L’idée de la dépression la plus communément admise tend à la résumer à un extrême abattement doublé d’un “hyper-pessimisme”. Or les exemples rapportés ici viennent dresser un portrait beaucoup plus complexe de cette maladie dont les signes précurseurs, loin de se limiter à un dégoût de la vie varient selon les personnalités. De la déprime à la dépression, on dénombre autant de chemins que de stratégies de vie…
Mère de deux enfants, Emmanuelle a 35 ans et vient de divorcer. L’activité professionnelle qu’elle exerce dans la communication, plus précisément l’évènementiel, s’accorde parfaitement à son goût du contact et à son intérêt pour les arts et les spectacles. Elle s’investit dans ce métier qu’elle aime, soigne son apparence mais elle se plaint d’une difficulté croissante à se remettre des périodes de travail intense précédant les opérations qu’elle organise. Son sommeil se fait moins réparateur et, au fil des mois, la fatigue matinale augmente pour ne s’atténuer que progressivement en fin d’après-midi. Après une mauvaise nuit, Emmanuelle souffre de torticolis et a la sensation de perdre l’équilibre. Elle décide alors de consulter, prend des médicaments qu’elle ne supporte pas, essaie l’ostéopathie, l’acupuncture… en vain. Ses symptômes persistent auxquels s’ajoute une cervicalgie chronique qui la réveille entre 4 et 5 heures tous les matins. Plus le temps passe, plus elle devient irritable. Elle se sent tendue. La sonnerie du téléphone suffit à la faire sursauter. À aucun moment elle n’évoque une baisse de moral…
Autre personnalité, autres symptômes. Jean-Claude, brillant avocat d’affaires et gros travailleur ne laisse jamais rien au hasard. Pour ses associés, c’est un homme de toute confiance qui respecte ses engagements. Pourtant malgré cette reconnaissance, il doute de ses capacités et hésite de plus en plus dans ses décisions. Il devient autoritaire, montre des difficultés à entendre le point de vue de ses collègues, se fait de plus en plus pointilleux voire mesquin. Son travail l’intéresse bien plus que sa vie privée, y compris sexuelle (ce d’autant plus qu’il est asthénique). Quand il se présente à moi pour des troubles digestifs, il parle “d’épigastralgie” et me décrit ses douleurs et ses selles avec une précision étonnante. Avec le temps, il est de plus en plus fatigué le matin, éprouve de plus en plus de difficultés à se concentrer ; ce qui n’est pas sans incidence sur sa vie professionnelle…
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