Vivre sa sexualité: Paradisiaques Aphrodisiaques

Les propriétés aphrodisiaques de certains végétaux sont rapportées, à travers les âges et les traditions, sur tous les continents. Mais les laboratoires pharmaceutiques les dénigrent.




“Quelles sont les véritables vertus du bois bandé, que l’on utilise à la Guadeloupe ? ” demande Roger, d’Annecy sur le site internet www.adirs.org de l’Association pour le développement de l’information et la recherche sur la sexualité (Adirs).
Le Dr G.B. lui répond que cette préparation à base d’écorce de bois bandé, n’a pas ” fait l’objet d’études scientifiques “. Puis il poursuit sa passe d’armes contre les plantes en général et le bois bandé en particulier.
” Son efficacité n’a jamais été prouvée, dit-il. En tant que médicaments, les seuls produits scientifiques testés sont les médicaments délivrés sur ordonnance. “

Il ajoute qu’il en va de même pour les ” autres produits réputés pour leurs effets stimulants “. Ce site d’information du grand public est financé par les laboratoires Pfizer, qui fabriquent le Viagra. Cette société finance aussi l’important site universitaire de sexologie de l’AIHUS (Association inter-hospitalo-universitaire de sexologie). Cela s’appelle ” verrouiller l’information “.

Ainsi, l’industrie pharmaceutique s’obstine à discréditer les végétaux qui pourraient concurrencer ses produits. Cela ne l’empêche pas de les étudier, par ailleurs, pour trouver de nouvelles molécules. Ce n’est qu’après les avoir brevetées à leur profit que les laboratoires daigneront en vanter les mérites.

 

Comment elles agissent

 

Les chercheurs se passionnent pour les plantes traditionnelles, y compris celles dites aphrodisiaques ou toniques. Les uns souhaitent en extraire les principes actifs. Quelques-uns veulent vérifier la véracité des traditions orales ou écrites. D’autres se passionnent pour la phytothérapie. Le succès commercial du Viagra ne justifie pas de jeter les plantes de nos grands-mères aux orties. Passionnés de plantes médicinales, Olivier de La Roque, botaniste, et son épouse Rachel Frély de La Roque, journaliste, ont parcouru les cinq continents, fouillé les traditions et passé au crible de l’analyse scientifique les principales plantes aphrodisiaques (Olivier de La Roque et Rachel Frély de La Roque sont les auteurs de La Vérité sur les plantes aphrodisiaques, éditions Librairie de Médicis). Ils distinguent des effets de plusieurs types :

provoquer une détente propice à l’amour, et favorable à l’érection chez l’homme ;

aiguiser les sensations ;

susciter le désir ;

générer une vasodilatation qui favorise la lubrification des organes génitaux chez la femme et l’érection chez l’homme ;

entraîner une ” irritation ” – ou échauffement – des muqueuses ;

activer la synthèse de certaines hormones.

Les pharmacopées indienne et chinoise offrent de nombreuses plantes dites ” adaptogènes ” : par leur richesse en composés actifs, elles visent à rétablir l’équilibre de l’organisme. Citons le ginseng, le schizandra chinensis, le whitania, etc. Les médecines orientales proposent aussi des plantes contre l’impuissance ou la frigidité. Olivier et Rachel de La Roque recensent une cinquantaine d’espèces en Asie.

 

Les traditions orales

 

En Afrique, les traditions orales ont pu être consignées dans un livre comme Plantes utiles du Gabon, écrit au milieu du XXe siècle selon le manuscrit d’un missionnaire, l’abbé André Raponda-Walker. Regroupant une centaine de plantes, avec leur nom commun et leur utilisation, il mentionne comme ” plantes de l’amour “, le yohimbé, la cola et l’iboga. ” On peut extraire une cinquantaine de plantes d’origine africaine qui ont une utilisation traditionnelle aphrodisiaque, soulignent-ils. Certaines sont reconnues, d’autres sont encore en cours d’étude. “

Enfin, les pharmacopées européenne et américaine connaissent une dizaine de plantes aphrodisiaques, ainsi qu’une centaine de plantes excitantes ou toniques.
On pourrait voir le fruit du hasard ou de l’imagination dans le choix des végétaux considérés comme aphrodisiaques sur les cinq continents s’ils ne présentaient aucun point commun. Il n’en est rien. Mentionnées dans les traditions de peuples qui, situés au quatre points cardinaux, s’ignoraient, nombre de ces plantes agissent pour les mêmes raisons. Elles ” renferment, pour la plupart, des alcaloïdes, composés fortement actifs contenant des molécules d’azote, à la forte influence reconnue sur le psychisme “, souligne Olivier de La Roque.

