Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la dyslexie est un trouble spécifique de la lecture. Il s’agit également d’un trouble persistant de l’apprentissage du langage écrit caractérisé par de grandes difficultés dans l’acquisition et dans l’automatisation des mécanismes nécessaires à sa maîtrise (lecture, écriture, orthographe…). Les causes et les traitements sont à l’heure actuelle discutés et controversés et ne font l’objet d’aucun consensus médical.
Pour cette raison, l’enfant et ses proches sont bien souvent ballottés de praticien en praticien, orthophoniste, psychologue, pédiatre, neurologue, etc. Il y aurait pourtant urgence à se mettre d’accord, la dyslexie étant un véritable problème de santé publique : 10 % de la population scolaire est concernée.
« Son traitement est classiquement confié aux orthophonistes et aux psychologues, constate le Dr Gabriel Elie, ophtalmologiste à Brest. La stimulation du cerveau permet à certains enfants de « vivre » avec leur dyslexie, mais d’autres continuent à avoir des troubles importants. Les capacités intellectuelles sont tout à fait normales et pourtant les difficultés de lecture persistent. Il n’y a jamais eu d’évaluation des résultats obtenus par les traitements, en particulier par l’orthophonie. »
Parce que son petit-fils de 8 ans était concerné, le Dr Gabriel Elie s’est intéressé à d’autres approches et a découvert le syndrome de déficience posturale – ou proprioceptive – (SDP) et son rôle dans la dyslexie.
Le syndrome de déficience posturale
Le traitement postural de la dyslexie est né au Portugal dans les années 1980, de la rencontre du Dr Martin Da Cunha, médecin en rééducation fonctionnelle et du Dr Da Silva, un ophtalmologiste qui a fait le lien entre la proprioception et la dyslexie. La proprioception est cette sensibilité … … profonde qui donne à l’individu la perception de son corps et de sa situation dans l’espace. « Grâce à elle, précise le Dr Gabriel Elié, on habite son corps et on contrôle ses gestes. Dans ce mécanisme, les yeux et la posture sur les pieds sont fondamentaux. L’enfant dyslexique localise mal les différents segments de son corps. Il accommode mal. Il rate le test main-œil mettant en évidence un dysfonctionnement entre la perception visuelle et le geste. C’est comme un manque de concordance entre ce qu’il voit et ce qu’il sent avec sa main. » Ce trouble, ou syndrome de déficience proprioceptive, se diagnostique aisément, pour peu que l’on se livre à un examen approfondi. Ces enfants ont aussi, souvent, des contractions et des points douloureux provoqués par de fortes tensions musculaires. Ils sont mal campés sur leurs jambes et ont des problèmes d’équilibre. Ils sont parfois sujets aux entorses et aux vertiges.
La rééducation posturale
Le traitement repose sur la prescription de lunettes à prismes qui permettent d’agir sur les muscles oculaires, de semelles pour améliorer la posture, le tout assorti à une rééducation posturale : des exercices à effectuer régulièrement. Les prismes dévient la lumière. Ils modifient la direction du regard et agissent ainsi sur la tension des muscles oculaires. Les muscles qui se contractaient indûment se relâchent, jusqu’au bas du corps. « Lorsque l’on porte des lunettes à prismes, explique le Dr Gabriel Elie, l’œil envoie des informations qui aident la proprioception à se réharmoniser et de nouvelles commandes cérébrales se mettent en place. Peu à peu, les lunettes régularisent la proprioception des muscles oculaires et normalisent la localisation spatiale des mots à lire. » La puissance et l’orientation du prisme dépendent du type de SDP. Pour chaque verre, il faudra compter 20 euros de plus qu’un verre normal.
Les parents doivent veiller à ce que l’enfant effectue régulièrement ses exercices de reprogrammation à la fois respiratoire et posturale. Ceux-ci lui permettent de mieux marcher et de se tenir correctement debout. Il en existe aussi pour adopter de bonnes attitudes de lecture et d’endormissement. Ce travail global permet de décontracter le corps et calme les enfants trop remuants.
Un centre multipraticiens
« Traiter le SDP, affirme le Dr Gabriel Elie, permet une amélioration significative de la dyslexie dans un grand nombre de cas, et cela simplement à l’aide de lunettes et de semelles. Les lunettes ressemblent à toutes les autres et n’attirent pas le regard. Quant aux semelles de posture, fabriquées sur mesure et glissées dans les chaussures, elles sont totalement invisibles. »
Pendant de nombreuses années, seuls quelques ophtalmologues éparpillés dans l’Hexagone proposaient cette approche. L’ouverture à Paris, en octobre 2006, d’un centre thérapeutique (1) regroupant une équipe pluridisciplinaire (pédiatre, orthoptiste, ophtalmologue, podologue), offre de nouvelles perspectives aux parents. Ce centre regroupe en un même lieu les différentes compétences nécessaires au dépistage, au diagnostic et à la prise en charge du syndrome de déficience proprioceptive.
Pour les parents, le principal bénéfice est d’avoir tous les interlocuteurs sous la main. L’enfant n’est plus ballotté entre différentes structures. Le protocole de soins s’étale en général sur deux ans avec une première consultation qui dure au minimum une demi-journée. La plupart du temps, les enfants continuent parallèlement l’orthophonie jusqu’à l’amélioration de la lecture.
(1) Centre médical dédié au soin de
la dyslexie Prodys. 11, bis avenue
Mac Mahon,
75017 Paris.
Tél. : 01 45 74 10 10.
Source : limpatient.wordpress.com