Dans la pénombre de la salle, la lumière d’une petite lampe permet tout juste de distinguer les participants. Onze femmes assises en cercle et un seul homme (l’auteur de ces lignes !), suivent attentivement les explications d’Anne-Marie qui anime chaque semaine cette heure de sophrologie.
Elle explique : " Durant la séance, je parle à la première personne, chacun pouvant ainsi pratiquer ce que je propose comme s’il se le proposait lui-même. La séance se déroule de préférence les yeux fermés. "
D’une voix ferme, mais douce, Anne-Marie commence : " Je me centre sur la respiration et particulièrement sur l’expiration. Je prends conscience de la respiration abdominale. Je pose les mains sur mon abdomen pour sentir l’air qui le remplit. J’essaye de sentir tous les mouvements du diaphragme jusqu’au périnée. "
Après une pause, nous effectuons des petits mouvements de tête de droite à gauche, puis du haut vers le bas, comme si nous disions non et oui. " J’essaie de bien percevoir les sensations corporelles de chaque partie de mon corps en mouvement. Mais si je ne peux pas poursuivre un mouvement jusqu’au bout ou si je ne peux pas l’effectuer, je n’y suis pas obligé. Ce qui compte, c’est ce que je ressens ", poursuit Anne-Marie. Nous nous levons et, toujours les yeux fermés, nous faisons quelques mouvements rapides de haussement des épaules. Les doigts croisés, nous portons les mains derrière la tête, puis au-dessus de la tête, et nous ramenons les bras le long du corps.
" Je suis dehors. En levant les bras sur une inspiration, je m’étire vers le soleil qui est au-dessus de moi. Doucement, je redescends les bras et je sens pénétrer sa chaleur en moi. " Cette première visualisation est suivie d’un exercice de balancement des bras de droite à gauche, puis nous nous rasseyons. " Je vois une image agréable de lumière. Je laisse passer les images négatives qui me reviennent de ma journée. Je vois la nuit étoilée, un feu, la lumière du matin qui commence à poindre. Si je peux, je me donne mentalement un projet simple ou une qualité à développer dans le quotidien. "
Après quelques secondes de silence, Anne-Marie reprend : " Maintenant, je m’étire doucement, je bâille, je reprends conscience de mon corps, des doigts de pieds à la tête, du lieu où je suis, tout cela très progressivement avant d’ouvrir les yeux. " Nous venons d’effectuer quelques-unes des techniques de base de la sophrologie. La séance se déroule en deux parties. La première est la " sophronisation " : la prise de conscience des sensations corporelles dans les exercices de respiration et les mouvements. Elle permet une relaxation progressive, qui est renforcée par le passage d’une relaxation statique (sans mouvement) à une relaxation dynamique.
" En sophrologie, on fait l’apprentissage d’une détente profonde qui élargit l’espace entre la veille et le sommeil, que Caycedo, l’inventeur de la sophrologie, appelle le niveau sophroliminal ", explique Anne-Marie. " Les exercices de la tête permettent d’évacuer les tensions au niveau cervical, le haussement des épaules permet de relâcher les tensions, le balancement des bras facilite le lâcher-prise, on se rassied ensuite pour reprendre la détente physique ".
Dans la seconde partie de la séance, les personnes qui le souhaitent sont invitées à exprimer leur ressenti.
" Debout, j’avais l’impression de m’enfoncer dans du sable et pour bouger la tête, c’était très lourd. Devant le feu, j’ai eu très chaud et ensuite j’ai failli m’endormir ", explique Hélène qui vient pour la première fois. Elle a eu la chance de trouver une détente très profonde, elle reviendra. Mais Anne-Marie lui recommande de ne pas repartir trop vite, de bien prendre le temps de récupérer. Pour Annie, c’était moins facile : " De temps en temps, j’étais parasitée par les problèmes de la vie. J’ai quand-même réussi à maîtriser les tensions et à la fin, je me sentais bien. " En réponse, Anne-Marie lui suggère : " Ne cherchez pas à maîtriser, mais à lâcher prise. Acceptez vos tensions. Pour arriver à une détente mentale, il faut travailler beaucoup et commencer par la détente physique. Si certaines situations de votre vie reviennent pendant la séance, vous pouvez les voir de manière constructive, cela peut devenir des émotions, des sentiments à travailler dans le quotidien ".
Pour améliorer ses rapports aux autres
" Je ne suis pas sophrologue professionnelle ", explique Anne-Marie. Formée dans deux écoles, elle pratique ce que Caycedo appelle la " sophrologie sociale ". La pratique de groupe contribue à une évolution personnelle et à de meilleurs rapports avec les autres. Elle suppose de la part de l’animateur ou de l’animatrice une formation solide, car certaines personnes peuvent avoir des réactions émotionnelles très vives.
" Les sensations et images évoquées en séance peuvent réveiller des souvenirs pénibles. On sent toutes ses douleurs, alors que dans la vie de tous les jours on n’y fait plus attention, et heureusement. Je dois donc être très à l’écoute et très intuitive. Je modifie parfois, selon l’ambiance du groupe, le déroulement prévu de la séance. " Infirmière en psychiatrie, elle utilise depuis un an la sophrologie dans son travail. Elle prend les patients individuellement pendant quelques séances, puis, leur propose de venir en alternance à des séances de groupe et à des séances individuelles.
" La sophrologie leur permet de prendre conscience de certains états d’être et de leur mode relationnel. Elle facilite la communication de leurs problèmes. Et l’on découvre parfois qu’il s’agit d’autre chose que ce que l’on croyait. Mais pour cela, il est nécessaire de pratiquer régulièrement chez soi. Que ce soit pour soigner ou simplement pour améliorer son bien-être, l’important c’est d’intégrer de telles techniques dans sa vie comme un rituel. " Tout un programme...
Regis Pluchet Regain Santé