L’art-thérapie propose un cheminement personnel à travers un processus de création artistique. Concrètement, le patient réalise une production dans le cadre d’une relation thérapeutique. Réaliser une création permet de réveiller des émotions, des tensions ou traumatismes enfouis que la psychothérapie est parfois impuissante à contacter. « L’art-thérapie met une distance entre l’investigation en direct sur soi-même et l’inexprimable, pour que, justement, puisse se figurer ce qui ne peut se dire trop crûment », explique Jean-Pierre Klein, psychiatre et directeur de l’Institut national d’expression, de création, d’art et de thérapie (Inecat) et auteur de L’Art-Thérapie (éd. Puf, coll. Que-sais-je).
L’art-thérapie se distingue nettement de l’expression artistique. Cette dernière vise un effet libératoire immédiat des tensions tandis que l’art-thérapie poursuit un objectif de transformation. «L’expression, du verbe exprimer, signifie presser hors de, faire sortir. Or, si je suis soulagé et débarrassé de mes tensions, je ne suis plus lié à la sensation et, par conséquent, je ne peux plus avancer. La transformation devient impossible. L’art-thérapie vise davantage à l’émanation, plutôt qu’à l’expression d’une forme qui figure la profondeur sans intentionnalité trop volontariste », précise Jean-Pierre Klein.
Marionnettes, masqueset maquillage
Toutes les formes d’art se prêtent à l’art-thérapie. Jean-Pierre Klein présente une « classification » :
- Les œuvres qui existent en dehors de l’homme après leur réalisation : arts plastiques, photographie, cinéma, vidéo et écriture.
- Les pratiques n’existant qu’à travers la présence de l’homme, autrement dit : les arts vivants (théâtre, danse), tout ce qui est gestuel et même le conte.
- Les techniques nécessitant la présence humaine en compagnie d’un objet: les marionnettes, les masques, le maquillage (donc le travail du clown).
- Enfin, dans la dernière catégorie, on trouve les « vibrations » de l’être humain : voix et musique.
L’art-thérapie peut s’exercer en groupe auprès d’enfants, adolescents, personnes en difficulté : prisonniers, chômeurs, toxicomanes, délinquants, et handicapés. Elle s’adresse aussi, en individuel, à tout être en souffrance, en dépression, en situation de deuil. Elle a de très bons effets chez les personnes gravement malades et est aussi utilisée chez les traumatisés crâniens. De façon plus générale, elle est indiquée à toute personne qui a du mal à formuler ses difficultés par la parole ou qui, au contraire, est trop dans la parole et la maîtrise d’un discours l’éloignant de ses émotions et de son ressenti corporel.
Comment le travail se déroule-t-il ?
Après une première rencontre pour exprimer sa souffrance et ses attentes et déterminer le choix d’une technique (par exemple : peinture, modelage, dessin, sculpture, dans le cas d’une médiation via les arts plastiques), l’art-thérapeute invite le patient à produire une forme, un mouvement, quelque chose qui l’amène à « se déployer ». Au fil des séances, des formes répétitives apparaissent, à partir desquelles la production d’une œuvre va s’élaborer ; des souvenirs affleurent, des associations d’idées se présentent.
Le patient est artisan de son œuvre, le thérapeute est à l’écoute, l’aidant à dénouer les blocages, lui donnant confiance, le soutenant par son apport technique.
Comment identifier un art-thérapeute ?
C’est quelqu’un qui bénéficie d’une double formation : psychothérapie et arts. Concrètement, un artiste peut être art-thérapeute s’il a été formé pour ; un psychothérapeute s’il exerce une activité artistique.
Source : limpatient.wordpress.com