Docteure en médecine (université de Bordeaux II).
DU de médecine d'urgence et de médecine des voyages (université de Bordeaux II).
Pratique l’hypnose thérapeutique au Cabinet Esculape à Casablanca (Maroc).
Présidente fondatrice de l’association marocained’hypnose clinique (AMHYC).
INTRODUCTION
Depuis la fin des années 1980, l’hypnose a assis sa crédibilité scientifique grâce aux techniques d’imagerie cérébrale et plus de 12000 travaux scientifiques publiés dans différentes revues internationales. Ces travaux et publications contribuant à son plein essor, elle commence à être enseignée timidement au Maroc, à partir de 2010, quelques rares psychiatres l’utilisant dans la plus grande discrétion depuis les années 1990, mais l’hypnose semble se heurter à différents freins.
Au Maroc, la seule médecine reconnue est la médecine scientifique occidentale, médecine dite conventionnelle qui, grâce à ses innovations majeures, connaît d’incontestables progrès. Cependant, cette médecine suréquipée, hyper technique et très coûteuse ne prend en considération l’être humain ni dans sa globalité, ni dans ses interactions avec son environnement et sa culture, et elle exclut une grande partie de la population défavorisée.
L’hypnose est un dispositif thérapeutique qui, comme ailleurs, inquiète ou fait peur. Elle fait appel à la transe et à la suggestion pour soulager ou guérir. Or, au Maroc, il existe des rituels séculaires de transe thérapeutique liés au monde des saints et des esprits, étudiés par les anthropologues, mais ignorés voire disqualifiés par le corps médical en guerre contre les ténèbres de l’obscurantisme et du charlatanisme.
Ces rituels sont organisés par les confréries populaires marocaines comme les Gnawa, les Hamadcha ou les Aïssawa. Leur postulat est que certains troubles de l’existence comme par exemple une paralysie, une insomnie, des angoisses, une stérilité ou une impuissance sans cause organique, la malchance récurrente ou des comportements s’écartant des normes sociales dominantes sont provoqués par un esprit2.
L’objet de ce travail est de s’interroger sur la transe et l’hypnose au Maroc, d’observer la nature des relations entre le dispositif d’hypnose et le dispositif traditionnel d’intermédiation avec l’invisible, et enfin d’inviter à une réflexion sur le développement de l’hypnose dans la pratique médicale marocaine.
Nous avons choisi pour mener ce travail : - d’observer et de décrire un rituel de transe lors du Moussem des Hamadcha en Janvier 2015 dans les villages de Sidi Ali ben Hamdouch et de Ahmed Dghoughi, situés dans le massif montagneux du Zerhoun, moussem3 faisant suite à l’Aïd Mouloud, anniversaire du prophète. - de faire un état des lieux de l’hypnose médicale au Maroc en 2015 au travers d’une enquête (menée entre décembre 2014 et Janvier 2015) auprès de l’ensemble des professionnels de la santé formés à l’hypnose.
I – DESCRIPTION D’UN RITUEL DE TRANSE
Ces jnun sont dotés de caractéristiques précises ; nous décrirons les plus connus d’entre eux :
- Lalla Aïcha : la plus puissante d’entre tous, ambivalente, elle peut infliger les pires souffrances ou au contraire apporter une aide précieuse à ses affiliés. Sa couleur est le noir. On lui offre le plus souvent du henné, du pain sans sel et des olives noires ; on fait brûler pour elle du jawi8 noir ou blanc et du harmel9.
Comme avec la plupart des autres esprits, on peut entretenir une bonne relation avec elle, mais si elle est contrariée, Aïcha devient capable de déclencher des douleurs physiques essentiellement liées à la tête (migraines, vertiges, paralysie faciales) et de semer le trouble dans la vie de ceux qui refusent de se plier à ses volontés.
- Lalla Mira : Elle ne veut à priori que le bonheur de ses affiliés. Sa couleur est le jaune. On brûle de l’ambre pour elle et on dit qu’elle apprécie les sucreries et les bonbons. Elle aime danser, rire, se maquiller et séduire avec légèreté. Mais si Mira est insatisfaite, elle agit sur le sommeil de ses fidèles, les rendant insomniaques ou au contraire les contraignant à dormir sans cesse.
