variante moderne de l’orgasme vaginal freudien, ne change rien à la primauté du clitoris pour plus des deux tiers des femmes : ” Le fameux point G a déstabilisé de nombreuses femmes, explique Mme Durou-Delanoë. Il existe désormais un consensus dans la profession. Nous parlons de récepteurs plus sensitifs dans certaines zones du vagin. Mais cette perception sensorielle particulière dépend aussi des muscles du périnée, et de la conscience qu’en ont les femmes. Le corps est un tout et le corps féminin comporte de nombreuses zones érogènes, différentes d’une femme à l’autre. À chacune son orgasme. C’est un fantasme encore très masculin de penser qu’une femme jouit essentiellement par la pénétration. Certaines se calquent encore sur ce fantasme masculin par amour de l’autre. Dans ces cas, des entretiens avec le sexothérapeute aident les couples à dépasser ce préjugé et à trouver ce qui leur convient. Encore récemment, j’ai vu un couple dans lequel la femme a pu dire à son compagnon qu’elle préférait les caresses, même si elle appréciait la pénétration grâce au sentiment de donner du plaisir à son compagnon.
L’essentiel est d’établir ou de rétablir la communication entre les deux partenaires. “
Les témoignages de certaines sont très précis : ” J’ai besoin que mon partenaire me caresse pendant la pénétration, explique Elisabeth, le va-et-vient de la verge ne me suffit pas, le sexe masculin ne touchant pas le clitoris (sauf dans certaines positions). ” La femme peut aussi se mettre au-dessus, une position permettant de toucher le clitoris pendant l’acte sexuel. Pourtant, il n’existe pas de recette. Selon d’autres témoignages, cette stimulation directe n’est pas la meilleure, la vulve entière est sensible et elles apprécient que leur compagnon introduise ses doigts dans leur vagin. Pour d’autres, la langue est beaucoup plus satisfaisante. De plus, la salive a un effet lubrifiant. Enfin, certaines apprécient des caresses autour de l’anus, même si elles ne souhaitent pas de pénétration anale. Il n’existe pas de normes. L’important est de savoir communiquer avec son partenaire. ” Chez les couples jeunes actuels, le manque de temps, les soucis d’argent, les contraintes familiales nuisent à une sexualité heureuse. Il est parfois difficile de leur faire comprendre qu’ils ont simplement besoin de temps pour favoriser leur imagination et leur créativité, et souvent de partir seuls… sans les enfants. “
oser le geste
Nombreuses sont encore celles qui ne connaissent pas leur corps et ses ressources. Maitreyi Pionteck, infirmière sexologue, auteur du livre Le Tao de la femme, constate cette méconnaissance dans toutes les réunions qu’elle organise. D’où une tendance féminine à se laisser entraîner par les attentes du partenaire et à s’adapter à la sexualité masculine, en oubliant leurs propres besoins. Elle conseille alors aux femmes d’apprendre à découvrir leur corps et à connaître leurs zones érogènes : ” Apprenez à vous caresser. La sexualité féminine passe par la force des reins, par le relâchement. Il est impératif de développer sa force rénale et sa force intérieure, qui aide à vaincre la peur de se laisser aller. Le moyen le plus simple pour y parvenir est d’oser se masturber, de prendre le temps de découvrir à quoi le vagin et le clitoris réagissent le mieux. Vous pouvez utiliser des supports comme les vibromasseurs et les boules d’amour chinoises pour trouver vos points d’excitation et parvenir seule à l’orgasme. ” Pour les taoïstes, la force sexuelle est la base de la créativité, de la santé, de la vitalité et même de la spiritualité. Les femmes y apprennent à libérer la force de leurs ovaires.
ces handicaps qu’on peut surmonter
Parfois certains troubles précis handicapent la sexualité.
