Écoutez la Dre Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, en discuter au micro de Geneviève Pettersen.
Je dis une thérapie, une forme de thérapie, mais je ne pense pas qu'on peut tout à fait dire ça là parce que c'est de la pseudo-science bien évidemment, mais ce qu'on comprend, c'est que c'est une façon de faire qui est quand même assez populaire. Beaucoup d'adeptes, beaucoup de gens qui offrent aussi ce type de thérapie entre guillemets, je le répète, là on est avec le Docteur Christine GROU qui est présidente de l'ordre des psychologues du Québec.
- Madame Grou, bonjour, ça vous étonne qu'il y a autant de gens qui se tournent vers ce qu'on appelle l'hypnose spirituelle ?
- Oui, ça me préoccupe parce que effectivement, quand on a eu des signalements reçus on a compris que c'était une pratique émergente, ça a retenu notre attention, puis on a déjà investigué.
Qu'est-ce qui se passait vraiment dans ces séances de d'hypnose spirituelle ou hypnose spirituelle de régression ?
- Je pense puis corrigez moi si je me trompe, il y a des psychologues qui pratiquent l'hypnose je crois ?
- Mais là il faut faire une distinction. L’hypnose, c'est une technique qui est reconnue et qui peut être utilisée soit dans le contexte de la pratique de la psychothérapie, soit en dehors de la psychothérapie.
Puis quand c'est utilisé dans le contexte de la psychothérapie, il y a des psychologues, il y a des professionnels de la santé qui utilisent l’hypnose pour toutes sortes de raisons.
La démonstration d'efficacité a été faite mais il ne faut pas confondre l’hypnose avec l'hypnose spirituelle ou l'hypnose spirituelle de régression, qui est une autre forme de pratique l'hypnose qui ressemble à certains égards à une certaine forme d'hypnose, mais qui n'est pas fondée sur des principes scientifiques et professionnels généralement reconnus.
Donc, nous on considère que c’est dérogatoire à l'exercice de la profession. Un psychologue qui pratiquerait les clauses spirituelles serait en faute déontologique. Alors il ne faut pas confondre l'hypnose avec l'hypnose spirituelle qui elle n'a pas de fondement scientifique à ce jour, et puis je précise au passage quand même, que pour les gens qui s'intéressent à l'hypnothérapie il y a de vrais hypnothérapeutes, avec une formation reconnue par la science.
- Mais ceci dit, pour les gens qui se tournent vers ce type de pratique là, est-ce qu'il y a des risques à aller à une séance d'hypnose spirituelle parce que ce qu'on peut lire dans le journal de Montréal. Francis Pilon le journaliste s'est prêté à l'exercice. Il parlait avec une femme qu'il faisait supposément régresser dans ses vies antérieures puis là on lui disait « mais si t'as de l'anxiété c'est parce que t'es une, t'as été une jeune femme qui travaillait dans une usine et qui est décédée de la tuberculose » Je veux dire que si j'entends, ça je me sauve en courant, mais ce n'est pas tout le monde.
- Ben écoutez est-ce qu'il y a des risques ?
La réponse c'est oui, il y a plusieurs risques. Premièrement il faut savoir, est-ce que l’hypnose spirituelle est considérée comme étant une pratique de la psychothérapie ou non ?
Nous on a conclu que dans la majorité des cas c’est oui !
Et donc, c'est pratiqué illégalement, c'est-à-dire que quelqu'un qui pratique la psychothérapie et qui n'a pas le titre de psychothérapeute qui est un titre réservé, pratique illégalement.
- Maintenant comment ça fonctionne ?
-‘L’élément central de l'hypnose spirituel, est thérapeutique. On veut libérer les gens d'un blocage, d'une blessure. Donc ce qui est central c'est un travail d'analyse, un travail d'interprétation, d'une expérience vécue qui les empêche d'avancer, et quand on fait ça et bien, on travaille sur ce qui organise, sur ce qui régule la personne et ça correspond relativement à la pratique de la psychothérapie.
Alors ce sont tous les risques d'une mauvaise psychothérapie, qui si tentéqu'on est de penser que ça pourrait être exercé en dehors du cap du côté thérapeutique.
Ce n’est pas fondé sur la science et la personne qui accompagne n'est pas nécessairement professionnel qualifié au sens du système professionnel du terme.
ça veut dire que les gens n'ont pas de moyens si vous voulez de s'assurer de la qualité de la formation. Ils ont pas de levier d'inspection professionnelle. Ils peuvent pas porter plainte contre personne non plus.
Si ils s'en sortent avec des blessures psychologiques ce qui peut se passer dans ces séances là.
Alors il faut comprendre que ce n'est pas une pratique qui est reconnue scientifiquement ça n'a pas fait l'objet de la démonstration scientifique, c'est pour ça que pour un psychologue, ça serait dérogatoire. Pas scientifiquement reconnu, ce qui n'est pas le cas de l'hypnose.
Mais une personne une personne qui est en détresse puis qui se tourne vers ça, ça peut être un risque potentiel même pour sa santé mentale et sa sécurité peut-être définitivement. Parce que une personne qui est en détresse psychologique, qui va consulter, on peut aggraver la blessure. Il ne faut pas se le cacher, il y a toujours un risque d'aggraver la blessure. il y a toujours un risque à part de ça, il y a un risque de faire émerger des faux souvenirs, parce qu'on n'est pas certain que les souvenirs sont vrais, puis quand on fait émerger des souvenirs, il faut être capable de les gérer ces souvenirs là.
Parce que ce sont des souvenirs qui sont douloureux, qui vont générer des émotions, engendrer des pensées des cognitions, il faut être capable de gérer. Alors si on n'est pas formé adéquatement pour gérer ça, on risque d'aggraver la blessure.
Puis l'autre chose qui est potentielle comme risque, c'est que la personne risque de se sentir très coupable d'avoir consulté quelqu’un qui n'est pas qualifié, puis risque d'avoir honte, d'aller consulter ou de perdre confiance si vous voulez en d'autres professionnels qui pourraient réellement l'aider.
Pour écouter l'intégralité du poadcast de Geneviève Pettersen notamment sur les faux souvenirs. sur https://www.985fm.ca/audio/655045/on-considere-que-c-est-derogatoire-a-l-exercice-de-la-profession ou en l'écoutant ici.
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