Certains avaient les mains endolories par des ampoules qui finirent par paralyser littéralement leur tenue d’épée ! D’autres s’étaient tant entrainés, jour et nuit dans la poussière, que leurs yeux rougis par l’irritation, ne leur permettaient plus de voir très bien. Mais le plus pénible, ce pour quoi, ils avaient fait venir Bushido, c’était d’en finir avec un mal de dos, qui pour certains, allait même jusqu’à causer de fortes migraines.
Bushido, réputé par son savoir d’herboriste leur fit mille et une tisanes, bains de boue, méditations… En vain. Rien n’y faisait et Bushido ne cessait de chercher, chercher, le remède.
Un jour, Musashi, le plus vaillant des Samourai, épuisé par l’entrainement et la douleur, tomba à la renverse face à son adversaire. Tous s’attendaient à ce qu’il se relève avec rage, les yeux exorbités de férocité tant l’affront qu’il avait subi criait à la vengeance ! Mais Musashi se releva en esquissant un large sourire, salua et remercia son adversaire et se retira dans ses appartements.
Bushido le suivi et entra dans le vestibule où Musashi s’était retiré. Musashi était assis en lotus, souriant et respirant profondément. Bushido l’observa sans un mot. Il le scruta de tous côtés. Lorsqu’il arriva au niveau du dos de Musashi, il vit douze pierres restées collées par la sueur, sur la chaire du dos de Musashi !
Bushido en retira une et Musashi ouvrit un œil. Musashi demanda immédiatement à Bushido de la remettre car sans elle, il ressentait un mal de tête affreux. Bushido décida de dessiner un symbole à l’encre de chine, à l’endroit même où la pierre était posée, puis la replaça. Il en retira une seconde et Musashi ouvrit un œil. Il lui demanda aussitôt de la replacer où elle était, car sans elle, il ressentait de fortes douleurs à l’abdomen. Bushido dessina un symbole à l’encre de chine, à l’endroit même où la pierre était posée, puis la replaça. Il le fit ainsi pour chacune des douze pierres, en découvrant à chaque fois, les maux qu’elles soulageaient pour Musashi.
Deux lunes, trois soleils s’écoulèrent et Bushido avait reproduit, sur un parchemin, les douze zones du dos qui soulageaient tous les maux. Il se souvint des livres de médecines chinoise anciens de plusieurs milliers d’année en refit une lecture, et y troua de stupéfiantes correspondances : les douze zones, longeant la colonne vertébrale, parcouraient le méridien de la vessie, et chacune de ces zones correspondait à un autre méridien, lui-même attaché à un autre organe. La pression exercée par les pierres sur le dos de Musashi avait littéralement purgé, nettoyé son corps des tensions néfastes. Un bien-être profond s’en était suivi, et son corps entier avait retrouvé énergie et puissance.
Musashi, après les deux lunes écoulées, avait repris l’entrainement avec ardeur et plaisir. Son clan enviait Musashi. Comme lui, ils avaient essayé de se retirer dans leurs appartements, en position de lotus, respirant profondément, mais ils ne connaissaient pas le secret des pierres que Bushido avait étudié et qu’il avait nommé « points d’assentiment ». Ainsi, ils souffraient tout autant et ne pouvaient même plus se risquer à combattre Musashi, qui avait retrouvé toutes ses forces !
A la troisième lune, Bushido s’étaient installé à deux mètres du terrain d’entrainement des Samourai. Un sac rempli de pierre à ses côtés, au frais, dans une cabane japonaise que ses maîtres d’œuvre avaient monté rapidement pour ses consultations.
Il fit entrer un premier Samourai et lui appliqua les douze points de compression qu’il avait repéré sur Mushido conformes aux méridiens de la médecine chinois. Il en fit de même avec les vingt autres Samourai, délaissant peu à peu les pierres pour exercer directement des pressions sur les dos avec ses pouces.
Le plus surprenant pour Bushido, c’est que la douleur disparaissait immédiatement après les points de compression. Il en conclu que le travail de nettoyage était redoutablement efficace, que le lien avec les organes du corps était juste, mais surtout, que ces pressions soulageaient à la vitesse du sang dans les veines ! Ce n’était pas un miracle, ce n’était pas de la sorcellerie, c’était logique, complètement logique.
Il nomma sa nouvelle médecine, le Shiatsu (en japonais : pression des doigts) et se retira de Shizukesa (Quiétude), pour retrouver sa maison, dans la vallée.
A ce jour, les occidentaux ont peine à évaluer le nombre de lunes et de soleils qu’il a fallu attendre pour que la découverte de Bushido traverse les continents et se pratique dans nos contrées. Mais, une chose est sûre, ce n’est pas le plus important.