Psychothérapeute, Françoise Marceau a découvert le « toucher » à travers des pratiques énergétiques. Le « goût de la terre », le « corps à corps » avec la matière a fait évoluer son approche thérapeutique. Aujourd’hui, elle est sculpteur et art-thérapeute. Elle propose un travail en groupe et des séances individuelles. Celles-ci se déroulent en trois phases : un temps de parole pour laisser dire un vécu, un rêve, une pensée ; un temps de production « artistique », suivi à nouveau d’un temps de parole, où la personne le plus souvent s’allonge. Le travail a lieu dans son cabinet, à date et heure fixes, dans le cadre d’une relation transférentielle.
« J’utilise des médiateurs : la peinture, la terre, le découpage, le collage, comme moyen d’expression et lieu d’une parole. Quelque chose de l’inconscient du sujet va se révéler au travers d’une création. Ces « objets » produits sont l’occasion d’une parole du patient. Ils sont un fil conducteur qui va permettre de remonter à des émotions, des vécus, des traces très anciennes. Par exemple, au cours d’une séance, un tel va s’interroger : “pourquoi je fais toujours des formes aplaties ou écrasées” et prendre conscience tout d’un coup du lien avec un événement de sa vie. En tant que thérapeute, je suis témoin de ce qui se passe sur le moment et du processus sur le long terme. Artiste, je peux m’appuyer sur la technique pour intervenir quand cela me paraît nécessaire, ou simplement faciliter le contact avec le matériau. La recherche esthétique et la performance ne sont en aucun cas le but de l’art-thérapie. Nous travaillons sur le lien entre l’émotion esthétique et l’inconscient. De toute façon, quand il y a du vrai, il y a du « beau ».
Les productions restent sur le lieu thérapeutique. S’interroger sur leur devenir fait partie du travail. Il arrive que des pièces soient remises en eau pour qu’elles se diluent et qu’une autre forme puisse advenir. Si la personne a le désir d’emporter son œuvre, on interroge ce qu’elle ne peut laisser là, ce que cela représente pour elle. On oublie en se souvenant, on oublie en produisant. Ce que Fernando Bayro Corrochano, l’un des professeurs de Françoise Marceau, exprime ainsi : “le sujet peut produire du savoir sur son symptôme”. Ce qui compte dans l’art-thérapie, ce n’est pas tant l’objet créé que les effets de la relation entre le thérapeute et le patient. Le travail avec la terre est indiqué en cas de difficulté à contacter ses émotions ou à se mettre en relation avec l’autre.
Les médiateurs terre et peinture offrent des réponses dans des psychopathologies plus lourdes que l’on rencontre souvent en institution. Ces deux pratiques permettent de « faire » avec ses résistances. Elles favorisent la révélation de quelque chose de l’inconscient sous une forme, soit à deux dimensions (peinture), soit à trois dimensions (sculpture). La peinture fait appel au visuel, et aussi un peu, au toucher, au sonore, au rythme, aux odeurs. La terre sollicite le toucher, le tactile et le sensoriel ; elle met en relation avec la sensualité, avec l’image inconsciente du corps – on vit son corps de l’intérieur. Ce qui ne peut se dire, ce qui se tait peut advenir avec la terre. »
Source : limpatient.wordpress.com
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