- Dr Roxane Colette : Oui absolument ça a été une belle découverte, ça a été un moment où j'ai pu sortir d'une souffrance vraiment presque insupportable, paralysante, qui aurait pu me contraindre à arrêter mes études de médecine,
- KL : Pour nos auditeurs, vous avez vécu un drame par rapport à un cancer, et vous avez été affecté dans ce genre de service pour votre stage et il était impossible pour vous de faire votre stage finalement puisque vous le dites très bien d'ailleurs « vous sentiez vos jambes se dérober » il fallait que vous sortiez des chambres des patients, c'était tellement insoutenable et ça vous a changé la vie.
- Dr RC : Oui ça m'a changé la vie, par contre je précise dans mon livre et c'est valable pour l’EMDR comme pour l'IMO, que ces techniques nous demandent une résilience incroyable, un effort de prendre sur soi pour vaincre justement la peur, le traumatisme, en fait c'est un acte de courage que d'aller à ces techniques.
Ah oui à l'époque, je n'étais pas bien informée de tous les tenants et aboutissants de ce genre de thérapie et par contre à l’issue de celle-ci, j'ai été extrêmement reconnaissante d'avoir pu en bénéficier et c'est par la suite que je me suis formée pour pouvoir offrir cette alternative à mes patients.
- KL : on va justement parler des différences entre l’EMDR et l’IMO, et c'est vraiment impressionnant, alors je connais très bien l’EMDR, et je salue d'ailleurs Céline Franc et le docteur Vincent qui m'ont fait découvrir cette méthode, et c'est vrai que quand on est dans cette séance, on est confronté à pas mal de choses : déjà à son traumatisme, bien évidemment, à la souffrance, mais ce qui est impressionnant enfin du moins, moi ce qui m'a impressionnée, c'est cet apaisement immédiat après la séance, c'est quand même très très particulier.
- Dr RC : oui alors je ne pourrai pas entrer dans tous les détails parce que je ne suis pas là pour spoiler mon livre, et puis peut-être que ce n'est pas forcément le lieu pour expliquer les détails de cette technique, mais plutôt pour effectivement donner un petit aperçu à des patients qui auraient envie de essayer. Des futurs patients, c'est justement à eux que s'adresse la thérapie..
- KL : à qui s'adresse ces thérapies brèves ?
- Dr RC : Justement elles s'adressent à tout le monde.
- KL : Et c'est pour que les personnes, qui n'ont pas encore lu le livre, puissent se faire une idée justement : ça va du petit trauma aux grands traumas, des petits maux du quotidien au grand trauma.
- Dr RC : Exactement. Ce sont des petits maux du quotidien aux grands traumas, et la liste n'est pas exhaustive je pense que je pourrais écrire 2, 3, 4 tomes sur l’IMO parce que en fait, c'est une découverte journalière et je remercie vraiment mes patients avec qui c'est un travail qui n'aurait jamais pu se faire sans eux, qui m'ont énormément appris sur cette technique, c'est vraiment un travail une collaboration, et on apprend beaucoup de chaque histoire personnelle, et qu’il y a un petit trauma ou un grand trauma que ce soit un petit blocage comme un grand traumatisme de la vie, et bien l’IMO vient y répondre.
Alors, il y a quelques contre-indications, comme j’en parle dans mon livre bien sûr.
- Dr RC : Alors il faut savoir que l’EMDR est le pionnier, que c'est Madame SHAPIRO qui a créé cette technique en l'expérimentant sur elle-même.
- KL : Elle était elle-même atteinte d'un cancer à l'époque.
- Dr RC : Oui, et puis elle a aussi travaillé sur les vétérans de guerre, sur les états de stress post-traumatiques. A la base, c'est une épreuve en fait qui vient soigner des états de stress post-traumatiques, que suite à un traumatisme, on peut développer un trouble psychique et qui vient impacter nos quotidiens qui donne des conduites d'évitement, des fuites de certaines situations, des crises d'angoisse, des crises de dissociation.
