Lorsque je les rencontre en consultation, ils parlent plutôt de leurs symptômes, de leurs crises et les questions portant sur leur sexualité sont considérées comme secondaires, voire inintéressantes.
Pourtant, à l’évidence, la sexualité du spasmophile est rarement heureuse. Mais aborder cette dimension de l’Etre en sérénité et en tranquillité semble difficile et le sujet prend vite une allure « tabou ». Et concevoir l’idée qu’un mieux-être peut passer par l’édification d’un retour de la fonction désirante semble, pour certains, une idée vague et saugrenue.
Le temps, la recherche,les concertations entre thérapeutes d’horizons et de formations différenciés nous ont appris à quel point l’approche multi-référentielle pouvait aider à mieux comprendre la spasmophilie et, surtout tenter d’en éradiquer les aspects invalidants.
Dans ce cadre, la réflexion sur la dimension sexuelle a sa place.
Encore faut-il que les spasmophiles puissent accepter de laisser de côté une pudeur, certes compréhensible, mais à l’évidence non aidante pour avancer vers la « guérison » ? Car installer sa recherche personnelle en questionnant sa dimension sexuelle,c’est aller vers une connaissance plus ouverte de soi-même.
SEXUALITÉ ET DÉSIR
La sexualité est une rencontre. Rencontre avec l’autre, mais aussi rencontre avec soi-même. Le terrain relationnel des spasmophiles est, la plupart du temps, entaché de difficultés. Difficultés à dire, à être, à se comporter, à demander, à recevoir… autant d’éléments qui viennent symboliquement s’installer dans le cadre de la dimension sexuelle,l’hypersensibilité structurelle n’aidant en rien à installer un terrain de lâcher-prise et de confiance nécessaires à toute sexualité réussie et épanouissante.
Le spasmophile peut manquer de désir mais, j’aurais tendance à dire, « pas plus que n’importe qui ». Les symptômes que j’ai pu observer couramment sont plutôt liés à l’impossibilité du relâchement (tant musculaire que mental) complet : vaginisme et anorgasmie chez les femmes, éjaculation précoce chez les hommes; ce qui place, psychologiquement, le spasmophile dans une spirale relationnelle infernale : je désire mais mon désir ne pouvant être validé, je préfère ne pas désirer plutôt que de vivre un échec ! Et l’échec fui de se transformer en un échec trouvé !
De fait,les spasmophiles ont du mal à aborder la sexualité de manière simple, voire ludique. Elle est, fréquemment, problématique et cela ajoute de la crispation à un terrain déjà en tension.
SEXUALITÉ ET « RAPPORT AU MONDE »
La « décharge » ressentie durant la crise représenterait-elle, entre autres, un moyen d’évacuer un trop-plein d’énergie que la sexualité ne peut prendre en charge ? La question reste ouverte.
Les pistes de « guérison » ne peuvent être que globales. C’est du rapport même du spasmophile au monde dont il s’agit et il serait illusoire de cantonner le sexuel sur le seul terrain génital. Les spasmophiles doivent apprendre à ne pas avoir peur de la réalisation de leurs désirs.
Cela passe par la perte de la peur de soi. Ce qui veut dire « apprendre à accepter son image, y compris lorsque l’on n’a plus le contrôle de celle-ci ». Les spasmophiles sont toujours aux aguets, sur le qui-vive.
Entrer en sexualité, c’est quitter l’idée d’une menace extérieure imaginaire et constante. C’est aussi accepter son hypersensibilité pour en faire une force positive. C’est reprendre contact avec sa richesse désirante.
Désir veut dire, étymologiquement « manquer d’un astre ».
Le spasmophile cherche son astre,dans un corps en souffrance où le mieux être sexuel (voire le plus être !) peut apporter une réponse satisfaisante, dynamique et restructurante.
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