Dans notre pratique d’hypnothérapeute, massothérapeute et de psychologue clinicienne en centre de prévention, nous travaillons à l’accompagnement des personnes ayant commis une tentative de suicide. Ces patients sont orientés par le psychiatre ou par le médecin traitant, et se voient proposer des entretiens individuels avec la psychologue, ainsi que cinq séances de soins à médiation corporelle avec l’hypnothérapeute-massothérapeute.
Quel peut être l’intérêt de ce type de prise en charge ? Pourquoi proposer des soins à médiation corporelle (SMC) et des séances d’hypnose à des patients suicidants ?
Comment s’organise le soin et comment se fait le lien entre ces différents espacesde travail thérapeutique ?
PRISE EN CHARGE DES PATIENTS EN SOUFFRANCE SUICIDAIRE : RÉFLEXION CLINIQUE AUTOUR DU LIEN ET DE L’ESPACE THÉRAPEUTIQUE ENTRE SÉANCE D’HYPNOSE, SOINS À MÉDIATION CORPORELLE ET SUIVI PSYCHOLOGIQUE (AM)
La tentative de suicide n’est pas un symptôme en soi mais l’expression d’une souffrance qu’il faut savoir écouter. Le cadre thérapeutique au Centre de prévention du suicide de Punaauia (Polynésie française, île de Tahiti) est de proposer un espace d’écoute et de parole aux patients suicidants et, pour ceux qui le souhaitent, des séances de soins à médiation corporelle avec Virginie. Ce dispositif permet une certaine diffraction du transfert qui protégera le lien soignant global et favorisera l’interprétation et la mise en sens nécessaire au travail thérapeutique.
Les soins à médiation corporelle et l’hypnose vont « toucher » le patient, mais on ne peut atteindre le patient qu’en se laissant en retour toucher par ce qu’il dit de lui ou par ce qu’il montre. C’est ce « laisser toucher » qui est le noeud du lien qui seul est soignant. C’est ce que je souhaiterais illustrer au travers des vignettes cliniques suivantes.
NÉVROSE OBSESSIONNELLE ET LÂCHER-PRISE
Pour les patients reçus qui souffrent de névrose obsessionnelle, la souffrance est souvent en lien avec une impossibilité de lâcher-prise, un trop-plein de pensées, une volonté de maîtrise et de toute puissance.
Cette volonté de garder le contrôle est prégnante en entretien. J’en veux pour exemple ce patient, Teva, qui venait à chaque entretien avec son bloc-notes et me faisait le résumé de l’entretien précédent, puis me précisait les thèmes à aborder pour l’entretien du jour.
Son « résumé » était en fait très exhaustif, il y faisait même des extrapolations sur ce que j’aurais pu lui dire, et les thèmes à explorer étaient tellement vastes qu’il lui est arrivé de ne pas avoir le temps de terminer sa lecture avant la fin de l’heure de l’entretien. Il avait tellement peur de ne pouvoir retenir ses larmes s’il s’exprimait spontanément, qu’il avait besoin du cadre des mots préparés à l’avance pour être sûr de ne pas s’effondrer. On voit à quel point il est important de respecter les défenses et de ne pas chercher justement à forcer un lâcher-prise.
Après trois entretiens psychologiques, Teva se sentait mieux, disait-il, mais nous paraissait fatigué psychologiquement : il ne dormait plus du fait de ses rationalisations interminables sur les raisons de ses échecs et sur ce qu’il conviendrait de mettre en place pour être « efficace » et aller mieux. Rationalisations sans fin qui ne faisaient que le maintenir dans le doute et l’inactivité.
Les séances avec Virginie lui ont été proposées à ce moment-là, avec l’objectif présenté au patient de l’aider à apprendre à faire le vide. Il est évident que si on commande le lâcher-prise, le patient, tout à son angoisse, risque au contraire de renforcer son besoin de maîtrise. Nous lui avons présenté les séances comme l’occasion d’un apprentissage sur lui-même qu’il a entendu comme une occasion de rendre la « machine » plus performante. Il s’est retrouvé bien sûr dans une situation difficile lors des séances de SMC – il ne pouvait plus guider la séance par ses mots mais devait être guidé par ceux d’une autre – mais productrice de sens.
MONDIALE. L’hypnose, une pratique mondiale. Nos yeux sont maintenant rivés sur Paris, sur ses aéroports et ses gares d’où vont arriver dans quelques semaines nos collègues du monde entier. Dame Tour Eiffel, redessinée par Jean-Michel Hérin, va devenir l’emblème de l’hypnose pendant 4 jours. Un bien beau symbole que cet exploit que Gustave, son concepteur, réussit après avoir mené pendant plusieurs années une intense campagne de communication pour susciter l’adhésion - au début très hypothétique - des décideurs et du grand public.