L’IMO a été adaptée à partir de l’EMDR par un couple, Steve et Connirae ANDREAS, puis enseignée par Danie Beaulieu. Ils ont perfectionné leur méthode IMO suite à l’EMDR en travaillant sur des mouvements un petit peu différents.
Alors je ne sais pas si tout le monde connaît l’EMDR, mais l’EMDR ce sont des mouvements oculaires horizontaux de gauche à droite uniquement et l’IMO, ce sont des mouvements qui sont dans tous les cadrans du champ visuel, obliques, circulaires et qui s'adaptent surtout aux besoins et à l'intervention du patient qui va guider ces mouvements à travers son ressenti corporel.
Si certains ressentis corporels sont très négatifs on va privilégier d'autres mouvements. En fait ça va dépendre de ce que nous cherchons à travailler avec le patient.
- KL : D'accord, alors justement, est-ce que vous pouvez nous donner les indications thérapeutiques de l'IMO ?
- Dr RC : Alors donc comme vous l'avez bien dit, « petits maux grands traumas », à travers les petits maux, ça peut être une difficulté à s'exprimer dans le quotidien, ça peut être une phobie sociale, ça peut être une phobie…
- KL : Une phobie de l’avion. Ça marche très bien sur les phobies…
- Dr RC : Ça marche très bien sur les crises d'angoisse dont l'origine n'a pas été identifiée, on peut utiliser l’IMO pour aller chercher l'origine de la crise d'angoisse, et ensuite résoudre la problématique, les conflits conjugaux, les conflits familiaux, les séparations, les deuils, les agressions en tout genre les agressions qui viennent de l'enfance, les maltraitances répétées, des abus sexuels mais ça c'est un sujet un petit peu d'actualité hélas, les attentats etc…
- KL : Est-ce que justement plus tôt on consulte et plus c'est efficace ? C'est comme l’EMDR ?
- Dr RC : Alors je ne peux pas vous dire que plus tôt on consulte, plus c’est efficace, parce qu’en fait, on consulte à partir du moment où on en ressent le besoin, que la souffrance psychique est trop importante et invalidante. Après oui, il est plutôt souhaitable de consulter rapidement que de voir les choses se chroniciser et puis surtout de voir s’accumuler différents traumatismes qui ensuite peuvent être pris en charge de manière plus ou moins individuelle, mais qui représentent un travail très conséquent en IMO.
- KL : Juste une petite aparté avec l'actualité, vous parliez de de stress post-traumatique, est-ce qu’aujourd'hui l'actualité COVID qui occupe les esprits, est-ce qu'il y a un risque de développer un stress post-traumatique avec tout ce que l'on vit en ce moment ?
Ce que je constate quotidiennement avec mes patients à part ceux qui souffrent de phobie sociale, et que finalement l'isolement, le confinement arrange parce que forcément ils restent chez eux et ça les dédouanent de pouvoir faire les démarches auprès des autres, évidemment, ceux qui sont au contraire dans un besoin de contact, et bien ça a des lourdes conséquences sur la santé mentale.
- KL : Et sur les enfants ? Si vous suivez de jeunes ados ou de jeunes enfants ça des conséquences aussi assez néfastes sur eux toutes ces mesures : je pense au port du masque ou à la distanciation dans les cours de récréation, à toutes ces choses ?
- Dr RC : Alors oui, moi je suis surtout des adolescents, pas tellement les jeunes enfants, mais oui je le constate sur les adolescents et les jeunes adultes que je suis beaucoup, il y a une recrudescence d'épisodes dépressifs, et j'en suis à donner de plus en plus, à prescrire de plus en plus d'antidépresseurs chez des jeunes.
- KL : On en parle très peu quand même de ça ? On parle beaucoup de cas, mais de tous ces dommages collatéraux dus à toutes ces mesures qui sont prises on en parle finalement très peu ?
