Hélène consulte car elle ne parvient pas à nouer des relations amoureuses stables dans sa vie. Elle a beau chercher, elle ne parvient pas à en trouver les raisons. Elle fait des rencontres avec des hommes avec lesquels elle se sent bien au début de la relation, mais il y a toujours quelque chose qui se produit, qui vient interrompre ce démarrage et met fin à l’idylle. Je lui propose de me raconter.
- Thérapeute : « Comment les choses se passent-elles selon vous lors de vos relations amoureuses ?
- Hélène : Dès qu’une relation prend le chemin d’une construction, quelque chose fait obstacle et la relation est arrêtée de mon fait ou de celui de mon partenaire. En tout cas, mes relations n’ont jamais duré plus d’un an. Bien sûr, tout n’est pas de mon fait, mais je commence à me poser des questions. » Ainsi Hélène, qui est aujourd’hui âgée de 36 ans, n’est jamais parvenue à passer le cap d’une relation de plus d’une année. Elle désire avoir des enfants. Elle se pose même la question d’en avoir un seule, dans ce contexte particulier. Non pas d’adopter mais simplement, précise-telle, de trouver un géniteur. Je l’interroge sur les relations des femmes avec les hommes dans sa famille.
- Th. : « Comment se passent les relations des femmes avec les hommes dans votre famille ?
- Hélène : Oui, c’est vrai, maintenant que vous me posez la question je peux dire que ce n’est pas simple. Ma propre mère s’est mariée tardivement. Mon père était marin et ne restait que quelques jours à la maison. Nous l’avons peu connu ma soeur et moi. Maman se plaignait toujours de tout faire seule. Lorsqu’il a pris sa retraite et s’est enfin installé à la maison, leurs relations ont été épouvantables. Elle se plaignait de tout chez lui. Ses moindres faits et gestes étaient source de commentaires et de dénigrements de sa part.
- Th. : Si je comprends bien, vous avez grandi avec votre mère et votre soeur. Est-ce exact ?
- Hélène : Oui, tout à fait. Nous étions trois femmes. Ma soeur est mon aînée de deux ans.
- Th. : Il y avait-il d’autres membres de la famille à proximité ?
- Hélène : Non, mes deux parents étaient des enfants uniques, ce qui était plutôt rare dans les familles autour de nous. Je n’ai donc ni tantes et oncles, ni cousins.
- Th. : Et comment les relations se passaient
- elles avec votre père ?
- Hélène : Ce n’était pas simple non plus. Maman pensait qu’il l’avait trompée et qu’il avait une femme dans chaque port. Lui avait pris l’habitude de vivre avec des hommes et de ne pas trop parler. Il était à la fois heureux d’enfin se poser lorsqu’il rentrait, mais les tensions étaient tellement fortes à la maison qu’il prenait tous les prétextes pour en partir. Elle lui demandait de l’aider au jardin, à la maison. Lui n’était pas très disponible. Etait-il fatigué, je ne sais pas... En tout cas, il venait régulièrement à la maison quelques jours mais il était absent. En fait, ils ont vécu séparés toute leur vie... Maman était très organisée dans sa vie seule. Au moment où papa a pris sa retraite, ils se découvraient alors avec leurs habitudes de vie. Ces façons de vivre n’étaient pas forcément compatibles. Je crois qu’aucun des deux n’avait pris l’habitude de demander à l’autre ce qui l’intéressait ou tout simplement ce qu’il désirait. Ils vivaient ensemble, côte à côte...
- Th. : Qu’en était-il du côté des grands-parents ?
- Hélène : Mes deux grands-mères se prénommaient Madeleine. C’est la première fois que j’y pense. C’était aussi un prénom à la mode à l’époque. Elles étaient deux femmes mariées de force semble-t-il, ou disons plutôt des mariages arrangés. L’une comme l’autre ne semblaient pas épanouies avec leur conjoint. Je me souviens qu’il n’y avait pas franchement de bonne entente, ni de complicité. Chez les grands-parents, on vivait à l’économie de mots. Ma grand-mère maternelle était plutôt investie à l’église, dans les activités caritatives. Ma grand-mère paternelle quant à elle était plutôt portée sur l’alcool, elle ne parlait pas au grand-père. Ils s’ignoraient, ne mangeaient jamais ensemble. C’est dire leurs relations !
- Th. : Quelles sont les croyances transmises ?
- Hélène : Les femmes se taisent. Les femmes souffrent. Les femmes font tout, elles assument les enfants, la famille, le quotidien. On ne parle pas de bonheur, de complicités, d’épanouissement, de loisirs. On ne parle pas de femmes heureuses, épanouies, jamais !
- Th. : Avec toutes ces croyances, comment faire pour avoir envie d’une relation ? Avez-vous d’autres modèles ? Avez-vous des amis épanouis dans leur vie de couple ? »
Lire la suite...
