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Enfants hyperactifs et Hypnose Ericksonienne. Dr Jean-François Marquet

Dans ce remarquable article, Jean-François Marquet, pédopsychiatre et praticien en hypnose, nous démontre que les étiquettes liées à la nosographie et qui collent aux patients sont souvent délétères. Il vous révèle tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’hyperactivité de l’enfant et aussi quelques-uns de ses secrets thérapeutiques.
Un voyage mouvementé...



Au fil des siècles

Enfants hyperactifs et Hypnose Ericksonienne. Dr Jean-François Marquet
Si le diagnostic de « Trouble Déficit de l’Attention et Hyperactivité » (TDA/H) est récent, le concept d’enfants agités ou turbulents existe depuis fort longtemps. Décrite vers 1890 par Bourneville, l’« Instabilité motrice » est alors associée à la débilité légère et débouche plus sur une pédagogie que sur une prise en charge thérapeutique. En 1902, G. Still décrit vingt enfants hyperactifs ; il parle alors de « contrôle moral défectueux » et d’un manque total de considération pour l’autorité et les ordres, malgré une éducation qui entraînerait forcément l’obéissance chez l’enfant sain.
Par la suite, en 1925, l’« Enfant turbulent » de Wallon est considéré selon les modèles neurophysiologiques de l’époque comme souffrant d’un retard de développement psychomoteur.

Retard de développement ou psychopathologie ?
En 1966, Clements aborde le concept de « Minimal Brain Dysfunction » comme un dysfonctionnement du système nerveux central entraînant des troubles comportementaux avec agitation et troubles de la mémoire récente... Dès les années 1950, la classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent évoque « l’hyperkinésie avec troubles de l’attention » mais cette classification n’est quasiment employée qu’en France et il faut attendre 1994 et le DSM4 pour assister à l’explosion du diagnostic « TDA/H » et son uniformisation internationale (pour le meilleur et pour le pire...).
L’Association Américaine de Psychiatrie (APA) publie alors sa quatrième version du manuel Diagnostique et statistique des maladies mentales (DSM 4). On y décrit très précisément le TDA/H avec ses trois composantes plus ou moins intriquées, comme nous le verrons ultérieurement (hyperactivité, impulsivité et troubles de l’attention).

Épidémiologie

Selon les critères du DSM4, maintenant mondialement utilisé pour toutes les études épidémiologiques, sinon toujours reconnu par les psychiatres cliniciens, on assiste à une inflation quasi « épidémique » de TDA/H aux USA et dans les pays occidentaux, mais pas du tout en Afrique. Il y aurait alors 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire souffrant de TDA/H, dont 3 garçons pour 1 fille. Il s’agit d’un motif fréquent de consultation en maternelle et en primaire d’autant plus que 50 % des enfants TDAH souffrent d’échecs scolaires et sont donc repérés comme tels.

Le diagnostic

Pour poser le diagnostic, les signes doivent être apparus avant l’âge de 7 ans et montrer la persistance d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité de
manière multimodale (école, famille, consultation) pendant au moins six mois. Il existe ainsi trois formes différentes de TDA/H selon la répartition des trois
symptômes dominants :
- Type 1 : hyperactif-impulsif dominant ;
- Type 2 : inattentif dominant ;
- Type 3 : mixte.

Selon le DSM4 toujours, voyons quels sont les items à retrouver pour poser le diagnostic de ces trois symptômes majeurs :

Inattention :
- échoue souvent à porter une étroite attention pour des détails ou fait des fautes d’inattention pour les devoirs, au travail ou dans d’autres activités ;
- a souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux ;
- a souvent l’air de ne pas écouter ce qu’on lui dit ;
- a souvent du mal à se conformer aux directives venant d’autrui ;
- n’arrive pas à finir ses devoirs de classe, les corvées ou les tâches à son travail (non dû à un comportement oppositionnel ou à un manque de compréhension) ;
- a souvent des difficultés à organiser son travail et ses activités ;
- souvent évite, n’aime pas ou se retient d’entreprendre des travaux qui nécessitent un effort mental soutenu (devoirs à la maison) ;
- perd souvent des objets nécessaires à son travail ou à ses activités (par exemple : jouets, crayons, livres, outils), est facilement distrait par des stimuli externes, est souvent négligent dans ses activités quotidiennes.

Impulsivité :
- se précipite souvent pour répondre aux questions sans attendre qu’on ait terminé de les poser ;
- a souvent du mal à attendre son tour ;
- interrompt souvent autrui ou impose sa présence (fait irruption dans les jeux ou conversations).
Hyperactivité :
- agite souvent ses mains et ses pieds ou se tortille sur sa chaise ;
- a souvent du mal à rester assis quand on le lui demande (à l’école) ;
- souvent court çà et là ou saute exagérément dans les situations où cela n’est pas approprié (chez les adolescents et les adultes, ce signe peut se limiter à un sentiment subjectif d’agitation) ;
- a souvent du mal à jouer ou à avoir des loisirs en silence, est souvent sur la brèche et agit souvent comme « dirigé par un moteur » ;
- parle souvent trop.