- Dr RC : Mais c'est la problématique, notre attention reste focus sur le COVID et l'impact sur la santé physique en fait. Voilà, le risque de décompensation cardiaque, le risque de problématiques pulmonaires, le risque de décès etc… mais qui ont forcément tous un impact sur le mental des gens puisque ça suscite énormément d'anxiété, ça ravive l’hypocondrie, ça ravive la paranoïa, ça ravive énormément de souffrances psychiques, et puis les états post-traumatiques dus à des décès ou à des chocs traumatiques. J'en suis quelques-uns là, suite au COVID. Donc la santé mentale selon moi n'est pas mise suffisamment en avant dans la problématique de santé actuelle et pourtant c'est un enjeu de santé publique.
- KL : Alors on parlait de de cette thérapie brève justement on a parlé un petit peu des indications thérapeutiques de ce stress post-traumatique, vous parlez aussi dans votre ouvrage et je pense qu'il est important que l'on en parle à nos auditeurs, du concept de dissociation mentale, est-ce que vous pouviez nous expliquez ça docteur ?
- Dr RC : Alors la dissociation mentale c'est une manière d'économiser un petit peu son psychique, c'est à dire il y a des moments où chacun, y compris les personnes qui n'ont pas de problème psychiatriques, expérimente un état de dissociation : vous êtes au volant de votre voiture vous faites un trajet que vous connaissez absolument par cœur que vous faites tous les jours, et vous arrivez à destination et vous vous demandez comment vous êtes arrivé là.
- KL : Un peu en pilote automatique…
- Dr RC : Exactement. C'est une manière d'être dissocié et c'est une dissociation physiologique, c'est à dire normale. Et puis on a la dissociation plutôt pathologique, celle qui n'est pas normale, celle que le conscient n'utilise pas de manière optimale, et qui est utilisée pour sécuriser pour être en mode survie. Parce que malheureusement…
- KL : C'est un mécanisme de défense ?
- Dr RC : C'est un mécanisme de défense contre une souffrance qui est trop importante. Le mental décide de se dissocier pour ne pas trop ressentir ou ne pas du tout ressentir la souffrance, justement suite à des états post-traumatiques par exemple.
- Dr RC : Moi je trouve que c'est bien fait, nous avons vraiment un mental qui m'impressionne vraiment dans le fonctionnement dans l'accompagnement au quotidien, de pouvoir se dissocier comme ça de temps en temps de manière inconsciente pour s'économiser parce qu'on estime que finalement on n'a pas besoin d'être là à 100% pour pouvoir vivre, je trouve ça extraordinaire. C’est une économie de force fantastique. C’est un petit peu comme un ordinateur qui tourne vous savez, et qui se met en veille.
- KL : Par contre, il y a des troubles psychologiques et psychiatriques et dans certains cas justement cette dissociation mentale est permanente, je pense notamment la schizophrénie en dehors des périodes de traitement.
- Dr RC : Effectivement, c'est intéressant, là vous parlez de la dissociation mentale psychotique, qui est bien à distinguer de la dissociation mentale névrotique.
La dissociation mentale d'un état stress post-traumatique chez une personne qui est névrosée comme vous j'imagine, et comme moi …
- KL : Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez…
- Dr RC : Mais pour autant et c'est important de le dire, les psychotiques peuvent bénéficier d'un accompagnement en IMO à certaines conditions
- KL : D'accord parce qu'on avait une question justement de Sonia sur Instagram qui nous dit est ce que l'on peut pratiquer l’IMO sur des personnes psychotiques ? C'est pour ça que je voulais bien faire la différence entre les 2. Donc oui, on peut pratiquer l’IMO sur ces personnes.
- Dr RC : Alors oui Sonia effectivement, si la personne qui souffre de psychose et est stabilisée par rapport à sa maladie et a un bon suivi, stabilisée donc ça veut dire qu'avec des éléments psychotiques qui sont vraiment en stabilisation depuis un moment, on peut évaluer les bénéfices à faire un travail en IMO et pourquoi pas accompagner ce type de travail.
