L’importance de cette quête du bien-être dans le processus de guérison est l’un des grands enjeux à venir de la médecine, et plus que jamais chez les patients atteints d’un cancer. « L’important est d’avoir une démarche globale », insiste le Dr Mouysset. Cette médecine dite « intégrative », beaucoup développée aux Etats-Unis, est encore balbutiante dans l’Hexagone, malgré la brèche ouverte par quelques spécialistes et dont David Servan-Schreiber s’est fait le héraut.
Les Français, du reste, s’y mettent en catimini : 46 % des patients suivis n’ont jamais parlé de ces traitements parallèles à leur médecin. « Ils craignent de ne pas être pris au sérieux », rapporte le Dr Rodriguès. Un silence qui peut s’avérer dangereux, car si ces médecines peuvent apporter de réels bénéfices, « tout traitement peut avoir des interactions, notamment la phytothérapie », insiste le Dr Mouysset (lire encadré). D’où la nécessité d’une bonne collaboration entre les oncologues et les autres médecines.
L’acupuncture, contre les effets secondaires de la chimio
De nombreux essais cliniques ont démontré son efficacité en support au cancer. Il y a un an, la clinique St-Jean-de-Dieu à Paris a intégré dans son équipe d’oncologie le Dr Philippe Jeannin, médecin acupuncteur. La route a été longue jusqu’à la reconnaissance pour ce spécialiste qui, depuis 1986, fait bénéficier les patients cancéreux des bienfaits de cette médecine millénaire. « C’est la chimiothérapie qui va guérir ces patients. Mais l’acupuncture va en neutraliser la plupart des effets secondaires. Elle va permettre aux patients de tenir debout, de continuer à vivre le plus normalement possible », explique-t-il. Nausées, vomissements, diarrhées, aphtes, fatigue : tous ces effets secondaires de la chimiothérapie peuvent être, dans la plupart des cas, neutralisés par l’acupuncture. Pas d’action miracle en revanche contre la chute des cheveux, « mais à partir de la 8e ou 10e séance d’acupuncture, on peut induire leur repousse alors même que la chimiothérapie n’est pas finie. Ce qui est très important psychologiquement ». Autre action des aiguilles : normaliser le bilan hépatique, et éviter que les globules blancs et plaquettes ne s’effondrent.