Le vaginisme consiste en une contraction involontaire des muscles du périnée, à tel point que la pénétration devient douloureuse, voire impossible. La première chose à faire est d’aller consulter, afin d’éliminer tout problème physiologique. Ensuite, il faut chercher à éliminer les problèmes psychologiques éventuels et peut-être tout simplement apprendre à se relaxer, car c’est bien souvent la tension exprimée par la femme qui est à l’origine de ce trouble. Il existe de nombreuses techniques respiratoires, en yoga par exemple, qui permettent de faire circuler l’énergie et de débloquer les zones génitales. ” Ce trouble peut être géré de manière très différente selon les couples, explique Mme Durou-Delanoë. Certains s’en accommodent mais consultent, car ils souhaitent avoir un enfant. “
Les dyspareunies sont des douleurs qui apparaissent au moment des rapports sans qu’il y ait de spasmes ou de contracture des muscles du périnée. ” Ces douleurs peuvent varier en fonction des moments du cycle et de la position adoptée pour faire l’amour, explique Claudine Ageron-Marque, ostéopathe formée en gynécologie.
La maternité handicape parfois un retour à la sexualité. Il peut s’agir de séquelles liées à l’épisiotomie (incision du périnée) par exemple. ” À la ménopause, la baisse de la production d’hormones sexuelles peut entraîner une sécheresse de la muqueuse vaginale et rendre les rapports plus difficiles. Pourquoi ne pas essayer alors l’ostéopathie qui, sans faire de miracles, propose des manipulations intéressantes ?
Parfois ce non-plaisir est dû à une baisse de la libido, de l’envie de faire l’amour. Dans ce domaine non plus il n’y a pas de normes… La sexualité n’est pas qu’une histoire d’orgasme, elle s’intègre dans une vie, une histoire avec ses hauts et ses bas et parfois ses reconquêtes. ” Aujourd’hui je reçois dans mon cabinet des seniors en bonne santé, sans souci d’argent et à la recherche d’une sexualité heureuse, explique Mme Durou-Delanoë. Ils ont parfois vécu leur sexualité de manière rudimentaire avec le primat de la pénétration. Or, à cet âge, la récupération est plus lente. Je leur explique que tout cela est normal et qu’il existe d’autres manières de se donner du plaisir. ” Merci la vie !
Martine Laganier
Un sujet difficile à aborder
La sexualité personnelle reste un sujet difficile à aborder, même avec les partenaires et les ami(e)s. ” En dépit de toute la visibilité et des recettes données par les médias, journaux et télévision, explique Mme Durou-Delanoë, sexothérapeute à Saint-Malo et qui a mis sur pied la première consultation de sexologie au CHU de Rennes en 1980, il reste et restera sans doute toujours, dans le domaine de la sexualité, la part mystérieuse de l’être humain, une part peut-être indicible. Pourtant, l’accès à la contraception a indéniablement donné une autre dimension à la sexualité féminine : la reconnaissance du désir et du plaisir. ” ” J’ai mis des mois et des mois avant de parler de mon corps et de ma sexualité à mon psy, explique Alice, et pourtant j’étais allongée sur ce divan pour parler de cela et peut-être uniquement de cela… Mais je ne trouvais pas les mots. “
Le premier congrès mondial de sexologie s’est déroulé en 1974. Depuis, recherches et études sur la physiologie de la sexualité se sont multipliées et ont permis d’explorer la palette de la sexualité féminine, plus vaste et moins centrée sur les zones génitales que celle de l’homme.
” Malgré cette nouvelle dimension, notre culture judéo-chrétienne a laissé des empreintes inconscientes très fortes, poursuit Mme Durou-Delanoë. Je vois toujours dans mon cabinet de consultation des femmes et des hommes qui ne connaissent rien de la sexualité – la leur ou celle de l’autre. Certaines femmes ignorent leurs ressources sexuelles personnelles et attendent que l’homme les fasse jouir. Certains hommes ignorent les particularités de la sexualité féminine et s’imaginent que les femmes fonctionnement exactement comme eux. “
À propos de sexualité, les médias véhiculent de nouvelles croyances et de nouvelles modes, en s’appuyant parfois sur le savoir scientifique du moment : ” Cette information est loin d’aider toujours les individus, femmes ou hommes. Elle introduit une nouvelle normalité et bascule trop souvent dans la recherche du plaisir à n’importe quel prix sans apprentissage du respect de l’autre. ” Ces nouvelles normalités contraignantes tournent autour de la consommation et de la performance. Cette vision mécaniste de la sexualité des humains a fait croire à certaines que l’on pouvait avoir des relations sexuelles sans angoisse dans n’importe quelles conditions et avec n’importe qui. Des croyances qui, sur le long terme, s’avèrent aussi aliénantes que le puritanisme du XIXe siècle. L’émergence actuelle d’une pornographie accessible au plus grand nombre sème la confusion dans les relations entre les sexes.