Ou comment réparer et cicatriser les blessures « En voilà une idée. Encore un de ces titres accrocheurs pour attirer l’attention ! » C’est ce que me disait un stagiaire lorsque nous évoquions les modifications sensorielles et trophiques en relation avec des suggestions hypnotiques. Il remarquait, critique, que la forme, le nom donné conférait la propriété suggérée au sujet auquel elle s’appliquait.
Longtemps sous- estimée, l’utilité de l’hypnose en addictologie apparaît de plus en plus évidente et attire l’attention des acteurs de santé publique. Le concept d’addiction se définit par un état dans lequel tout le comportement se focalise sur la production d’une satisfaction (et la disparition de sensation aversive), avec une incapacité de le maîtriser et son maintien en dépit des conséquences délétères. Il regroupe les addictions aux substances et les addictions comportementales.
Dans la tradition de l’école de Palo Alto, la nouvelle génération des thérapeutes stratégiques approfondit et nuance les approches de leurs maîtres fondateurs. Jusqu’à notre prochaine rencontre, je vais vous demander, chaque jour, de vous poser plusieurs fois la question suivante : « Que pourrais-je faire activement pour faire empirer ma situation ? Que devrais-je dire (ou ne pas dire), faire (ou ne pas faire), penser (ou ne pas penser), si je voulais volontairement augmenter mes problèmes, aggraver mon mal-être ? »
Le voyage en canoë qui élargit la conscience du jeune Erickson, pavant le chemin pour ses futures stratégies thérapeutiques.Vingt-quatre mois après s’être rétabli d’un épisode sévère et prolongé de poliomyélite, encore à peine capable de se passer de béquilles, le jeune Milton Hyland Erickson, 21 ans, entreprit un voyage qui élargit significativement sa perspective sur la vie et influença grandement son travail à l’âge adulte en tant que médecin et hypnothérapeute.
Corine Pelluchon, Les nourritures. Philosophie du corps politique, L’Ordre philosophique, Seuil, Paris, 2015. La lecture de ce livre est un délice. Et ce pour plusieurs raisons : d’abord les propos de Corine Pelluchon, professeure de philosophie à l’université de Franche-Comté, spécialiste en éthique médicale et biomédicale, sont pleinement orientés vers la vie. Ayant déjà travaillé sur la vulnérabilité (L’autonomie brisée. Bioéthique et philosophie, 2009 ; La raison du sensible. Entretiens autour de la bioéthique, 2009.
La saison touristique bat son plein : tout le monde, ou presque, est en vacances. Agence de voyages pour les traditionnels, internet pour les plus speedy, nousavons les yeux rivés sur l’endroit de rêve : lieu insolite, loin de tout rappel au travail, à juste quelques heures de chez nous, plage céleste sans baigneurs, bungalow toutes commodités isolé de tous, au beau milieu de la nature sauvage, proche des voies de communication, le silence de la forêt et la liaison wi-fi, sans montre au poignet, le portable dans la poche, évidemment sur« silence », quitte à le regarder deux fois l’heure juste pour savoir si nous sommes capables de deviner l’heure en nous basant sur le soleil et les ombres.
ANALYSE CRITIQUE. L’unité Inserm U669, dirigée par le Pr. Bruno Falissard, s’intéresse aux problèmes de santé mentale dans une perspective de santé publique. A la demande du ministère de la Santé (Direction générale de la Santé), cette unité de recherche a pour mission d’évaluer diverses pratiques thérapeutiques dites « non conventionnelles ». Elle a déjà publié plusieurs rapports (mésothérapie, chiropratique, biologie totale, ostéopathie, auriculothérapie, acupuncture…).
Il y a quelques mois, au cours d’un dîner, un ami me lance : « Et toi ? Tu ne viendrais pas sauter en parachute avec moi ?» (Sachant très bien qu’il s’adressait à la personne pour laquelle, d’ordinaire, un dos d’âne pris sans trop de précaution créait déjà des sensations vertigineuses!) Sans que je m’y attende, ma bouche articule un mot franc et intelligible : « Si.» A la surprise générale, ainsi qu’à la mienne, je dois l’avouer, je réponds par l’affirmative à cette demande aussi inattendue, que définitive.
Suture sous hypnose en maternité. Par cet article je souhaite partager avec vous l’histoire d’un accouchement sous hypnose. Cette histoire pourrait aussi s’intituler « L’accouchement surprise ». Nelly est une patiente de 29 ans, primipare sans antécédents particuliers. Le couple a choisi d’être suivi par un intervenant unique pendant toute la grossesse, y compris pendant l’accouchement, c’est ce qu’on appelle le « suivi global ».
Tout a commencé il y a cinq ans… Ou peut-être plus. Après un parcours « traditionnel » de pratique de la kinésithérapie, je décidais de partir en quête d’une technique liant le corps et l’esprit. Alors tout naturellement je me suis adressé à l’IMELyon pour intégrer le cycle I de cette formation en hypnose éricksonienne. Plein d’attente, d’interrogations, mes sens étaient en éveil.