- KL : Et ça fonctionne bien aussi sur ces personnes-là ?
- Dr RC : Oui ça fonctionne bien, j’avais fait des séances d'hypnose sur une personne qui souffrait de psychose et cette personne était très très réceptive, et ça marchait très bien. Parce que pour information, l’hypnose et l'IMO utilisent la dissociation mentale. Donc ce sont des techniques qui ont ce point commun.
- KL : Comment ça se déroule, parce que je connais l’EMDR, mais l’IMO, pour le coup, je ne connaissais pas du tout avant de lire votre livre, comment se déroule l'entretien ? je suppose qu'il y a un entretien d'évaluation préalable à la thérapie IMO ?
- Dr RC : Alors on évalue le patient sur la stabilité mentale du moment, sur son parcours de vie, sur ses antécédents éventuels au niveau psychiatrique, de voir s’il a déjà fait un épisode dépressif, s'il a eu des états de stress post-traumatiques, s'il ne souffre pas d'un trouble mental qui nécessite un accompagnement médicamenteux, et puis après on voit effectivement s’il y a un intérêt à bénéficier de cet outil. Mais il faut s'assurer au préalable que le patient est relativement stable mentalement pour pouvoir supporter ce type de travail parce que, encore une fois, même si ça amène un apaisement à la fin d'une séance et au terme du processus, sur le moment, ça peut peut bouleverser une personne quand même.
C'est intense donc, il faut être prêt, il faut être prêt à ça aussi.
- Dr RC : Déjà aussi il faut que le thérapeute informe vraiment bien le patient de tous les risques pendant une séance et des risques après une séance, mais qu’il le rassure en disant qu’à l'issue de ces séances, il y a un mieux-être, vraiment conséquent, qui va arriver d'ailleurs si le travail est bien fait.
- KL : Ce que je trouve spectaculaire docteur, et je pense que vous me direz pas le contraire, alors moi je parle de l'EMDR, mais vous nous ferez le parallèle avec l’IMO, c'est qu’on rentre avec ce traumatisme qui est présent, on peut parler de reviviscence, où on peut parler de ces choses-là, donc des choses qui sont ancrées, des choses que l'on revoit tous les jours, et qu’en fait, plus on avance dans la séance, et plus cette image, du moins pour ma part c'est comme ça que je le vis, et moins le traumatisme est présent, et plus cette image s'éloigne en fait, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus la voir du tout, c'est ça qui est complètement révolutionnaire !
- Dr RC : Nous sommes bien faits… Et là vous décrivez les circuits émotionnels cérébraux qui finalement sont atténués avec la répétition, les répétitions de certains mouvements oculaires, finalement c'est une forme de reset émotionnel que ce soit l’EMDR ou l’IMO.
- KL : Alors, on a une question de Anne sur Instagram : « je voudrais arrêter la cigarette j'ai tout essayé et je voulais savoir si ça peut fonctionner avec l'IMO ? », ça c'est un petit peu un appel à l'aide.
- Dr RC : Je vais être tout à fait transparente je n'ai jamais essayé l’IMO sur l'arrêt du tabac parce que j'utilise l'arrêt du tabac je le soigne en hypnose très bien.
- KL : l’IMO sur les addictions au sens plus large du terme ? Parce qu’il y a certaines addictions qui arrivent à la suite justement d'un psychotraumatisme.
- Dr RC : Oui alors en fait, il faut faire un travail d'analyse approfondie avec le patient pour savoir d'où vient son addiction, est-ce que ça a un lien avec un traumatisme, à quel moment l'addiction s'est mise en place et puis, pourquoi pas travailler le traumatisme et en travaillant le traumatisme on travaille l’addiction et après chercher des moyens de sortir de cette addiction justement, qui est souvent une soupape chez les patients, et donc finalement leur donner d'autres soupapes. Mais je suis presque sûre, je ne peux pas dire à 100% mais on va dire à 95%, que l’IMO pourrait résoudre l'addiction à partir du moment on trouve l'origine.
