La revue Valeurs mutualistes a diffusé, en janvier-février 2007, un article sur la spasmophilie. Je regrette qu'à cette occasion, seuls des psychiatres aient eu à donner un avis, alors qu'il ne s'agit pas d'un trouble psychiatrique. En raison de la quantité importante d'erreurs ou de contresens, il me semble utile de présenter quelques rectifications. J'ose espérer que certaines citations ne représentent pas l'avis complet des intéressés. Dans tous les cas, comme aime à le répéter le docteur Maurice Larocque, "les erreurs sont de merveilleuses opportunités pour progresser". Je souhaite que les auteurs de ces phrases puissent bénéficier des quelques remarques qui vont suivre.
La spasmophilie est une spécificité bien française puisque la maladie est inconnue en dehors de nos frontières.
La spasmophilie n'est pas une spécificité bien française mais peut-être francophone. La Belgique, la Suisse, certains pays du pourtour méditerranéen connaissent cette dénomination. Aux Etats-Unis, elle est connue sous le nom de " latent tetany " qui peut être traduit par tétanie latente ; au Canada, elle est connue sous le terme de syndrome d'hyperventilation. Ces variations de terminologie sont habituelles en médecine et souvent l'occasion de nombreux débats dans les congrès médicaux pour tenter de se mettre d'accord sur un terme. J'avoue, pour ma part, que le terme d'hypersensibilité ou d'hyperréactivité me semble plus adapter que spasmophilie qui désigne étymologiquement aimer les spasmes !
Il faut dire que son existence en tant que maladie organique ne repose sur aucun fondement scientifique.
Son existence repose sur des fondements scientifiques présentés par de nombreux médecins depuis plus d'un siècle, dont certains universitaires ; il existe même des consultations hospitalières pour la spasmophilie. Le terrain spasmophile peut être mis en évidence simplement avec une grille de diagnostic validée en 1997. Il existe au moins une particularité anatomique (la ballonisation de la valve mitrale), des anomalies du fonctionnement neuromusculaire (signe électromyographique, hypersensibilité des barorécepteurs intestinaux), des particularités biologiques (trouble du métabolisme du magnésium avec perturbations de plus de 300 enzymes du corps humains et de l'ATP, dysfonctionnement de la delta 6 désaturase, trouble du métabolisme des acides gras polyinsaturés…). Ces éléments font que la spasmophilie n'est pas une maladie mais un terrain.
Le vocable de spasmophilie recouvre en fait une grande variété de symptômes.
C'est aussi le cas pour les troubles dépressifs qui incluent aussi bien des insuffisances que des excès de sommeil, une augmentation comme une perte de l'appétit, une anxiété ou une indifférence, des douleurs gynécologiques, digestives, ostéoarticulaires… Doit-on aussi faire disparaître ce " vocable " ?
Evoquer la spasmophilie pour qualifier des manifestations parfois spectaculaires a toujours été rassurant et pour les médecins et pour les malades.
Je rappelle que les comportementalistes expliquent que l'emploi de pensées réalistes aboutit à une amélioration de l'état émotionnel. Les thérapies comportementales et cognitives sont reconnues aujourd'hui comme une approche scientifique. Cette affirmation confirme que dénommer cet ensemble de symptômes par le mot spasmophilie est bien réaliste.
Évoquer la spasmophilie ou la crise d'adolescence est extrêmement dangereux car cela a pour effet de retarder le diagnostic et la prise en charge de la dépression.
Tout état nécessite un diagnostic précis, le terrain spasmophile et la dépression ne sont pas incompatibles et ne sauraient être opposés l'un à l'autre. La classification internationale des maladies psychiatriques DSM IV reconnaît d'ailleurs cette nécessité. Par contre, ne proposer qu'un traitement antidépresseur ou des anxiolytiques à toutes les personnes présentant des symptômes spasmophiles est certainement une erreur à laquelle les patients présentant un terrain spasmophile sont régulièrement soumis. Il va de soi que chez tout individu, une dépression grave nécessite une prise en charge psychothérapeutique et médicamenteuse. La prise en compte du terrain spasmophile hypersensible permettra, comme dans toutes les pathologies, de proposer des posologies ou doses de médicaments adaptées à cette hypersensibilité métabolique (cytochrome, récepteurs membranaires, mauvais stockage des neuromédiateurs, dysfonctionnement de l'ATP…).