Les troubles de la sexualité
” Le problème le plus souvent évoqué en consultation demeure la difficulté à atteindre l’orgasme “, explique Mme Durou-Delanoë. Il s’agit d’un problème complexe car les raisons en sont aussi culturelles et sociales, pas seulement physiologiques. Il y a encore peu de temps, écrit le Dr Yves Ferroul, médecin sexologue et auteur d’un ouvrage intitulé Secrets de femmes ( Ce livre publié aux éditions Chiron en 1994 est épuisé.) : ” Le plaisir de la femme n’était pas à l’ordre du jour. Si les théologiens ont longtemps pensé qu’il fallait qu’elle prenne du plaisir afin de favoriser une meilleure procréation, le jour où les “hommes de science” leur ont expliqué que l’ovulation avait lieu de manière précise dans le cycle et que le plaisir féminin n’était pas nécessaire à cet événement physiologique, le plaisir féminin est devenu secondaire voire suspect. ” Aujourd’hui nous n’en sommes certes plus là. Du moins dans les pays occidentaux, car n’oublions pas que les droits acquis par les femmes occidentales ne le sont pas dans nombre d’autres pays et que des millions de femmes sur notre planète sont excisées et donc privées de plaisir sexuel au sens physiologique du terme. Ce non-droit au plaisir empêche encore de nombreuses femmes d’atteindre l’orgasme.
Le clitoris : une valeur sûre
La sexualité ne se réduit pas à des techniques. Elle est une forme d’expression personnelle, une communication intime entre deux êtres et s’arrête là où vous fixez vos limites. La principale zone du plaisir féminin est le clitoris. Les études de Masters et Johnson, dans les années 60, l’ont souligné. Ils ont observé en direct des milliers d’actes sexuels et ont établi que, s’il existe un plaisir lié à la pénétration, ce dernier vient essentiellement de la fusion avec l’autre et de l’éjaculation de l’homme à l’intérieur du vagin. En effet, à la différence du pénis, le vagin est très peu innervé. Le pénis reçoit au moment de la pénétration toute la stimulation du contact avec la paroi vaginale et amène l’homme à un degré maximal d’excitation, ce qui n’est pas obligatoirement le cas de la femme. Cela ne minimise pas pour autant toutes les autres zones érogènes du corps féminin, en particulier les seins.
L’apparition du ” point G ” dans les médias, variante moderne de l’orgasme vaginal freudien, ne change rien à la primauté du clitoris pour plus des deux tiers des femmes : ” Le fameux point G a déstabilisé de nombreuses femmes, explique Mme Durou-Delanoë. Il existe désormais un consensus dans la profession. Nous parlons de récepteurs plus sensitifs dans certaines zones du vagin. Mais cette perception sensorielle particulière dépend aussi des muscles du périnée, et de la conscience qu’en ont les femmes. Le corps est un tout et le corps féminin comporte de nombreuses zones érogènes, différentes d’une femme à l’autre. À chacune son orgasme. C’est un fantasme encore très masculin de penser qu’une femme jouit essentiellement par la pénétration. Certaines se calquent encore sur ce fantasme masculin par amour de l’autre. Dans ces cas, des entretiens avec le sexothérapeute aident les couples à dépasser ce préjugé et à trouver ce qui leur convient. Encore récemment, j’ai vu un couple dans lequel la femme a pu dire à son compagnon qu’elle préférait les caresses, même si elle appréciait la pénétration grâce au sentiment de donner du plaisir à son compagnon.