- KL : Mais justement il y avait une étude qui avait été faite là-dessus, et qui disait que la dimension psycho traumatologique joue un rôle central et caché dans la genèse des addictions et qu'on peut trouver des antécédents traumatiques dans les addictions dans plus de 50% des cas et certaines études allant même jusqu'à 80%. C'est une étude récente de 2011.
- Dr RC : Ça ne m'étonne pas, l’addiction est liée à l'état de stress post-traumatique, donc c'est pour ça qu’il faut analyser l'origine du tabac par exemple et si ça a une origine traumatique la réponse est oui, vous pouvez bénéficier d’un traitement en IMO.
- KL : Vous avez eu l'autorisation de certains de vos patients justement de parler bien évidemment anonymement de leur cas et je trouve que c'est très bien pour faire comprendre justement et pour que chacun puisse s'identifier à ce à quoi peut servir l'IMO, et la délivrance que ça peut être. Alors on avait une question de Karine qui nous dit « est-ce que l'on peut travailler sur le confinement sur ce que les médias nous rabâchent, l'isolement, la séparation, l'angoisse de la mort et la privation de nos libertés en IMO ?»
- KL : D'accord et du coup, ça se passe comment une séance ? Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu ? Est-ce qu'on travaille comme en EMDR ? Est-ce qu'on travaille sur des termes ? Sur des mots qui nous marquent ? Sur les émotions que l'on ressent à l'instant T ?
Comment ça se passe ?
- Dr RC : Alors l’IMO, prend en compte, à la fois l'aspect émotionnel, mais aussi le côté un peu intellectualisation du scénario dans lequel nous voulons nous mettre, et le côté corporel donc les sensations physiques. Les sensations physiques qui sont familières : nous avons mal à la poitrine, on a du mal à respirer, on a mal au ventre, toutes ces sensations ce sont des manifestations psychosomatiques et l’IMO cherche à les faire revenir. Ce qui montre que nous sommes au cœur de de la problématique chez le patient, à l'instant T, et en même temps on prend en charge tout l’aspect émotionnel du patient en faisant revenir l'angoisse, la peur, la tristesse, les émotions évidemment qui ne sont pas très positives mais qui le handicapent.
- KL : Est-ce que vous pouvez nous parler de plusieurs cas précis, pour que nos auditeurs comprennent bien la démarche ?
- Dr RC : Alors, je pourrais vous parler par exemple de l'angoisse, de l'anxiété, des attaques de panique qui impactent une personne dans son quotidien qui arrivent sans crier gare dans un couloir de métro ou au travail, dans une réunion. Le patient n'a pas toujours identifié la cause de ses angoisses, parfois il pense que c'est son N+1 qui l'angoisse, qui lui met la pression, et parfois il pense qu’en fait ça vient de la maison.
Mais il en n’a pas la certitude. Et en IMO, l'enjeu c'est de conditionner le patient à revivre cette angoisse et en créant en fait une ouverture vers l'inconscient puisque c'est l'inconscient qui guide nos angoisses, qui nous fait ressentir en fait de l'angoisse dans les moments que l'on ne maîtrise pas, de permettre à l'inconscient de s'exprimer justement, de dire « c'est ça le problème, moi je n'ai pas les mots pour m’exprimer », l’inconscient n’a pas les mots pour s'exprimer, donc il s'exprime à travers le corps ce qu'on appelle la psycho somatisation.
Et l’IMO permet justement de connecter le corps avec l'inconscient et donc l'inconscient va s'exprimer à travers le corps, et donc, c'est pour ça qu’en IMO, ce n'est pas un long fleuve tranquille, c'est autoriser le corps à s'exprimer et à ressentir des choses qui ne sont pas toujours très agréables. C'est pour ça que vous, Kristina, vous l'avez dit tout à l'heure, en EMDR, vous avez expérimenté des séances désagréables Et moi aussi quand j'ai expérimenté l’EMDR pour un deuil, c'était pareil : ça n’a pas été une partie de plaisir, mais c'était essentiel pour que mon inconscient puisse se libérer en fait d'un traumatisme.
