« Le poids de votre corps, c'est dans la tête ! nous confie le Docteur Maurice Larocque, médecin canadien. Vous pouvez peser 60 kilos et en faire en réalité 120 dans votre esprit ». Très vite, il s’intéresse aux origines psychologiques et comportementales du surpoids ! Pour traiter le surpoids, il faut en premier lieu analyser « ce qui se passe dans la tête des gens, comprendre leurs émotions, leur souffrance et leur motivation à perdre du poids » et surtout en « connaître les causes profondes ».
Conditions qui permettront de perdre du poids de façon durable et efficace…
Alain Giraud : Dr Maurice Larocque, faisons d’abord connaissance.
Dr Maurice Larocque : Je suis québécois originaire de la région de Montréal. Je pratique la médecine et surtout l’approche au niveau de la personne en problème de surpoids et d’obésité et cela depuis près de 40 ans. En 1970, quand j’ai prêté le serment d’Hippocrate pour devenir médecin, je désirais ardemment aider les gens. Avec beaucoup d’enthousiasme, j’ai entrepris ma pratique médicale dans une clinique qui comptait près d’une dizaine d’omnipraticiens. C’était l’aboutissement d’un cheminement personnel. Il n’y avait pas de médecin dans ma famille immédiate. Mon père était un homme d’affaires qui avait travaillé fort toute sa vie. Je suis l’aîné d’un frère et de quatre sœurs. Durant mes études, vers l’âge de 18 ans, je fus d’abord attiré par la psychologie et décidai de devenir psychiatre. En cours de route, je compris que la psychiatrie, qui s’intéresse aux maladies mentales, ne pouvait pas me donner ce que je recherchais. Je voulais davantage comprendre le comportement des gens fonctionnels dits normaux afin de les aider dans leurs malaises intérieurs.
A.G. : Une obsession vous pourchassait : comprendre ce qui se passe dans la tête de vos patients victime d’un surpoids. C’est ainsi que vous êtes devenu un spécialiste de l’obésité en mettant au point un outil réellement révolutionnaire. Vous donnez des formations de par le monde…
Dr M.L. : Je fais beaucoup de formations au Québec, un peu en Irlande et beaucoup en France et ce, depuis 10 ans. Je viens en France quatre fois par an, deux semaines chaque fois. Depuis ces échanges, j’ai rencontré près de mille médecins qui, pour certains, ont pratiqué des journées complètes de formation, disponibles parfois les week-ends. Cinq à six cents médecins français utilisent la méthode d’approche psycho-comportementale sur la globalité de la personne que j’ai mis en place. Expérience très enrichissante pour moi que ces rencontres aussi bien sur le plan humain que sur le plan culturel. Etant québécois, la culture française et la culture québécoise sont proches avec toute fois quelques petites différences. D’ailleurs un jour, on m’a posé la question : « Est-ce que les médecins français sont différents de ceux du Québec ? » vous voyez les échanges peuvent être riches…
A.G. : Et ces médecins sont-ils vraiment différents d’un continent à l’autre?
Dr M.L. : Je vous dirais que non. Grâce au laboratoire Insudiet, nous avons la chance d’accueillir au Canada tous les ans, quinze médecins français. Depuis 10 ans, ils viennent consulter dans nos cabinets des patients québécois devant des con-frères canadiens. Et ces médecins me disent : « Vos patients québécois sont différents de nos patients français ». Ah oui, et pourquoi ? Quand je viens en France, je leur demande aussi de consulter certains de leurs patients français et je n’ai rien vu de vraiment différent. D’abord, c’est la même souffrance, il ne faut pas perdre de vue que derrière un problème de poids, il y a une souffrance énorme. La différence que j’ai peut-être constatée, c’est que les patients français sont moins habitués à ce qu’on les écoute. Un médecin me disait « Est-ce que je dois leur demander s’ils ont été abusé sexuellement ? » si c’est à propos, oui pourquoi pas. Même si pendant la conversation, il y a un blocage quelconque, ça se demande très bien. « Mais qu’est-ce que je vais faire de la réponse ? » (rires)… Mais rien…, le seul fait d’être en face, juste à écouter, laisser le patient prendre conscience, l’accompagner à mettre des mots à la place des maux. Très souvent, il y a libération lorsque la personne en souffrance se sent accueillie. La solution ne vient pas du médecin, c’est là le défi ! Soit le médecin était trop en sympathie (il n’ose pas poser la question encore que…) soit le médecin discutait beaucoup en empathie. Finalement, les patients sont les mê-mes partout et c’est la même souffrance humaine.
A.G. : Vous avez mis au point une méthode que l’on appelle le Poids mental. De nombreux médecins l’utilisent régulièrement. Pouvez- vous nous expliquer le principe même de cet outil ?
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