Les parents parlent de lui en utilisant certaines expressions particulières et surtout des verbes d’action (courir, grimper, sauter, trépigner, bouger, déplacer, aller, venir, descendre, monter, remuer, tomber...).

Quels liens avec la PNL ?
Ce dernier point nous conduit à nous poser des questions quant à la similitude avec ce que nous connaissons bien quand nous cherchons les orientations sensorielles (visuel, auditif, kinesthésique, olfactif, gustatif) de la Programmation Neuro-Linguistique (PNL) : existe-t-il une prédominance de l’orientation kinesthésique comme peut le laisser supposer l’utilisation fréquente de prédicats d’action et de mouvement ?
Intéressons-nous alors à ce que font les mouvements oculaires de nos jeunes patients quand nous les interrogeons sur divers sujets qui les intéressent. Nous sommes surpris (et presque déçus) de constater que le regard ne se porte pas plus souvent en bas et à droite (comme en cas d’orientation plutôt kinesthésique), mais qu’il n’y a aucune prédominance particulière de leurs mouvements oculaires. Comme le dit justement Korzybski, nous savons bien que « la carte n’est pas le territoire » et que chacun enregistre sa réalité à sa manière. La carte mentale qu’il construit n’est pas semblable à celle d’un autre. En fait, les enfants TDA/H font beaucoup de mouvements, mais agissent comme s’ils n’enregistraient pas ces expériences, comme s’ils ne savaient pas se « construire » dans ce mouvement.
Notre travail avec l’hypnose peut consister à les aider à construire leur carte mentale de manière plus stable et « lisible » pour eux comme pour leurs proches.
Mais avant de commencer ce travail hypnotique, nous devons faire la part entre ceux qui sont réellement hyperactifs et tous ces faux hyperactifs qui gonflent les statistiques sur les TDA/H, créent le désarroi de leurs proches, remplissent les salles d’attente des pédopsychiatres et se retrouvent encore trop rapidement traités avec ces « molécules du calme et de l’attention » (Ritaline®, Concerta®).

Les « faux » TDA/H

Devant cette énorme inflation du nombre d’enfants diagnostiqués TDA/H depuis une dizaine d’années dans les pays occidentaux (hasard ou non, cela correspond aussi à la commercialisation de nouvelles molécules censées aider les enfants hyperactifs en augmentant leur vigilance), nous sommes obligés de nous demander ce qui peut socialement expliquer cette flambée des nouveaux diagnostics.
Dans notre propre pratique de consultation, nous sommes effrayés de voir que la grande majorité des enfants diagnostiqués TDA/H, et parfois traités par Ritaline®, présentent effectivement des symptômes et un syndrome TDA/H au sens du DSMIV, mais ont, en fait, fréquemment des problèmes tout autres…

Défaillances éducatives
De plus en plus de parents sont dans une position très ambivalente avec leur enfant. Ils veulent à la fois être considérés comme des « copains cool » ou des « grands frères » complices et « hyper tolérants » (évitant ainsi de se positionner dans un rapport d’autorité éducative et se défaussant de cela sur
l’école), et de l’autre côté, ils vont développer des crises violentes et soudaines vis à-vis de leur enfant quand ils se sentent débordés et dépassés. Dans ce cas, après avoir trop longtemps toléré un comportement inadéquat, puis menacé à de multiples reprises et de manière souvent peu crédible d’une sanction inapplicable, ils sévissent brutalement, de manière imprévisible et totalement disproportionnée avec la faute commise.
L’enfant ne peut donc pas se « calibrer » sur l’attitude de l’adulte qui émet des signaux incohérents et imprévisibles pour lui.
Dans ce genre de situation, un travail simple de guidance parentale avec surtout des conseils de bons sens permet très souvent de ramener chacun dans une position plus facile à gérer. L’essentiel étant d’aider les parents à calibrer leur comportement et à le rendre prévisible et univoque pour l’enfant.

Dr Jean-François Marquet

Pédopsychiatre et Thérapeute familial. Past-Président Fondateur de l’Institut Milton H. Erickson de Rennes-Bretagne. Président de la Société Française de Recherche en Hypnose Pédiatrique.

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Rédigé le 09/05/2016 à 15:43 modifié le 25/05/2016

Philippe Philippe
Vice-Président de France EMDR-IMO ®, Hypnothérapeute à Paris, Chargé d'Enseignement en Hypnose... En savoir plus sur cet auteur

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Commentaires articles

1.Posté par Lilith le 11/07/2017 16:23
Bonjour, article très intéressant qui m'amène à me poser cette question :
Est-ce que la relation entre un parent pervers narcissique et son enfant peut entraîner la carence éducative citée dans votre article (faux TDAH) ? L'hypnothérapie serait-elle tout de même indiquée dans ce cas là ?

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