Le déroulement d'une séance, c'est le thérapeute en face du patient qui garde les yeux ouverts il maîtrise absolument toute la séance puisque il est conscient de A à Z, qu’il va faire un travail en IMO. Après il expérimente des moments de dissociation dont on a parlé tout à l'heure, la dissociation mentale mais une dissociation thérapeutique, qui va lui permettre d'avancer de manière sécure, dans un espace sécure, dans une bonne alliance thérapeutique sur une problématique qui l’envahit dans son quotidien, qui l'empêche de s'épanouir et donc à travers des mots clés, on va faire revivre une situation traumatique ou une situation difficile.
- KL : Par exemple, ça peut être une réunion avec attaques de panique ?
- Dr RC : Oui, si par exemple il y a une réunion et qu’il fait des angoisses, c'est que qu’il y a son chef, le N+1 avec qui ça se passait très mal, on va pouvoir trouver des mots-clés, dire « l’anxiété de performance, la peur de ne pas y arriver, le prénom du N+1 par exemple ». En fait l'idée c'est vraiment de faire revivre la scène au patient pour qu'il se replonge dans cette scène et qu’il se reprogramme de manière plus apaisée, plus distancié émotionnellement.
- Dr RC : Exactement, de prendre une bonne distanciation émotionnelle avec la situation.
- KL : D'accord… L'adhésion du patient est primordiale, docteur ?
- Dr RC : La vision du patient est primordiale on ne fait rien contre sa volonté, de toute façon le patient ne peut pas autoriser quelqu'un à le mettre en IMO !
- KL : Non bien sûr, mais je veux dire que, vous disiez un petit peu tout à l'heure, mais je veux bien insister là-dessus, c'est que c'est une vraie démarche que de rentrer dans ce genre de thérapie.
- Dr RC : C’est une vraie démarche. Oui il faut que le patient soit volontaire, déterminé, et qu'il ait vraiment en tête dans quoi il s'engage. Donc c'est important de faire de l'information préalable au patient de lui dire dans quoi il s'embarque et de le rassurer aussi. De lui dire que, peut-être il va donner beaucoup d'énergie, mais que ça en vaut la peine. C'est pour un mieux être assuré au bout de 3 séances maximum.
- KL : Eh bien, vous nous faites le lien puisqu'on avait Marco qui nous demandait « combien de séances il faut pour traiter les traumatismes ? » Alors ça va dépendre peut-être de la réceptivité déjà ?
- Dr RC : Honnêtement la réceptivité, c’est 95%. Là dans les 5% restants des gens qui ne sont pas réceptifs à l’IMO, soit ce n’est pas le bon timing pour eux. Il faut attendre un peu parce que l'inconscient n'est pas prêt.
- KL : Alors expliquez-nous « ce n'est pas le bon timing », qu'est-ce que ça veut dire ?
- Dr RC : Le bon timing c'est à dire que parfois l'inconscient est verrouillé, il est vraiment bloqué, il a peur en fait d'avancer de travailler sur une problématique. Il ne se sent pas prêt et il faut respecter ça , c'est important Quand on fait un travail d'analyse ou de psychothérapie, il y a des moments où on est plus ou moins prêt à le faire, et on peut faire la démarche et ça marche, et il ne faut pas se forcer.
- KL : Quel peut être le déclic pour justement consulter et rentrer dans ce genre de thérapie brève et qui plus est très efficace ? Est-ce qu’il y a un déclic, à quel moment ? C'est quoi le déclic ?