 

La mandragore

 

Certains aphrodisiaques contiennent des alcaloïdes dont le noyau est à base de tropanes (Les tropanes sont des substances voisines d’un neurotransmetteur, l’acétylcholine.). C’est le cas de la belladone (présente en Europe et en Afrique du Nord), du datura (Amérique et Europe), de la jusquiame ou Hyosciamus niger L. (Europe et Afrique) et de la mandragore (pourtour méditerranéen).

D’autre types d’alcaloïdes (dont les noyaux appartiennent aux groupes indoles et tryptamines) ont des effets psychiques marqués. On les retrouve aussi bien dans les aphrodisiaques de l’Afrique de l’Ouest, comme l’alchornea ou le yohimbé, que dans ceux d’Amérique du Sud, comme le queracho-blanco et les ipomea.
Certaines plantes stimulantes contiennent des alcaloïdes aux noyaux à base de purines. Ils sont présents dans le thé et le café, dans des aphrodisiaques comme la cola (Afrique de l’Ouest) ou le guarana (Amazonie).

Certaines plantes aphrodisiaques influenceraient même notre imaginaire érotique. Leurs alcaloïdes sont à base d’opiates et de carbolines. Ces substances excitent, stimulent, mais peuvent aussi aiguiser ou altérer la perception. Les opiates ressemblent aux endorphines et aux enképhalines que produit notre système neurologique. On en retrouve, au Gabon, dans l’iboga. Cette ” boisson d’amour ” peut provoquer des ” érections pouvant se prolonger plus de six heures “, un ” effet antidépresseur ” et une ” incitation au fantasme “. L’iboga renforce aussi la résistance. Nous recommandons toutefois la prudence à nos chers lecteurs car cette potion présente des effets secondaires parfois mortels !
Les tribus d’Amazonie, du Brésil à la Bolivie, connaissent une plante similaire, le ” yage ” ou Banisteriopis. Elle est tout aussi délicate à manier. Elle provoque une érection plus rapide et des orgasmes plus fréquents. Les effets de cette plante, tout de même périlleuse à manier, se produisent après une importante période de tremblements et de convulsions. Cela peut épouvanter le consommateur et faire fuir sa compagne.
Toujours dans cette famille, les phénéthylamines sont proches des noradrénalies. On en trouve dans le chocolat ou le cacao, ils favorisent la sécrétion d’hormones du plaisir, ou endorphines, au sein de notre système nerveux. Les phénethylamines sont également présentes dans l’ephedra, arbrisseau de Chine et de Mongolie, reconnu comme aphrodisiaque sous forme d’infusion depuis cinq mille ans.
Les alcaloïdes ne constituent qu’un des types de molécules impliqués dans cette pharmacopée. De nombreuses plantes traditionnelles aux vertus vasculaires et aphrodisiaques contiennent des composés phénoliques. Il s’agit par exemple de flavonoïdes pour des plantes comme le gingko biloba, la passiflore ou l’aubépine.
C’est aux principes actifs de la famille des lignanes que l’on doit l’activité ” adaptogène ” du ginseng de Sibérie. Des effets sédatifs s’y ajoutent avec le fruit aux cinq parfums (Schizandra chinensis), originaire du nord-ouest de la Chine.
Les shikimates sont présents, avec d’autres principes actifs, dans de nombreuses racines comme le gingembre (Asie du Sud) ou le kava-kava (îles du Pacifique).

 

Stimulantes patates douces

Certaines plantes contiennent des hormones proches de nos hormones sexuelles. C’est le cas des patates douces (ipomea violacea et turbina corybosa). La première de ces plantes hallucinogènes (contenant aussi des alcaloïdes du groupe indole) est utilisée à faible dose pour stimuler la sexualité des femmes en Amérique du Sud.
De même, le palmier de Floride (Serenoa repens) contient des hormones similaires aux œstrogènes et un alcaloïde. Dans ses utilisations traditionnelles, ses graines, pressées, donneront un jus fermenté. ” Il est proposé en cas d’impuissance pour maintenir les taux d’hormones sexuelles, précisent les auteurs. Cette plante agit en synergie avec d’autres remèdes naturels, car les principes actifs travaillent essentiellement sur la glande de la prostate. “
Maints aphrodisiaques n’ont pas livré leur secret. Bien des effets semblent liés à un mélange de substances actives agissant en synergie. ” En fait, aucune matière première végétale ou animale ne serait susceptible d’influencer la libido ou les capacités sexuelles, concluent-ils. Mais il existe des plantes qui, en stimulant les sens, peuvent éveiller le désir sexuel, ou qui, stimulant les organes génitaux, peuvent stimuler les sens. “

Richard Belfer



Rédigé le 12/05/2008 à 13:58 modifié le 27/12/2023

Sexothérapeute, Praticienne en Hypnose Thérapeutique, EMDR IMO à Paris, Assistante de formation… En savoir plus sur cet auteur

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