La survenue des symptômes spasmophiles s'explique très simplement. Lorsqu'une personne est très angoissée, son tonus musculaire se modifie, avec des conséquences sur la respiration. Les modifications induisent des symptômes secondaires.
Pourquoi toutes les personnes soumises à une agression stressante identique ne ressentent-elles pas les mêmes symptômes ? Pourquoi des rats soumis à un régime pauvre en magnésium proche de celui d'environ 30% de la population française présentent-ils une hypersensibilité ? Les rats seraient donc inquiets du manque de magnésium dans leur alimentation !
Quand on respire trop à fond et trop rapidement (hyperventilation), on provoque une diminution de la quantité d'oxygène disponible pour le muscle.
Faux, l'hyperventilation augmente la quantité d'oxygène dans le sang et donc la quantité d'oxygène disponible pour le muscle. Je propose à ce psychiatre d'essayer de courir en respirant moins vite !
De manière générale, contrôler le rythme et l'ampleur de sa respiration (lente abdominale) aide à gérer la crise.
Faux, le contrôle respiratoire comme toute tentative de contrôle de la crise amplifie la crise. Le lâcherprise est beaucoup plus efficace. La respiration dans le sac permet de concentrer son esprit sur autre chose que ses pensées anxiogènes et de sortir de la tentative de contrôler ses émotions. Il existe bien d'autres techniques (Vittoz, relaxation dynamique…) qui permettent aussi un soulagement.
Aucune étude rigoureuse n'a démontré l'existence d'une telle carence, ni l'efficacité du magnésium ou du calcium dans les manifestations de l'anxiété.
Il suffit de renvoyer à la lecture de l'étude SUVIMAX. Etude de la Nutrition française qui démontre que plus de 60% de la population française ne consomme pas assez de magnésium. Ce déficit est reconnu dans tous les pays industrialisés. Comment peut-on encore ignorer les effets du manque de magnésium sur la survenue du diabète, de l'ostéoporose, de plaques athérogènes, de troubles des neurotransmetteurs (stockage, récepteurs) et sur le métabolisme des acides gras impliqués dans les membranes cellulaires et 60% du poids sec du cerveau.
Le seul intérêt de ces micronutriments (NDLR : l'auteur répond à une question sur l'intérêt du calcium et du magnésium) réside dans le fait qu'ils ont un effet placebo très important, 40% des malades sous magnésium guérissent…
Donner du magnésium permet de rassurer les malades face à leurs troubles, de leur apporter une reconnaissance, un statut social. Et ce n'est pas du moindre intérêt.
Encore un médecin qui n'a pas compris l'importance du magnésium dans le métabolisme cellulaire : prévention du diabète, diminution de la mortalité par infarctus, diminution des migraines, traitement des crises d'asthme, régulation du système immunitaire, effet antioxydant, traitement de l'hyperactivité et des troubles déficitaires de l'attention... Effectivement, ce n'est pas du moindre intérêt. Pour les références scientifiques, je vous invite à lire le livre du Professeur Durlach sur le magnésium ainsi que la revue Magnésium research.
Les décompensations du terrain spasmophile ont une origine multifactorielle, il n'est donc pas étonnant que le magnésium ne " guérisse " que 40% des malades. Ce chiffre est proche du pourcentage de la population souffrant d'un déficit nutritionnel en magnésium supérieur à 25%. Déficit nutritionnel qui déclenche des symptômes d'hypersensibilité chez le rat (avec ou sans problèmes existentiels).
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