- Dr RC : Ça dépend ça peut être une prise de conscience à un moment donné que l’on souffre trop et que ça ne peut pas continuer comme ça. Malheureusement parfois c'est un arrêt maladie. On est en arrêt parce qu’on n'est plus en capacité de travailler, on ne gère plus rien dans sa vie on se rend bien compte que mentalement ça ne va pas et on en est à consulter un psychiatre. Alors en espérant que le psychiatre soit apte à proposer une prise en charge adaptée au patient et pas toujours que médicamenteuse bien sûr.
- KL : On a une question de … qui nous dit « bonjour, merci pour cette belle émission je souffre d'un burn-out, et la situation actuelle ne m'aide pas à m'en sortir, je voulais savoir si on pouvait faire de l'IMO là-dessus ? »
- Dr RC : Évidemment la réponse les séances en IMO sur les burn-out, oui, et ça marche très très bien
- KL : D'accord, et comment ça se passe alors pour prendre le cas du burn-out si on veut en dire un petit peu plus ?
- Dr RC : Alors malheureusement souvent dans un burn-out, il y a quand même une composante « dans l'esprit de la personne », je dis hein avec des guillemets, de harcèlement professionnel, de surcharge mentale, de manque d'économie de soi, de difficulté à poser des limites, et je pense que l’IMO aide la personne à remettre en perspective la manière dont elle fonctionne, à prioriser certaines situations et donc à s'économiser, à apprendre à faire de l'économie de soi, à mettre plus de limites et puis à mettre de la distance émotionnelle avec éventuellement des personnes qui pourraient la harceler.
- KL : D'accord donc en ça, c'est préconisé dans ce genre de trouble.
Une question : « J’ai du mal à m’en sortir avec la situation actuelle, est-ce que les résultats sont rapides si on prend en compte le contexte ? »
- Dr RC : Je pense qu’heureusement le contexte n’impacte pas la qualité de travail en IMO sur d’autres traumatismes.
- KL : Une question là, qui vient de nous arriver sur les réseaux sociaux de Steph qui nous demande « si ça fonctionne aussi lorsqu'on a été témoin d'une scène traumatique ? » Alors peut-être, on peut prendre l'exemple des attentats par exemple, est-ce que ça fonctionne l’IMO là-dessus ?
- Dr RC : Bien sûr, l’IMO sur les attentats, et je suis bien placé pour vous dire que ça fonctionne, j'en ai eu plusieurs dans mon cabinet. J'ai eu le Bataclan, j'ai eu l’attentat de Nice il y a quelques années et un témoin d'un attentat, c'est comme si vous y étiez…
- KL : C'est un traumatisme quand même oui j'allais dire c'est finalement c'est traumatique on est témoin d'accord mais c'est traumatique, psychologiquement, c'est dur
- Dr RC : Bien sûr, il y a la perception de l'attentat et l’inscription dans le mental du traumatisme, donc ça devient un traumatisme en fait après ça se soigne si vraiment il y a des états de stress post-traumatiques qui en découlent
- KL : D'accord parce que quand il y avait toutes ces vagues d'attentats justement même la population on revient un petit peu à ce que l’on disait tout à l'heure au sujet des médias, mais on en voit beaucoup à la télévision, on voit des images et ça peut créer aussi chez les personnes qui n'ont pas directement assisté à la chose, des états de stress post-traumatique, de se dire d'avoir peur, d'éviter d'aller dans certains endroits de peur de ?
- Dr RC : C'est toujours pareil, ça vient raisonner sur une personnalité avec sa sensibilité, son vécu, et pourquoi pas ses traumatismes anciens et ça peut raviver les traumatismes anciens et prendre des dimensions beaucoup plus traumatiques en fait.
- KL : Merci beaucoup Docteur de nous avoir apporté votre expertise. Aujourd'hui le docteur Roxane Colette médecin psychiatre et je vous rappelle vous êtes l’auteur de « petits maux grands traumas de l'EMDR à l’IMO chez Guy Trédaniel c'est vraiment un livre que je vous conseille et puis je vous conseille aussi de de de tester ces techniques parce que c'est vraiment très très efficace.
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Session 2: 20, 21 et 22 Novembre 2023
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