- Lalla Malika : considéré comme l’un des djinns les plus gentils qui n’attaque jamais ses affiliés. Sa couleur est le violet. Elle touche aussi ben les hommes que les femmes et son influence sur eux est de l’ordre de la coquetterie. Malika aime le parfum, le maquillage et les beaux vêtements. Elle est élégante et frivole, séductrice et rieuse. Son encens est le santal.
La possession par Malika influence le coeur et les sentiments amoureux, tout autant que la sexualité. C’est elle qui justifierait l’homosexualité masculine. Ses seules exigences vis-à-vis de ses affiliés sont le maquillage, le henné sur les mains et une certaine élégance.
- Sidi Mimoun : appelé aussi Sidi Chamarouch, ou Moulay Ahmed, le pendant masculin de Lalla Aïcha, considéré comme le roi des mlouk10. Il est le plus pieux d’entre tous. Sa couleur est le blanc. Son encens est le santal. Connu pour ses forces occultes, il exige de ses affiliés des attitudes pieuses et respectables et peut les contraindre à apprendre le Coran, à aller à la mosquée, à faire la prière.
- Sidi Hammou : esprit masculin particulièrement dangereux, notamment pour les femmes. De couleur rouge, il exige que le sang soit versé pour lui, et contraint ses affiliés à se taillader les bras, les jambes ou la tête pendant la transe. On le surnomme « le boucher ». Son encens est le jawi rouge. Considéré comme agressif, possessif et dangereux, Hammou est directement lié à la sexualité.
- Sidi Moussa : esprit de l’eau, sa couleur est le bleu. Pendant les transes dont il est responsable, on dépose un bol d’eau fraîche sur le sol. On dit qu’il aime tout ce qui se rapporte à la mer et qu’il soigne la stérilité. Il est considéré comme un esprit saint doté de grandes forces occultes.
Pour favoriser la communication et l’échange entre les mondes visibles et invisible, la confrérie Hamadcha organise chaque année son Moussem dans les deux villages du Zerhoun où sont enterrés les deux saints fondateurs de la confrérie.
Nous assistons au Moussem du mois de janvier 2015.
Le congrès de Paris a été historique, c’est évident ! Déjà pour les praticiens français bien sûr, qui ont pu de nouveau vivre la joie de voir chez eux, quelques jours après un rapport INSERM favorable à leurs pratiques susciter une affluence record (c’est la première fois qu’un congrès d’hypnose mobilise plus de 2500 participants) et un retentissement médiatique considérable (et dans la très grande majorité des cas favorable lui aussi).
L’utilisation de la notion d’« âge clandestin » est devenue, en tout cas en France, un grand « classique » de l’hypnothérapie. Il était donc nécessaire qu’un de ses praticiens expérimentés en précise la pratique. Vive l’hypno-systémique ! J’ai rencontré les âges clandestins il y a quelques années, de façon fortuite, à la plage, assis sur le sable.
Par les Drs Morgan GODARD et Idrissa NDIAYE
Deux jeunes médecins généralistes récapitulent, sous la forme d’un monologue adressé à un patient, la place que l’hypnose a prise dans leur pratique quotidienne. Tiens, Michel, je vois ton nom sur le planning. Nous avons rendez-vous tout à l’heure. Je suis ton médecin depuis plusieurs années. On se fait confiance... J’ai une faveur à te demander : j’aimerais que tu m’aides à parler de quelque chose qui a germé dans ma tête depuis quelque temps.
Le monde de l’hypnose commence depuis quelques années à s’intéresser à la psychologie positive. Lors d’une intervention remarquée lors du congrès de Paris, Pascal Haag a montré comment, pourtant, ces deux approches peuvent se fertiliser mutuellement. Comparée à l’hypnose, dont on peut faire remonter l’histoire au XVIIIe siècle en Europe, la psychologie positive, née deux siècles plus tard de l’autre côté de l’océan Atlantique, est encore presque une enfant.