L’essentiel est d’établir ou de rétablir la communication entre les deux partenaires. “
Les témoignages de certaines sont très précis : ” J’ai besoin que mon partenaire me caresse pendant la pénétration, explique Elisabeth, le va-et-vient de la verge ne me suffit pas, le sexe masculin ne touchant pas le clitoris (sauf dans certaines positions). ” La femme peut aussi se mettre au-dessus, une position permettant de toucher le clitoris pendant l’acte sexuel. Pourtant, il n’existe pas de recette. Selon d’autres témoignages, cette stimulation directe n’est pas la meilleure, la vulve entière est sensible et elles apprécient que leur compagnon introduise ses doigts dans leur vagin. Pour d’autres, la langue est beaucoup plus satisfaisante. De plus, la salive a un effet lubrifiant. Enfin, certaines apprécient des caresses autour de l’anus, même si elles ne souhaitent pas de pénétration anale. Il n’existe pas de normes. L’important est de savoir communiquer avec son partenaire. ” Chez les couples jeunes actuels, le manque de temps, les soucis d’argent, les contraintes familiales nuisent à une sexualité heureuse. Il est parfois difficile de leur faire comprendre qu’ils ont simplement besoin de temps pour favoriser leur imagination et leur créativité, et souvent de partir seuls… sans les enfants. “
oser le geste
Nombreuses sont encore celles qui ne connaissent pas leur corps et ses ressources. Maitreyi Pionteck, infirmière sexologue, auteur du livre Le Tao de la femme, constate cette méconnaissance dans toutes les réunions qu’elle organise. D’où une tendance féminine à se laisser entraîner par les attentes du partenaire et à s’adapter à la sexualité masculine, en oubliant leurs propres besoins. Elle conseille alors aux femmes d’apprendre à découvrir leur corps et à connaître leurs zones érogènes : ” Apprenez à vous caresser. La sexualité féminine passe par la force des reins, par le relâchement. Il est impératif de développer sa force rénale et sa force intérieure, qui aide à vaincre la peur de se laisser aller. Le moyen le plus simple pour y parvenir est d’oser se masturber, de prendre le temps de découvrir à quoi le vagin et le clitoris réagissent le mieux. Vous pouvez utiliser des supports comme les vibromasseurs et les boules d’amour chinoises pour trouver vos points d’excitation et parvenir seule à l’orgasme. ” Pour les taoïstes, la force sexuelle est la base de la créativité, de la santé, de la vitalité et même de la spiritualité. Les femmes y apprennent à libérer la force de leurs ovaires.
ces handicaps qu’on peut surmonter
Parfois certains troubles précis handicapent la sexualité.
Le vaginisme consiste en une contraction involontaire des muscles du périnée, à tel point que la pénétration devient douloureuse, voire impossible. La première chose à faire est d’aller consulter, afin d’éliminer tout problème physiologique. Ensuite, il faut chercher à éliminer les problèmes psychologiques éventuels et peut-être tout simplement apprendre à se relaxer, car c’est bien souvent la tension exprimée par la femme qui est à l’origine de ce trouble. Il existe de nombreuses techniques respiratoires, en yoga par exemple, qui permettent de faire circuler l’énergie et de débloquer les zones génitales. ” Ce trouble peut être géré de manière très différente selon les couples, explique Mme Durou-Delanoë. Certains s’en accommodent mais consultent, car ils souhaitent avoir un enfant. “
Les dyspareunies sont des douleurs qui apparaissent au moment des rapports sans qu’il y ait de spasmes ou de contracture des muscles du périnée. ” Ces douleurs peuvent varier en fonction des moments du cycle et de la position adoptée pour faire l’amour, explique Claudine Ageron-Marque, ostéopathe formée en gynécologie.
La maternité handicape parfois un retour à la sexualité. Il peut s’agir de séquelles liées à l’épisiotomie (incision du périnée) par exemple. ” À la ménopause, la baisse de la production d’hormones sexuelles peut entraîner une sécheresse de la muqueuse vaginale et rendre les rapports plus difficiles. Pourquoi ne pas essayer alors l’ostéopathie qui, sans faire de miracles, propose des manipulations intéressantes ?
Parfois ce non-plaisir est dû à une baisse de la libido, de l’envie de faire l’amour. Dans ce domaine non plus il n’y a pas de normes… La sexualité n’est pas qu’une histoire d’orgasme, elle s’intègre dans une vie, une histoire avec ses hauts et ses bas et parfois ses reconquêtes. ” Aujourd’hui je reçois dans mon cabinet des seniors en bonne santé, sans souci d’argent et à la recherche d’une sexualité heureuse, explique Mme Durou-Delanoë. Ils ont parfois vécu leur sexualité de manière rudimentaire avec le primat de la pénétration. Or, à cet âge, la récupération est plus lente. Je leur explique que tout cela est normal et qu’il existe d’autres manières de se donner du plaisir. ” Merci la vie !
Martine Laganier