Hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, un dossier qui avance ?

Dans le début des années 1990, je suis devenu membre d’une association appelée Groupe Recherche Spasmophilie (GRS) présidée par madame Geneviève Goreux Marois. L’association GRS, créée en 1984, réunissait plusieurs fois par an des médecins, des scientifiques et divers thérapeutes afin de réfléchir sur la spasmophilie, concept et affection ignorés ou refusés par certains, défendus avec force par d’autres. Madame Goreux Marois animait par ailleurs aussi une association de patients, Spasmophilie et Sérénité. Les adhérents étaient sondés à l’aide de questionnaires sur leurs symptômes pour mieux les connaître.

Comme un certain nombre de personnes dites spasmophiles se plaignaient spontanément de sensibilité aux appareils électroménagers, un des nombreux questionnaires auquel on leur proposait de répondre contenait la question suivante : « Êtes-vous sensible aux vibrations de la télévision, des ordinateurs, des appareils ménagers ? ». À l’époque, les téléphones portables n’existaient pas !Ces questionnaires ont été remplis par 3000 patients de 1987 à 1997. Ils ont permis l’élaboration d’un questionnaire de diagnostic du terrain spasmophile ou terrain hypersensible avec seulement 13 items. Ce questionnaire s’est substitué à l’électromyogramme longtemps pratiqué par pour le diagnostic de spasmophilie.

À partir des années 2000, j’ai eu de plus en plus de patients en consultation se plaignant d’effets négatifs des ondes électromagnétiques émises par les antennes relais sur leur santé. En 2003, alors que je présidais l’association GRS, nous avons crée le diplôme universitaire de pathologies neurofonctionnelles. "Nous" signifie le professeur Jean-Robert Rapin et une dizaine de membres de l’association. Je suis le responsable pédagogique et le principal organisateur
de ce diplôme qui se déroule presque tous les ans à la faculté de médecine pharmacie de Dijon dans le cadre de la formation continue.

Le terme de "pathologies neurofonctionnelles" a été créé par l’équipe créatrice du DU pour réunir les différentes pathologies de l’hypersensibilité : fibromyalgie, syndrome de fatigue chronique, hypersensibilité chimique multiple, hypersensibilité aux ondes électromagnétiques.

Cette notion de pathologies multiples ayant en commun l’hypersensibilité a été développée par ailleurs sans concertation par le professeur Yunus dans un article de 2008 (Yunus MB. Central sensitivity syndromes: A new paradigm and group nosology for fibromyalgia and overlapping conditions, and the related issue of disease versus illness. Seminars in Arthritis & Rheumatism. 2008;37(6):339–352).

En, 2006 l’association GRS est devenue l’association de recherche sur les pathologies neurofonctionnelles et la spasmophilie ou ARTS.

Vers 1994, le docteur Rosa et moi-même avons mis en évidence un tableau clinique que nous avons compris comme une souffrance de l’intestin grêle. Ce tableau associe une dermalgie antérieure paraombilicale bilatérale, une douleur à la pression de l’extrémité de la 9ème côte ou dans la partie antérieure du 9ème espace intercostal et une douleur à la palpation de l’insertion fémorale du psoas.

La dermalgie avait été identifiée comme étant en lien avec l’intestin grêle par le docteur Jarricot dans sa thèse de doctorat en médecine (Jarricot H. Sur certains états douloureux, Visceralgies, dermalgies-reflexes, cellulies et quelques phénomènes reflexes d’origine dermique, essai clinique et therapeutique [travail de la clinique médicale du professeur J Paviot]. These de medecine de Lyon 1932-33 N°27). L’innervation sensitive de l’intestin grêle emprunte l’espace entre la 9ème et la 10ème vertèbre dorsale, tout comme l’innervation des muscles intercostaux correspondants et celle du 9ème dermatome thoracique. Ceci pourrait expliquer la sensibilité des muscles intercostaux correspondants. Lepsoas souffre et se contracte lorsque des organes qui lui sont proches sont en souffrance ; on retrouve le signe du psoïtisme dans l’appendicite. Ces signes cliniques sont souvent associés à un cortège de symptômes : céphalées, douleurs rachidiennes, asthénie, ballonnement et troubles du transit intestinal.