Pathologies socialement très handicapantes, les tics laissent bon nombre de praticiens très démunis. Comme dans beaucoup de ces troubles dits « fonctionnels », l’hypnose pourrait-elle, au moins, apporter un complément thérapeutique précieux ? L’histoire d’Alexis. Alexis a 12 ans ; il a de bonnes notes au collège, et c’est un jeune garçon plutôt inhibé. Il est apprécié des professeurs pour son calme et sa discipline.
Par Myriam NCIRI, article écrit avec le concours d'S.Housbane, M.Bennani Othmani et Z.Serhier, du Laboratoire d’informatique médicale, Faculté de Médecine et de Pharmacie de Casablanca (Maroc). Le Congrès de Paris a été l’occasion d’échanges interculturels intenses, et de travaux pour les susciter. La présentation de Myriam Nciri et de son équipe a été parmi les contributions les plus remarquées. Dans le cadre du 20ème congrès international d’hypnose sur le thème « Hypnose, Racines et Futur de la conscience », nous nous sommes interrogés sur la place de l’hypnose dans la pratique médicale marocaine.
Après avoir abordé des sujets aussi différents que Socrate et la corrida, Francis Wolff, professeur de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure - la fameuse Normale Sup - publie un livre sur un sujet qui lui tient très à coeur et qu’il étudie depuis des années : la musique. En posant une question qui peut paraître incongrue : pourquoi la musique ? Comme il se trouve que le monde de l’hypnose thérapeutique s’intéresse de plus en plus, après avoir privilégié l’intérêt pour le visuel, au sonore, à l’auditif, à la musique donc, ainsi qu’à la danse bien sûr, il paraît opportun de s’intéresser à cette somme de plus de 400 pages, denses mais claires, et surtout magistrales dans le bon sens du terme.
L’autre jour, j’allais en ville pour m’acheter… rien du tout. Je vagabondais dans les rues commerçantes. Mieux dit, dans les rues où il y a des commerces. Avez-vous déjà vu une rue qui commerce ?« Alors ? Tu l’achètes cette poubelle ou quoi ? Allez, je te fais un prix, qu’estce que tu proposes ? » Et le piéton, courbé en avant, les yeux rivés sur la bouche d’égout qui vient de lui parler, de répondre : « Mais je ne veux pas de poubelle, laisse-moi tranquille.
L’hypnose est en plein développement dans les pays hispaniques, avec d’intéressantes études portant, notamment pour l’Espagne, sur le travail de la suggestion, mais aussi autour des représentations de l’hypnose et ses incidences dans le domaine de la pratique clinique (Capafons et al, 2015). Plus habituelles, des recherches sur les effets de la méthode existent, comme celle, mexicaine, sur l’évaluation des effets de l’hypnothérapie sur la qualité de sommeil des patientes atteintes d’un cancer du sein.
Dans le monde du soin, l’hypnose a regagné sa légitimité par son efficience et son utilisation comme « technique ». Il semble néanmoins nécessaire de replacer ce que l’on appelle « hypnose » comme une approche naturelle, physiologique, relationnelle, et même existentielle. L’hypnose et les soins palliatifs partagent un objectif commun: l’accompagnement. Rejoindre la personne là où elle se trouve pour l’accompagner dans la direction qu’elle souhaite.
En sortant du Congrès Mondial d’Hypnose, je me réjouis de savoir que nous sommes si nombreux à avoir envie d’échanger sur notre pratique de l’hypnose. Si nous pouvons considérablement apprendre au sein de la communauté des praticiens de l’hypnose, il me semble toutefois intéressant de continuer à nourrir notre pratique par des échanges interdisciplinaires. Dans le cadre de ma thèse de médecine sur l’hypnose thérapeutique en psychiatrie, je me suis interrogée sur les particularités de l’hypnose médicale.
L'occasion d'y retrouver bon nombre de professionnels de l'hypnose du monde entier...