- Thérapeute : « Comment les choses se passent-elles selon vous lors de vos relations amoureuses ?
- Hélène : Dès qu’une relation prend le chemin d’une construction, quelque chose fait obstacle et la relation est arrêtée de mon fait ou de celui de mon partenaire. En tout cas, mes relations n’ont jamais duré plus d’un an. Bien sûr, tout n’est pas de mon fait, mais je commence à me poser des questions. » Ainsi Hélène, qui est aujourd’hui âgée de 36 ans, n’est jamais parvenue à passer le cap d’une relation de plus d’une année. Elle désire avoir des enfants. Elle se pose même la question d’en avoir un seule, dans ce contexte particulier. Non pas d’adopter mais simplement, précise-telle, de trouver un géniteur. Je l’interroge sur les relations des femmes avec les hommes dans sa famille.
- Th. : « Comment se passent les relations des femmes avec les hommes dans votre famille ?
- Hélène : Oui, c’est vrai, maintenant que vous me posez la question je peux dire que ce n’est pas simple. Ma propre mère s’est mariée tardivement. Mon père était marin et ne restait que quelques jours à la maison. Nous l’avons peu connu ma soeur et moi. Maman se plaignait toujours de tout faire seule. Lorsqu’il a pris sa retraite et s’est enfin installé à la maison, leurs relations ont été épouvantables. Elle se plaignait de tout chez lui. Ses moindres faits et gestes étaient source de commentaires et de dénigrements de sa part.
- Th. : Si je comprends bien, vous avez grandi avec votre mère et votre soeur. Est-ce exact ?
- Hélène : Oui, tout à fait. Nous étions trois femmes. Ma soeur est mon aînée de deux ans.
- Th. : Il y avait-il d’autres membres de la famille à proximité ?
- Hélène : Non, mes deux parents étaient des enfants uniques, ce qui était plutôt rare dans les familles autour de nous. Je n’ai donc ni tantes et oncles, ni cousins.
- Th. : Et comment les relations se passaient
- elles avec votre père ?
- Hélène : Ce n’était pas simple non plus. Maman pensait qu’il l’avait trompée et qu’il avait une femme dans chaque port. Lui avait pris l’habitude de vivre avec des hommes et de ne pas trop parler. Il était à la fois heureux d’enfin se poser lorsqu’il rentrait, mais les tensions étaient tellement fortes à la maison qu’il prenait tous les prétextes pour en partir. Elle lui demandait de l’aider au jardin, à la maison. Lui n’était pas très disponible. Etait-il fatigué, je ne sais pas... En tout cas, il venait régulièrement à la maison quelques jours mais il était absent. En fait, ils ont vécu séparés toute leur vie... Maman était très organisée dans sa vie seule. Au moment où papa a pris sa retraite, ils se découvraient alors avec leurs habitudes de vie. Ces façons de vivre n’étaient pas forcément compatibles. Je crois qu’aucun des deux n’avait pris l’habitude de demander à l’autre ce qui l’intéressait ou tout simplement ce qu’il désirait. Ils vivaient ensemble, côte à côte...
- Th. : Qu’en était-il du côté des grands-parents ?
- Hélène : Mes deux grands-mères se prénommaient Madeleine. C’est la première fois que j’y pense. C’était aussi un prénom à la mode à l’époque. Elles étaient deux femmes mariées de force semble-t-il, ou disons plutôt des mariages arrangés. L’une comme l’autre ne semblaient pas épanouies avec leur conjoint. Je me souviens qu’il n’y avait pas franchement de bonne entente, ni de complicité. Chez les grands-parents, on vivait à l’économie de mots. Ma grand-mère maternelle était plutôt investie à l’église, dans les activités caritatives. Ma grand-mère paternelle quant à elle était plutôt portée sur l’alcool, elle ne parlait pas au grand-père. Ils s’ignoraient, ne mangeaient jamais ensemble. C’est dire leurs relations !
- Th. : Quelles sont les croyances transmises ?
- Hélène : Les femmes se taisent. Les femmes souffrent. Les femmes font tout, elles assument les enfants, la famille, le quotidien. On ne parle pas de bonheur, de complicités, d’épanouissement, de loisirs. On ne parle pas de femmes heureuses, épanouies, jamais !
- Th. : Avec toutes ces croyances, comment faire pour avoir envie d’une relation ? Avez-vous d’autres modèles ? Avez-vous des amis épanouis dans leur vie de couple ? »
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Sophie Cohen
Psychologue, pratique l’hypnose depuis plus de vingt ans. Intervient dans de nombreux instituts ou diplômes universitaires en France et à l’étranger. Directrice de l’iconographie de la revue « Hypnose & Thérapies brèves » et autrice pour les rubriques
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N°73 : Mai / Juin / Juillet 2024
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens :
- Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
- Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens :
- Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
- Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.
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